En 1995, Alanis n’était pas encore suffisamment cinglée pour tourner une vidéo à poil, ou la meilleure parodie de l’histoire connue de l’humanité (si), mais elle était vachement en colère. Si les Spice Girls (vous vous souvenez? Elles reviennent…) revendiquaient le girl power, alors Alanis, c’était Little Boy et Fat Man puissance dix. Les deux premiers morceaux, All I Really Want et le tube You Oughtta Know sont des attaques d’une violence inouïe contre un ex-petit ami.
La suite, et en fait, quasi tout l’album poursuit sur la même thème. Encore fallait-il pouvoir en faire un bon album. Et même si les compositions (d’Alanis et Glen Ballard) ne sont pas très aventureuses, elles sont très efficaces, tout comme le groupe qui l’entoure (et qui comprend un certain Taylor Hawkins, futur Foo Fighter). Alanis montre que le ressentiment et la haine peuvent sonner très sexy, et sa manière d’écrire ses textes était originale et rafraîchissante.
Est-ce pour autant un chef d’oeuvre? C’est sans doute le meilleur album de la Canadienne, qui aura progressivement disparu du spectre pop rock actuel. C’est aussi un album relativement brutal, en tout cas par rapport aux ventes ahurissantes. C’est sans doute l’album le plus bruyant et le plus agressif de pas mal de collections plus habituées à Whitney Houston et Shania Twain. Même si cela reste un album de rock assez basique et peu innovant, il montre toutefois un réel talent. De plus, Jagged Little Pill réussit à garder un niveau appréciable jusqu’à la fin, n’a pas vieilli pour un sou, et la piste cachée Your House est toujours aussi chair de poulante. Ca tombe bien, je n’avais pas envie de dire du mal aujourd’hui.
Forgiven