Les paroles de Backspacer (Pearl Jam)

En presque vingt ans de carrière, il semble évident de dire que les paroles de Pearl Jam sont généralement lourdes de sens. Pour ne reprendre qu’un exemple par album, Pearl Jam (principalement son chanteur Eddie Vedder) a évoqué l’inceste (Alive), les armes aux USA (Glorified G), une réflexion sur la mort (Immortality), sur la célébrité et son refus (In My Tree), la théorie de l’évolution (Do The Evolution), la tuerie de l’école de Columbine (Rival), l’avidité de notre société (Green Disease) ou encore les réservistes de l’armée US (Army Reserve). Bien sûr, certains de leurs morceaux sont différents, mais PJ n’est pas connu pour sa légèreté, et cela ne s’est pas arrangé avec le temps : Riot Act était le premier album majeur parlant avec un certain recul du 11-Septembre alors que les morceaux de Pearl Jam avaient souvent un titre qui parlait de lui-même, comme Worldwide Suicide, Life Wasted, Comatose, Severed Hand. Leur nouvel opus, Backspacer, est leur album le plus court et, dit-on, le plus optimiste. Eddie Vedder, qui a écrit l’entièreté des paroles, s’est concentré sur quelques thèmes qui lui sont chers, et qui apparaissent souvent de manière récurrente ici, ce qui n’empêche pas quelques surprises.

Vedder a commencé par raconter des histoires assez glauques, parsemées de malheurs et tristesses en tout genre. On retiendra évidemment la trilogie Mamasan, racontant l’histoire d’un garçon se faisant abuser sexuellement par sa mère (Alive), avant de devenir un tueur (Once) et d’attendre la fin dans le couloir de la mort (Footsteps). Jeremy tente de décrire ce qui est passé par la tête d’un gosse qui s’est suicidé en classe alors que Black est une chanson d’amour contrarié de plus, mais quelle chanson. Au fur et à mesure, Vedder élargira ses horizons, en étant notamment plus personnel (Animal, Rearviewmirror, Blood) ou justement plus général (Indifference, Leash). Il se lancera aussi dans l’engagement politique (Dissident, W.M.A) et attirera l’attention de critiques féministes par son étonnante capacité à se mettre dans la peau du sexe opposé (Daughter, Betterman). Enfin, on ne peut pas parler des textes de Vedder sans évoquer la mer. Surfeur avide, Vedder parsème ses textes de références aux vagues, notamment comme source de changement (Oceans) ou comme motivation (Release).

Le succès immense que connaîtra Pearl Jam va aussi lui inspirer quelques réflexions, la majorité se trouvant sur ce qui est sans doute leur album le plus radical, Vitalogy. On a souvent tendance à tracer une ligne entre cet album et le suivant, No Code. Même s’il n’y a pas vraiment de cassure, No Code marque le moment où Pearl Jam a pris conscience du concept de liberté artistique, et a pu sortir des albums sans trop s’inquiéter de leurs chiffres de vente (le but de cet article n’est pas de se demander si cela a changé ou pas). De même, les textes sont peut-être aussi moins marquants, Vedder ne ressentant peut-être plus le besoin de marquer les esprits. C’est aussi à partir de No Code qu’il laissa ses bandmates écrire quelques textes, parfois avec brio (Rival, Gods Dice, Nothing As It Seems, Inside Job).

Comme évoqué plus tôt, Riot Act et Pearl Jam sont sombres, tout comme les textes de Vedder. Paradoxalement (ou pas?) c’est aussi dans ces deux albums qu’il osa parler d’amour, comme s’il se sentait libéré de certaines contraintes. Etre lui-même amoureux a sans doute aussi aidé. Et comme les premiers pas d’un amoureux, Vedder a parfois pêché par maladresse. Un sujet si grave que la mort de neuf fans pendant un concert (Roskilde 2000) méritait un autre titre que Love Boat Captain, et des métaphores un peu plus légères (un bateau n’a pas de rênes). L’important était toutefois là : l’amour comme force qui guide l’être humain dans la tempête. Ce thème allait devenir récurrent chez Vedder, et empreindre virtuellement chaque morceau de Backspacer. Un autre thème récurrent, lié à l’amour, est celui du carpe diem. Le premier single de Riot Act, I Am Mine, l’explicite très bien : « I know I am born, and I know that I’ll die / The in between is mine ».

Pearl Jam, dit « Avocado », est aussi assez chargé en thèmes sombres, comme déjà évoqué plus haut. Hélas, ces idées sont parfois évoquées de manière peu subtile, comme sur l’assez lourdaud Come Back. Mais les rayons de soleil viennent surtout de Parachutes (« What a difference had I not found this love with you », de Big Wave (au texte aussi explicite que le titre) ou de Inside Job, dont le texte motivant est écrit par le guitariste Mike McCready, une première pour le groupe.

Ce qui nous amène à Backspacer. Effectivement concis, l’album est une photographie précise de l’état d’esprit actuel du groupe, et donc, bien sûr, de son parolier. Gonna See My Friends introduit le thème principal des textes de Backspacer : la mort. Ou plutôt la conscience de la mortalité. C’est véritablement une obsession : Gonna See My Friends est ponctué de images s’y référant. « I wanna shake this pain before I retire », « won’t be long before we all walk off the wire » et surtout « wanna leave it all, wanna give it up, wanna see it, gone once and for all. » Faire une interprétation définitive d’une oeuvre artistique est aussi dangereux qu’inutile, mais il n’est pas impossible que le morceau parle de suicide. Mais l’autre face de la même pièce indiquerait plutôt l’envie de faire le plus possible, de saisir sa vie au maximum avant qu’elle se termine. Carpe diem, donc.

Les deux morceaux suivants partagent une caractéristique déjà vue auparavant : on pense rapidement qu’elles parlent de drogue, mais ce n’est pas (directement) le cas. Voyez-vous, au début de Vitalogy, on a Spin The Black Circle, un des morceaux les plus hard du groupe, qui leur a d’ailleurs valu un Grammy pour meilleure performance hard rock. Spin The Black Circle, comme son nom l’indique, est une ode au vinyl, mais écrite à l’aide de métaphores qu’on pourrait retrouver dans un morceau parlant d’héroïne. « See this needle, see my hand… drop, drop dropping it down » ou encore « You’re so warm, the ritual, when I lay down your crooked arm ». Franchement évident, mais quelques mois après le suicide de Kurt Cobain, on cherchait des indices un peu partout.

Got Some et The Fixer rentrent dans cette catégorie, et on le sait rien qu’en lisant les titres. Gonna See My Friends pourrait peut-être s’y retrouver aussi, d’ailleurs. Mais Got Some est clairement une métaphore « drogue », même si ce que le héros du texte veut offrir est tout autre : il semble offrir l’espoir et l’encouragement. Cependant, le texte est plutôt écrit de manière rythmique, ce qui permet à Vedder d’exceller dans la diction d’un morceau rapide et enlevé, un des meilleurs de l’album. The Fixer pourrait aussi être celui qui apporte la seringue, mais non, c’est celui qui règle les problèmes. Le texte est écrit sous une structure figée, et sans refrain. Le fixer en question pourrait être Vedder lui-même, ou une personnalité hors du commun qui a le pouvoir d’améliorer la vie des gens. Bien sûr, ce pourrait être aussi l’omniprésent Barack Obama. Ici non plus, la mort n’est pas loin : les trois derniers vers sont « I’ll dig your grave, we’ll dance and sing, what say, could be our last lifetime ». J’ai parlé de carpe diem auparavant?

Heureusement, Pearl Jam (et le producteur Brendan O’Brien) ont la bonne idée de varier les plaisirs. Johnny Guitar en est un, de plaisir. Vedder raconte l’histoire, avec un phrasé assez original, d’un amoureux transi qui n’arrivera jamais a conquérir sa belle, car elle est elle-même énamourée du beau Johnny Guitar. Vedder n’a jamais été aussi coquin, lorsqu’il parle d’une chaleur qu’il (le héros) aimerait apercevoir en dessous d’une robe rouge… Interlude de taille dans un album nettement plus chargé que prévu, Johnny Guitar cède sa place au premier des deux morceaux (presque) solo Vedder, Just Breathe.

Clairement inspiré de son travail pour le film Into The Wild, Just Breathe est, selon lui sans aucune honte, sa première vraie chanson d’amour. Ses sentiments sont là (« I’m a lucky man, to count on both hands, the ones I love ») mais sont parfois retranscrits de manière décevante (« some folks just have one, others they got none »). Cependant, il est difficile de nier la puissance romantique du morceau, avec un refrain autoflagellant mais rédempteur. La grande faucheuse plane aussi sur Just Breathe, au début (« Yes I understand that every life must end ») et à la fin (« Hold me till I die, see you on the other side »). Pas la peine d’enfoncer le clou, si vous êtes toujours en train de lire, vous avez compris.

Mais quand on y pense, Backspacer n’a pas encore parlé de vagues. Amongst The Waves est là pour le rappeler, même si le morceau ne parle pas ouvertement de surf, comme on aurait pu le croire. Vedder ne s’est pas vraiment surpassé sur le début du texte (« reservoir », « undertow », déjà vu), mais réussit forcément à caler une référence « qui tue » (« I can feel like I put away my early grave », carpe machin) tout en mentionnant la théorie de l’évolution. L’amour sauve encore (« if not for love, I would be drowning ») mais c’est surtout l’hommage aux grandes gueules qui est touchant : « Gotta say it now, better loud, than too late ». Sans doute un des meilleurs jeux de mots écrits par EV. Unthought Known est plus abstrait, mais tourne aussi autour de l’idée de l’amour comme force positive.

Comme Johnny Guitar auparavant, Supersonic est placé pour un peu détendre l’atmosphère. Rapide et simple, le morceau est très positif et continue le thème du carpe diem : « I wanna live my life with the volume full ». Mais ce n’est évidemment pas là-dessus qu’on doit s’attendre à quelques fulgurances de Vedder. Le trio de clôture est intéressant à plus d’un titre. Speed of Sound est une réflexion sur le passé (le titre Backspacer en est d’ailleurs une référence directe) mais cette fois, empreinte de négativité : « waiting on a sun that just don’t come », « can I forgive what I can’t forget and live a lie », « waiting on a word that just don’t come ». Totalement à l’opposé du positivisme du reste de l’album, Speed of Sound surprend, mais devient nettement plus logique à l’écoute du dernier morceau ; nous y reviendrons. Force of Nature est fidèle a son titre, et voit Vedder aligner une série d’images et de métaphores sur, évidemment, le thème de l’eau. Plus précisément, il compare la femme à un bateau (en anglais, on parle d’un bateau au féminin, « one man stands alone, waiting for her to come home »), attendu patiemment par l’homme (qui lui, est un phare). Il est possible que les images de vents puissants (« gale force shaking windows in the storm ») soient liés à des troubles dans une relation. « Somewhere there’s a siren singing a song only he hears, » la question est de savoir qui est cette sirène… Mais l’homme semble têtu, et toujours amoureux : « Is it so wrong to think that love can keep us safe ». Ambigu, et très intéressant dans le contexte de Speed of Sound, et surtout du morceau de clôture, The End.

The End est un morceau à part dans la discographie du groupe, car Vedder semble être le seul membre du groupe à jouer dessus. Pourtant, ce n’est pas son Yesterday, bien que là aussi, on parle d’une histoire d’amour (peut-être la suite de Speed of Sound, voire de Force of Nature) qui finit mal. Comme toujours, il est dangereux de vouloir disséquer un texte à outrance, et celui-ci est assez explicite, je ne m’y attarderai donc pas en détail. Mais c’est peut-être le morceau le plus triste du catalogue du groupe, et il détruit totalement les thèmes d’amour, d’espoir et de vie qui dominaient jusque là Backspacer. On regrettera que Vedder utilise la même image que sur Just Breathe (« I’m just a human being »), mais la fin, poignante, se suffit à elle-même : « My dear, the end is near, I’m here, but not much longer ». Et le morceau se termine sur cette dernière syllabe, terriblement accompagnée d’une profonde inspiration. Mort, suicide, départ, je vous laisse juge.

Backspacer est un album obsédé par la mort, et donc par la vie, et la conscience de sa propre mortalité. On pourrait facilement faire de la psychologie du dimanche et, par exemple, dire que Vedder écrit de manière plus réflexive depuis qu’il est (double) père de famille, mais je ne prétends pas suffisamment connaître sa personnalité pour le faire. Il semble clair, après quelques écoutes attentives, que ce n’est pas du tout l’album stupidement optimiste qu’on aurait pu penser, même si le début de l’album abonde dans ce sens. Mais les trois derniers morceaux montrent que Vedder ne peut pas vraiment s’empêcher de broyer du noir, et finalement, tant mieux : c’est lui qui écrit, et il écrit ce qu’il veut. On pourra (et on l’a fait) disserter sans fin sur la qualité de l’album « complet », avec les musiques, mais les textes sont, comme toujours chez Pearl Jam/Vedder, suffisamment riches pour mériter qu’on en parle longuement.

The Beatles – Past Masters Vol. 1 (1988)

Histoire de terminer ce qu’on a souvent tendant à appeler la première moitié de la carrière des Beatles, j’ai choisi de couper en deux le double Past Masters, qui était d’ailleurs disponible pré-remaster en deux volumes. Le concept Past Masters est simple : ce sont tous les morceaux des Beatles sortis en face B de single, ou en EP, mais pas en album. Ils ont été compilés pour la sortie cd de 1988, et sont donc évidemment remastérisés ici. Comme toute compilation de face B, on retrouve du dispensable, mais comme, à l’époque, les singles (45 tours) se retrouvaient rarement sur album, on a des très gros morceaux de choix.

Love Me Do commence la compilation, une version différente avec Ringo Starr derrière les fûts, et une basse plus puissante. Cette version est nettement plus dynamique que celle du premier album, dès leur premier single, les Beatles ont réussi à faire ce que personne n’avait fait avant eux. From Me To You, sympathique, leur offre leur tout premier numéro 1, mais montre clairement les limites du remaster stéréo : les voix ne sont audibles que du côté droit, ce qui donne une impression vraiment dérangeante. Comme c’est généralement le cas pour les premiers albums (au moins les quatre premiers), on préférera les monos, tout en regrettant qu’ils ne soient disponibles que dans un boxset très limité et assez cher.

Les deux morceaux de bravoure de l’album sont She Loves You et I Wanna Hold Your Hand, deux popsongs inouïes de perfection sonore. Les « yeah yeah yeah » de She Loves You auront probablement toujours une implication dans les chansons pop de l’année 2115, et le rythme imprimé par le duo McCartney/Starr est toujours impressionnant aujourd’hui. Ces deux extraits exceptionnels sont aussi repris en allemand, ce qui fait sourire une fois ou deux. Le reste de l’album n’est pas désagréable, bien sûr, mais n’arrive plus à ce niveau, même si le riff dantesque (et les expériences de feedback) de I Feel Fine et le rock n roll pied au plancher de I’m Down s’y rapprochent. Forcément indispensable, cette demi-compile clôture donc une époque, même si la transition avec Rubber Soul pouvait déjà se faire sentir.

The Raveonettes – In And Out Of Control


Avec My Bloody Valentine qui revient en force et de nouveaux groupes comme A Place To Bury Strangers pour renouveler la flamme, le shoegaze ne se porte pas trop mal, pour un mouvement mort. Lust Lust Lust, le précédent album des Raveonettes était plus fuzzy qu’une usine de Big Muff, mais arrivait à y allier une recherche mélodique quasi surannée. Il était aussi surpuissant et sans concession, à un point tel qu’il était impossible pour le duo Danois de continuer dans cette veine. Alors, ils ont allégé la musique, repris les habitudes des albums précédents, et poli la production : l’aiguille est maintenant plutôt dans la zone pop.

Pop with a twist, évidemment. Parfois des gros beats un peu bourrins (Bang, Suicide) mais souvent une jolie recherche mélodique, qui va de pair avec la voix de Sharin Foo. Bien sûr, le bruit et le feedback ne sont jamais bien loin (Gone Forever), mais ils ne sont plus la caractéristique principale de leur son. Last Dance renoue même avec les tubes à la Attack of The Ghost Riders. Mais que dire des paroles… Je ne l’ai remarqué que vers la fin : In and Out of Control est une sorte d’album-concept sur la violence, notamment la violence conjugale. Quand on s’y attache, c’est vraiment bizarre, surtout que les thèmes sont en contrepoids total avec la musique éthérée et aérienne. Il est par exemple quasi impossible de ne pas avoir en tête le refrain-titre de … Boys Who Rape (Should All Be Destroyed). Franchement embarassant. Autre exemple, Oh I Buried You Today fait penser à la pop des 50s, à Nancy Sinatra (et son Bang Bang) mais est empreint d’un malaise prégnant.

On perd d’ailleurs assez facilement le fil de cet album, qui ressemble plus à une collections de morceaux pas très soignés, alors que le but (producteur + studio alors que Lust Lust Lust était autoproduit at home) était sans doute différent. On retiendra toute fois le fantastique Heart of Stone, même si son riff lorgne un peu trop vers le Lateralus de Tool et Break Up Girls, seul morceau où Sune Rose Wagner se lâche enfin un peu sur les pédales. Sinon, In and Out of Control reste un bon album, mais trop impersonnel, et bien trop loin du précédent. Il fallait peut-être cela pour repartir de l’avant, reculer pour mieux sauter. On le verra dans deux ans.

Ash (suite) et Smashing Pumpkins, hors du circuit traditionnel

Je vous parlais il y quelques semaines de l’initiative d’Ash, qui, au lieu de créer classiquement un album, va sortir un morceau différent toutes les deux semaines pendant un an.

Leur plan est maintenant détaillé, et a un prix.

Si vous voulez recevoir les 26 vinyls 7″ (face A enregistrée, face B dessinée), avec leur belle boîte, il vous en coûtera un total 176 livres sterling, ce qui nous fait 190€. Ce qui fait quand même 7€ le vinyl, on a quand même intérêt d’être fan, surtout que, forcément, 25 des 26 morceaux sont inédits à ce jour.

De plus, les disques seront envoyés par paquet de six, ce qui diminue les frais d’envoi et l’impact environnemental, mais cela diminue aussi l’excitation éventuelle d’en recevoir un chaque quinzaine. Néanmoins, chaque acheteur bénéficiera du téléchargement digital (disponible séparément pour 20 dollars, soit 13€), histoire d’avoir le morceau assez vite.

C’est donc clairement une option pour les fans, si possible avec une platine vinyl. Et qui ne vont pas trop s’en faire que l’artwork est toujours similaire… Mon avis? Si un de mes groupes préférés avait eu cette idée, j’aurais été assez déçu de son application.

Mais bon, on verra pour la musique, en attendant, voici une photo de la boîte.


Les Smashing Pumpkins… On a rigolé maintes fois quand Billy Corgan a décidé de reformer son groupe, avec comme seul membre d’origine Jimmy Chamberlain. L’album en découlant, Zeitgeist, n’était pas terrible du tout, et maintenant, Jimmy est (de nouveau) parti.

Pourtant, Billy persiste, signe, et continue dans l’invraisemblance mégalo, mais, quand même, un poil intéressante, surtout en ce qui concerne cette rubrique qui parle des nouveaux modes de distribution de musique.

Le nouvel album s’appellera Teargarden by Kaleidyscope (sic), comptera 44 morceaux (resic) et s’inspire d’un bazar de Tarot auquel je n’ai rien compris. Mellon Collie 2? Not quite.


Parce que Corgan va sortir totalement gratuitement cet album, morceau par morceau, à partir de Halloween (on ne se refait pas), et jusqu’à ce que ce soit fini, pas de date précise. Et c’est seulement après tout ça que l’album sortira en forme classique (même si des EP devraient précéder). Ce n’est pas la première fois que Corgan balance un album gratuitement (Machina 2 était un précurseur du genre), mais ici, le concept se rapproche étrangement de celui d’Ash.

Là aussi, on verra à l’usage, mais si cette phrase est seulement à moitié vraie, on peut espérer (un peu) : « The music of ‘Teargarden by Kaleidyscope‘ harkens back to the original psychedelic roots of The Smashing Pumpkins: atmospheric, melodic, heavy, and pretty. « 

Mais bon, c’est Billy, aussi…

The Beatles – Help! (1965)


La Beatlemania ne semblant jamais se terminer, les financiers derrière le Fab Four continuent à traire la vache à lait le plus possible. Help! est en effet la bande originale d’un nouveau film avec nos quatre garçons dans le vent comme héros. Une fois de plus, ce qui nous intéresse, c’est la musique, et quelle musique. Si les quatre premiers albums ne sont qu’un apéritif pour ce qu’il allait arriver, Help! est le point culminant des préliminaires (oui, les doubles métaphores dans une seule phrase, c’est lourd, je les laisse pour l’exemple 😉 ). Nous sommes quelques mois avant le moment qui verra le groupe passer de popact aux qualités indéniables à groupe le plus important de tous les temps. Help! sera postérieurement reconnu comme plaque tournante entre les deux niveaux.

Des Beatles-groupe rock ‘n roll propret, on ne retiendra ici que les fillers (enfin, façon de parler) The Night Before, Another Girl et Tell Me What You See ou encore l’obligatoire morceau lourdingue chanté par Ringo Starr (Act Naturally). De même, on retiendra les qualités de It’s Only Love et I’ve Just Seen a Face, qui change de rythme de manière totalement inattendue, un des premiers exmeples d’une technique qui sera souvent utilisée dans le futur. Le reste est phénoménal. Help!, le morceau titre, est la pop song parfaite, si ce n’est pour les paroles : Lennon appelle clairement à l’aide, déjà troublé par la célébrité et tout ce qui l’entoure. Il le restera pour les quinze années à venir. Le rythme est frénétique, et ouvre la voie au rock 2.0 : Ticket To Ride.

Lennon avait fièrement remarqué que Ticket To Ride était la première chanson heavy metal, et il n’a peut-être pas tort. La batterie de Ringo est proprement ahurissante, tout comme la basse drone de MCCartney. Macca qui se paie le luxe de jouer de la lead guitar, et quelle guitare. Ticket To Ride est un des plus grands morceaux de l’histoire du rock ‘n roll, et un des plus importants. 44 ans après, et aussi cliché que cela puisse être, il n’a pas pris une ride. Ailleurs, Lennon continue à tirer son inspiration de Bob Dylan, et le magnifie : You’ve Got To Hide Your Love Away reste un classique éternel. Et tant qu’on parle de classique éternel…

Plus de trois mille versions connues, Yesterday est la chanson la plus reprise de tous les temps. La légende raconte que Paul McCartney a composé toute la mélodie dans un rêve, s’est rapidement levé pour l’enregistrer, avant de se lever le lendemain totalement paniqué : et s’il avait plagié un autre morceau sans s’en rendre compte? Il a bien du se rendre à l’évidence : non, Yesterday est à lui. Tellement à lui qu’il est le seul Beatle présent sur l’enregistrement, accompagné d’un quatuor à cordes. Inutile d’en parler davantage, Yesterday et ses deux parties emmêlées est un morceau simplement magnifique de retenue et de lyrisme, qui mérite, lui, d’être dans le top 3 des morceaux des Beatles les plus connus (je suis nettement plus sceptique par rapport à Let It Be et Hey Jude, mais on y reviendra).

Aussi superbe est-il, Yesterday marque la fin d’une époque. Les connaissances bien inspirées du groupe vont bientôt leur faire connaître les joies de certaines substances récréatives, alors qu’ils vont prendre un contrôle de plus en plus complet de leur création artistique (parce que mettre Dizzy Miss Lizzy juste après Yesterday, c’est lourd). C’est ainsi que le prochain album, Rubber Soul, entame la quintette des albums extraterrestres, qui devraient sans doute se trouver dans n’importe quel top 10, si on ne trouvait pas que 5 sur 10, c’est quand même un peu beaucoup. Mais avant Rubber Soul, je clôturerai cette page avec le premier disque de Past Masters, compilation des faces B et morceaux hors album.

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