Sebastien Grainger And The Mountains – Sebastien Grainger And The Mountains
AC/DC – Black Ice
Black Ice accompagne la nouvelle tournée, plus que le contraire : comme les Stones, un nouvel opus des Australiens est un événement, mais paradoxalement n’intéresse pas grand monde. Et bien, c’est une erreur. non, Black Ice ne réinvente rien, et ne voit pas AC/DC se mettre à la nu-rave. Mais pour un bon disque de rock ‘n roll, c’est un putain de bon disque de rock ‘n roll.
On ne peut d’ailleurs pas avoir de doute sur la musique produite par le groupe des frères Young : le premier single (et morceau) s’appelle Rock ‘n Roll Train, et plus loin on aura Rock ‘n Roll Dream (une ballade), She Likes Rock ‘n Roll (every day, évidemment) et enfin Rockin’ All The Way. AC/DC n’a jamais fait dans le subtil, et on les en remercie chaleureusement. De toute façon, AC/DC ne parle généralement que de rock ‘n roll et de sexe, via métaphores un peu moins douteuses que d’habitude (War Machine, ce n’est pas une kalaschnikov…), même si l’état pitoyable de notre planète les inspire aussi (le morceau titre, Stormy May Day).
Malcolm Young envoie ses riffs infernaux au début de chaque morceau, comme il le fait depuis trois siècles. Mais qu’importe : dès le début, on sait que c’est AC/DC, et forcément, ce n’est que confirmé dès que Brian Johnson se lance dans un de ces numéros improbables de chant en dessous de la ceinture. La rythmique est solide (le batteur Phil Rudd est un métronome vivant, et le bassiste Cliff Williams prend parfois un peu de spotlight, comme sur Skies On Fire), et Angus Young délivre à chaque fois un très bon solo, qui ne semble jamais inutile. Il ressort même un bottleneck sur Stormy May Day.
L’album est sans doute trop long (15 morceaux, 55 minutes), et bénéficierait de la suppression de trois ou quatre morceaux un peu (trop) générico-répétitifs. Mais avec des riffs comme ceux de Big Jack, War Machine, Black Ice ou la relative agressivité de Spoilin’ For A Fight, on pardonnera tout, même le Rod Stewardesque Anything Goes.
Black Ice est meilleur que prévu : même si la formule est avérée, il fallait quand même réussir à la reprendre correctement, et seul AC/DC peut le faire. Meilleur qu’une grosse moitié de leur catalogue, il méritera d’être visité plus que trois fois lors de la mégatournée, entre Hells Bells et You Shook Me All Night Long.
Gojira – The Way Of All Flesh
The Way Of All Flesh est puissant, violent, agressif, mais ne joue pas dans la surenchère du bruit : les passages plus calmes, ou du moins moins cinglés, permettent de préparer le chaos suivant. Le chant est éraillé, habité, et la batterie puissante : comme chez Meshuggah, c’est la pierre angulaire du groupe. On trouve des influences death, trash, mais aussi un peu d’industriel, et carrément des choses inattendues dans un genre pas souvent connu pour son caractère innovant. Tout cela fait que la musique de Gojira n’est pas fort aisée, il faut d’ailleurs plusieurs écoutes pour complètement rentrer dans un univers personnel mais parfois obtus, ce qui n’est pas aidé par la longueur de l’album (75 minutes)
On peut difficilement s’ennuyer, ceci dit, tant les rythmes sinueux sont hypnotiques et parfois poignants, et même quand Gojira décide de quitter leur domaine de prédilection pour s’aventurer dans le metal contemporain un peu plus classique, ils ont le bon goût de s’assurer les services gutturaux de Randy Blythe (des porte-drapeaux du metal US Lamb of God).
Mais The Way Of All Flesh est un album qui parle de mort, et est ainsi totalement implacable, sans concessions. Il est brutal, mais plus par le fond que par la forme, le groupe n’ayant pas jugé utile de forcer le ton, ils ne tombent donc pas dans une caricature de type Slipknot mais participent à la rénovation d’un genre parfois poussiéreux. Mais tant que le metal pourra compter sur des groupes comme Gojira ou Meshuggah, son avenir est assuré.
0,5/10
En faveur des pour, c’est plus clair : quand j’ai décidé la première fois de suppiimer les cotations, j’ai perdu des lecteurs, et reçu pas mal de mails me demandant de les remettre. Je l’ai fait.
Entre rien et la classique cote sur dix, différents systèmes coexistent, des plus imagés (les étoiles, les « n fois logos ») aux plus obscurs (le fameux système décimal de Pitchfork : Joanna Newsom, 9.3 ou 9.4?) en passant par les fantaisistes (les taches de Psychotonique). Mais finalement, ils ont tous le même but, et c’est justement celui-là que je refuse.
Conséquence : je refais marche arrière, et je supprime ce système de cotation, sans doute pour toujours. J’ai trop de fois hésité au moment de mettre la cote, et quand on passe autant de temps à balancer entre 6 et 7, pour finir à 6,5 (peut-être ma cote préférée, et une qui ne veut rien dire), on se fourvoie fatalement.
La compétition est déjà présente partout, de toute façon. Entre le nombre de MTV Awards que Linkin Hotel remportera et qui de Fortis ou Dexia se plantera le plus en bourse, l’art n’y a pas sa place. Et si je dois perdre des lecteurs, ce sera ceux qui ne prennent pas le temps de lire l’article et de comprendre qu’il ne peut se résumer à un bête chiffre. Pour tous ceux-là, les autres canaux ne manquent pas, pour Music Box, on s’arrêtera au texte, avec toutefois une conclusion qui sera (comme actuellement) écrite pour résumer mon point de vue, de manière nettement plus nuancée et prismique qu’une cote ne pourra jamais faire.