Quelques mois après l’album de Babyshambles, c’est maintenant au tour de l’autre moitié créatrice de feu The Libertines à tenter de retrouver une place dans le paysage indie contemporain. Là où Pete Doherty apportait sa poésie mélancolique et sa voix cassée, Carl Barât offrait aux Libertines un son plus modrock, mais avec un esprit moins, disons, dérangé. Aidé par les ex-Libertines Anthony Rossomando et Gary Powell ainsi que l’ex-bassiste de Cooper Temple Clause Didz Hammond, Barât montre sa vision de la musique, différente de celle de Doherty. C’est donc sans surprise qu’alors que Down In Albion était un fouillis mal produit (mais non dénué de qualités), Waterloo To Anywhere est plus logique, plus propre, et produit par Dave Sardy. Ni mieux, ni moins bien, cette optique offre d’office un contrepoids à Babyshambles. Reste à voir si, et finalement il n’y a jamais que ça qui compte, les chansons assurent. En fait, Waterloo est sans surprise. Une majorité de morceaux rapides (pensez I Get Along, sur Up The Bracket plutôt que What Katie Did sur The Libertines) et bien polis se succèdent avec réussite (Deadwood, Bang Bang You’re Dead, attaque peu dissimulée contre Doherty) à peine entrecoupés de ballades (qui n’arrivent jamais à la cheville d’Albion) ou d’une petite bizarrerie, comme l’hymne pirate Gentry Cove). Décent, mais qui ne laisse pas d’impression sur la durée. Comme Down In Albion, Waterloo To Anywhere n’arrive pas à rappeler la gloire d’antan. Malheureusement, contrairement à l’album de la clique de Doherty, on ne retrouve pas ici l’envie de jouer, l’urgence organique qui caractérisait The Libertines. Ni bon, ni mauvais, certainement pas essentiel, l’album, comme celui de Babyshambles, évoque une seule chose : le regret de la perte des Libertines.