Parfois, je me demande pourquoi je ne parle pas plus de metal sur le site. Et franchement, je n’en sais rien. Maintenant, il est vrai que ça fait déjà un petit temps qu’un album/group metal m’a marqué, même si j’ai honteusement oublié de chroniquer Lamb of God l’année passée. On pourrait dire que les années nu-metal ont affaibli le genre, ce qui est très discutable. Ce qu’il l’est déjà moins, est le fait que ces groupes douteux ont contribué à la perte de crédibilité du metal, dont le succès commercial est maintenant plus ou moins limité à Evanescence et Linkin Park. Chimaira, quant à eux, ont eu un parcours amusant, ou du moins atypique.
Ils ont en effet commencé comme un groupe nu-metal typique, avec guitares detunées, avant de virer vers le metalcore, voire carrément vers le death, comme le montre Resurrection. Dès le premier morceau, on comprend tout de suite qu’on n’est pas chez Limp Bizkit (remember?) : grosse, très grosse batterie et double bass drums, une voix typiquement death, et même des synthés et samples limite goth, pas Cradle of Filth (heureusement) mais quand même. Le tout est jouée à une allure folle, sans être très éloigné des canons du genre, mais exécuté à la perfection. Rapidement, après quatre morceaux, le ton change, avec l’épique Six (apparemment pas inspiré de Battlestar Galactica, quel dommage), et ses 9 minutes 45 qui bougent dans tous les sens, avec une intro prog et du riffage très compétent tout le long. On regrettera peut-être les thèmes fort classiques, et assez prétentieux, mais bon, on parlait de canons du genre…
Ceci dit, malgré quelques morceaux de bravoure, dont, surtout, la batterie implacable d’Andols Herrick, la suite de l’album se contente d’enfoncer des portes déjà ouvertes. Chimaira les enfonce avec des béliers fourrés à la poix incandescente, d’accord, mais les portes sont ouvertes quand même. Chimaira, et cet album en particulier, reste un excellent groupe, un bon niveau au dessus des infâmes Trivium. Cependant, maintenant qu’ils ont monté toute l’étendue de leur talent, passant d’un sous-genre à un autre avec aise, on aimerait qu’ils trouvent leur propre voie, et qu’ils fassent évoluer le metal moderne. Ils en sont sans doute capable, on peut encore leur laisser un peu de temps. Mais pas trop.