R.E.M. – And I Feel Fine… (The Best Of The I.R.S. Years 1982-1987)

… Et le second est consacré à la première partie de la carrière de R.E.M., pour le label indie IRS, entre 82 et 87. R.E.M. n’était pas encore énorme, et Michael Stipe avait des cheveux, plein même. Le style des débuts du groupe est fermement ancré dans la tradition américaine, avec certains morceaux qui puisent jusque dans la country, avant d’évoluer vers ce qu’on appela à l’époque college rock. L’écoute de la compilation peut être ardue, surtout lorsqu’on attaque la période durant laquelle personne ne pigeait quoique ce soit à ce que Stipe racontait, dans un murmure (ben oui) totalement inintelligible (Gardening At Night, par exemple).
Mais quand R.E.M. se mettait à faire des popsongs, ils étaient déjà proches de la perfection : The One I Love, Finest Worksong, Begin The Begin, Perfect Circle et leur premier classique, It’s The End Of The World And We Know It (and I Feel Fine).
Une grande, longue et très intéressante carrière s’ouvrait à eux, et alors qu’on attend un nouvel album en 2007, cette compilation est le moyen parfait de combler un manque dans votre discographie. Et si vous en voulez plus, il reste toujours les albums studio IRS.

Depeche Mode – The Best Of Depeche Mode Volume One

Deux courts articles sur deux albums de Noël, le premier est la troisième compilation de Depeche Mode, après deux collections de singles. Elle se veut fort sélective, et reprend donc assez logiquement les plus gros morceaux du groupe.
Et évidemment on trouve quelques joyaux darkwave, comme Personal Jesus, Shake The Disease ou Enjoy The Silence qui n’ont pas vieilli du tout, le groupe n’étant jamais aussi bon que lorsqu’il est sombre. Ce qui a vieilli, par contre, c’est la partie électro : le problème, quand on est pionnier de la scène électro, c’est que 10/20 ans après, les machines ont bien changé. Il faut donc écouter l’album avec soin, et se souvenir qu’à l’époque, ce son était tout à fait innovateur. Just Can’t Get Enough est toujours stupide, ceci dit.

The Beatles – Love

Alors que certains artistes doivent se retourner dans leur tomber quand on voit l’exploitation commerciale de leur oeuvre (l’exemple canonique étant Tupac Shakur, qui a sorti plus d’albums mort que vivant), le catalogue des Beatles a été assez respecté. Les trois anthologies de -fabuleux- matériel inédit en 1996, une compilation de n°1 en 2000, et c’est tout.

Love est un projet original, à mi-chemin entre best of et album de remixes. Conçu comme bande son pour un spectacle du Cirque du Soleil, il consiste en un gigantesque collage de plus de 70 morceaux, édités par George Martin et son fils Giles. On pourrait (et on a) crier très vite au scandale, au sacrilège ou que sais-je, mais il faut avouer que le résultat est assez bon.

Débutant avec une splendide version a cappella de Because (quatre musiciens qui savent tous chanter, c’est quand même assez rare), on entend furtivement un accord de Hard Day’s Night avant le début de Get Back. Et ce sera comme ça pendant toute la longueur du disque, où des morceaux entiers sont mixés avec des petites touches çà et là, qui sont facilement reconnaissables à qui connaît un tant soit peu la carrière du groupe.
Les vrais mashups sont en fait assez rares, notons juste Yesterday avec le fond sonore de Blackbird, et surtout Within You Without You avec celui de Tomorrow Never Knows. en fait, le travail de remix est assez sage, sans doute pour ne pas trop troubler les morceaux, qui de toute façon n’ont pas besoin de beaucoup de modifications.

Love est une idée sympa, sans plus, mais qui ouvre la porte à quelque chose de bien plus important : il faut absolument qu’on sorte des versions remasterisées des albums studio. Les morceaux n’ont jamais sonné aussi bien qu’ici, A Day In The Life et I Am The Walrus sonnent encore plus innovateurs maintenant qu’à l’époque, grâce au traitement sonore. Des dizaines d’artistes ont vu leur catalogue remasterisé, généralement en mieux. Il est donc temps que le groupe pop le plus important de l’histoire soit honoré de la sorte.

Mastodon – Blood Mountain

Pour une fois, les critiques sont généralement unanimes pour qualifier Blood Mountain l’album metal de l’année. Il faut dire que l’état du metal actuel n’est pas vraiment transcendant, les nouveaux groupes majeurs suivent généralement une tradition établie (Trivium/Metallica ou encore Lamb Of God/Pantera), et beaucoup de formations ont abandonné le metal pur pour le mêler, parfois avec succès, à d’autres genres. Queens Of The Stone Age en est un parfait exemple. Et je ne parlerai même pas de toutes les variantes du mot « emo ».

Mastodon n’en a littéralement rien à foutre. Blood Mountain est un album purement metal, et est même centré autour d’un concept barré heroic fantasy avec des cysquatches (un cysquatch étant un sasquatch avec un seul oeil, évidemment). Dès le début, ça tape dur, avec batterie puissante (allo, Lars Ulrich?), power chords et solos bien exécutés, mais sans nuire au morceau (allo, Dragonforce?).

Le plus intéressant, avec Blood Mountain, c’est que le but n’est pas d’aller le plus vite, ou de jouer le plus fort. Non, Mastodon suit un rythme personnel, qui peut aller du doom au trashmetal (Bladecatcher) en passant par toutes les variantes. L’album est excellent de bout en bout, et ne cède à aucune concession. Et on ne s’étendra même pas sur les signatures assez complexes, ni même sur un jeu de batterie qui dévoile petit à petit ses secrets, et se révèle être totalement époustouflante (si ce type n’écoute pas du jazz chez lui, je suis Robbie Williams). On regrettera peut-être (peut-être) que la fin de l’album est moins percutante, et les rythmes deviennent un peu trop mid-tempo (tout en restant profondément dérangeants, après tout Black Sabbath n’aura jamais été foncièrement rapide, comme groupe)

Blood Mountain ne sera pas que l’album metal de l’année, il pourrait renouveler le genre, et lui insuffler un nouveau souffle vital. Rien que ça. Ce n’est donc pas une coïncidence que Josh Homme, fan n°1 du groupe (écoutez la piste cachée pour en savoir plus) est ici choriste occasionnel : le Songs For The Deaf de son groupe était le dernier album « metal » majeur. Reste maintenant à voir la voie choisie par le groupe, car pour suivre ce troisième album, il faudra nécessairement faire différent.

Amplifier – Insider

Amplifier est un trio venant de Manchester, et qui fait autant de bruit qu’une convention de cover bands de Mötorhead. Insider est leur second album, et on peut se demander pourquoi le groupe n’est pas plus connu. Les morceaux sont aussi puissants que Muse, sans les irritants artifices sonores et vocaux, et les tournants mélodiques rappellent (les extraordinaires) Biffy Clyro. Le tout servi dans un format relativement conventionnel (morceaux de 4.30-5 minutes en moyenne, avec refrains et tout). Et comme Matt Bellamy, Sel Balamir est un guitariste très inventif, mais lui se concertre surtout sur ce qu’il peut apporter à la musique, et pas le contraire.
L’album est relativement difficile à décrire, c’est typiquement un disque qui doit être entendu. ET dès qu’il l’est, c’est difficile de ne pas être conquis par le mur du son dressé par Amplifier (nom à la limite du ridicule, mais parfaitement approprié). Pour ce qu’il représente, à savoir une tentative de rendre le post-rock puissant relativement « pop » (ce que Biffy réussit pas mal, mais ici c’est clairement plus métal), c’est une réussite totale, RIP, par exemple, aurait du être le single de l’année.
Ceci dit, à se cantonner dans un seul, même si très noble, objectif, Amplifier se crée des barrières, et enferme leur son dans un carcan duquel il sera difficile de sortir. De plus, le tout semble trop homogène, et de là un peu long. On verra tout ça par la suite, mais en attendant, Insider est un excellent album, souffrant du défaut de ses qualités, ces dernières était si nombreuses, on ne se plaindra pas.

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