Drôle d’année, 2011. Beaucoup de buzz pour pas grand chose, des retours fracassants et d’autres complètement fracassés, des gros groupes qui n’en finissent pas de décevoir, des valeurs sûres qui prennent des risques payants, et des trucs populaires/hype que je continue à ne pas supporter. Sur un plan personnel, j’ai perdu un ami cette année, qui était aussi un de mes lecteurs les plus fidèles, et une source d’inspiration constante. Sa disparition est certainement une des raisons pour lesquelles j’ai très peu écrit cette année, mais elle m’a aussi permis de faire la connaissance de personnes qui m’ont aussi permis de découvrir pas mal de trucs, et d’en discuter, de les apprécier. Le cycle de la vie, je suppose. Trève de blabla, comme je n’aurai pas foutu grand chose cette année, je profite de cette fin 2011 pour faire un top 20 argumenté, histoire de faire d’une pierre deux coups. Chaque album (ou presque) est disponible en écoute sur Spotify, et, évidemment, le classement est totalement subjectif et personnel. Je n’ai pas tout écouté cette année, et il n’y a aucune raison qu’un album soit mieux classé qu’un autre, c’est de l’art, pas une compétition sportive quelconque. Il vaut donc mieux ne pas accorder d’importance aux places, et simplement écouter la musique.
On commence avec les places 20 à 16.
20 The Vaccines – What Did You Expect from the Vaccines?
Les Vaccines allaient sauver le rock ‘n roll, évidemment. On n’avait plus entendu un tel buzz depuis les Strokes, il y a maintenant dix ans. On en est bien loin : leur premier album est passable sans plus, leur attitude de faux punks/vrais fils à papa est assez méprisable, et leur tendance à mal copier plus ou moins n’importe qui est pitoyable (on laissera le sexisme primaire pour une autre fois). Mais quand on fait les comptes d’une année 2011 où AUCUN des quarante singles les mieux vendus au Royaume-Uni ne provient d’un « groupe à guitare », on se met à espérer qu’un groupe valable se dise qu’il peut faire bien mieux que ça. C’est pour ça qu’il mérite une place dans le top 20, même si au moins 370 albums de 2011 sont meilleurs que celui-ci.
19 R.E.M. – Collapse Into Now
Parce qu’on n’aura plus jamais l’occasion d’inclure un album de R.E.M. dans un top 20. Parce que, lors de ma chronique initiale, j’écrivais que R.E.M. est un groupe dont on veut qu’il ne se sépare jamais. Parce que Collapse Into Now est un bon résumé de leur carrière, un peu de tout, lent, rapide, pop, rock, et parfois n’importe quoi. Parce que c’est R.E.M., quoi.
18 Miles Kane – Colour of the Trap
Où Miles Kane devait sortir de l’ombre d’Alex Turner, après moultes collaborations et un projet parallèle. Le succès est au rendez-vous : Colour of the Trap est un album classieux, influencé swinging sixties mais quand même personnel et varié. Kane développe sa propre voix, qui n’est pas mauvaise du tout, on attend juste qu’elle s’émancipe encore un peu plus. Parce que Turner a quand même coécrit la moitié de l’album.
17 Algernon Cadwallader – Parrot Flies
Certains genres musicaux évoluent bien plus qu’on ne pourrait le croire. Non, l’emocore n’est pas mort, il a juste pris une forme nettement plus inventive et moins irritante. Revendiquant clairement l’influence emo dans la voix (et quand je dis emo, je ne parle pas de Twilight, hein, plutôt de Far, Sunny Day Real Estate, etc.), Algernon Cadwallader envoie le genre dix ans dans le futur avec un jeu de guitare époustouflant et terriblement inventif rappelant autant les méandres géniaux de Stephen Malkmus que les solos d’une note de Neil Young (le terrible premier morceau, Springing Leaks), le tout produit chez Sub Pop. Et tant qu’à faire dans les comparaisons glorieuses des années 90, Robert Pollard aimerait bien avoir toujours autant d’idées excellentes (en moyenne 17 par morceau, Pollard, il fait quinze albums avec ça). Et les mélodies? Si Brian Wilson avait entendu Parrot Flies, il n’aurait jamais voulu retrouver les Beach Boys (façon de parler, son banquier l’aurait convaincu, crise financière et tout ça). Soit, Parrot Flies est un album étonnant et détonnant, dense et chargé émotionnellement mais reste, oui, fun. Une bête étrange, et une jolie découverte personnelle (merci MDEIMC!).
16 Foo Fighters – Wasting Light
Dave Grohl, il est fort, très fort. Wasting Light a été enregistré dans son garage, directement sur bande, sans ordis, produit par Butch Vig, et avec une apparition de Krist Novoselic. Il le répète tout le temps, à n’importe qui. Finalement, l’album de punk garage abrasif n’aura été qu’un disque de rock contemporain, légèrement mieux que les dernières productions des FF, mais bien loin d’une oeuvre de génie. Reste que Grohl sait écrire d’excellents morceaux (même si trop de pré-refrains tuent le refrain), et la triple guitar arrack (Shiflett – Smear – Grohl) fait parfois très mal (Bridge Burning). Certainement pas un mauvais album (Arlandria, Dear Rosemary comptent parmi leurs meilleurs morceaux), mais l’excitation atteinte à sa sortie est vite retombée.
La suite (plus ou moins) demain, avec un peu de blabla sur mes déceptions de l’année.