Réduire The Clash au mouvement punk de 76-77 serait une grave erreur. Sans aucune critique quant à leur influence respective, un morceau de Clash comporte plus d’idées que la carrière entière (courte, mais quand même) des Sex Pistols. London Calling, leur troisième album, est aussi leur plus célèbre, et le pivot de leur évolution.
Il débute par l’iconique morceau titre, un des tous grands classiques du punk et du rock en général. Mais c’est un des rares morceaux directs d’un album qui tire dans tous les sens, souvent avec une grande réussite. On connaît son rythme implacable, la voix de Joe Strummer, qui chante comme si sa vie en dépendait (une constante) et ses paroles. Personne ne défendra la working class comme lui, comme eux. Un groupe en qui on pouvait croire, notion totalement disparue de nos jours.
Musicalement, Clash s’éloigne d’un certain nihilisme prôné par d’autres formations de l’époque. Leurs racines sont clairement dans le rock ‘n roll classique (Brand New Cadillac) mais ajoutent, de manière innovatrice, beaucoup de cuivres, pavant le chemin pour un style musical toujours présent aujourd’hui (avec plus ou moins de réussite) : le ska. Rudy Can’t Fail, The Right Profile en sont d’excellents exemples. De même, on peut perçevoir des éléments reggae (Guns Of Brixton), qui iront plus tard jusqu’à constituer la majeure partie d’un (triple) album, Sandinista!.
Clash ne recule devant rien, quitte à surprendre, voire aliéner. L’album est fort long (dix-neuf morceaux) et fort varié, comme peuvent encore en témoigner le mélodique et réflexif Lost In The Supermarket ou The Card Cheat, où se cotoyent piano et trompette. Punk, peut-être, mais si peu réducteur. Le puissant Train In Vain conclut un album phare, monumental.
London Calling peut avoir des défauts, ils n’ont pas d’importance. Parce que son statut les transcende. Il est trop important, trop crucial dans l’histoire et la compréhension non seulement du rock, mais de la société elle-même, pour s’arrêter à ces aspects. Tout ça sans même évoquer la pochette.
Clampdown