Mieux vaut tard que jamais? J’espère que c’est le cas, voici ma sélection d’albums sortis le mois dernier.
Comme en 2012, on a peut-être déjà l’album de l’année, avec Cloud Nothings. Dylan Baldi a réduit son groupe à trois membres, dont un batteur incroyable. Here And Nowhere Else réussit à être encore meilleur que Attack on Memory, plus précis, plus agressif aussi. On pourra toujours regretter la phase power-pop hyper mélodique du début de sa carrière, mais c’est comme ça que Baldi écrit, album après album, sa place dans l’histoire du rock indé.
Ensuite, on a Perfect Pussy, qui pousse le post-rock féministe de Savages à son paroxysme. Ici, pas de Joy Divisionisme, mais une musique joué très fort, très vite, et enregistrée à l’arrache. L’album (Say Yes to Love) est douloureusement intense et très court. Les 4 morceaux live attachés en bonus tracks sont tout aussi vitaux que ce qui précèdent, et montrent l’énergie phénoménale de Meredith Graves, icone en pleine ascension.
Difficile de facilement dégager une troisième place, donc je mettrai en même temps Blood Red Shoes, Johnny Foreigner et La Dispute. Blood Red Shoes aurait déjà du conquérir le monde depuis longtemps, mais pour une raison ou une autre, ce n’est pas le cas. Comme pour In Time to Voices, il manque peut-être un petit quelque chose à Blood Red Shoes pour vraiment exploser, mais si c’est pour finir comme Biffy Clyro, alors, qu’ils continuent à faire (très bien) ce qu’ils font actuellement.
Johnny Foreigner, groupe méconnu pour la plupart mais culte pour les autres, plus avisés, sort peut-être aussi son meilleur album, ironiquement – bien sûr – titré You Can Do Better, plein de mélodies, de paroles et références géniales et de la magie que seule la musique peut procurer. Des vies ont été changées grâce à ces gens.
Ce qui est d’ailleurs sans doute le cas de La Dispute, groupe post-emocore machin qui case beaucoup, beaucoup de mots dans leurs chansons. Pas facile à écouter mais musicalement magnifique, Rooms of the House est marqué par l’intensité sincère de Jordan Dreyer qui tape dans le mille à chaque fois, et pénètre très loin dans l’esprit et dans le coeur des auditeurs encore en vie.
Et ce n’est pas fini pour mars, faible en « grosses » sorties, mais riche au point de vue de la qualité. The Men ont sorti leur cinquième album (Tomorrow’s Hits) en cinq ans, toujours de plus en plus loin du punk des débuts vers un rock ‘n roll classique mais efficace, alliant doowop, punk, blues, cuivres et un songwriting précis. Solos de guitare!
Eagulls (Eagulls) devrait probablement être plus haut sur cette liste, mais il faut bien avouer que ce revival post-punk/shoegaze commence être un peu passé. Ce qui est bien dommage, parce qu’ils sont très bons.
Sinon, on a encore Tokyo Police Club (Forcefield) et leur indie pop gentille et tout et tout, probablement nettement plus intéressante que les Strokes, mais bon, le hype, tout ça… On peut aussi parler de Skaters (Manhattan, sic), une sorte de Strokes (oui, encore) dissonnant et influencé par The Clash période London Calling, mais qui sonne souvent aussi chiant que les Vaccines. Real Estate, par contre, continue dans l’indé pop classe et immaculé (Atlas) tandis que Hold Steady (Teeth Dreams) fait du Hold Steady, mais en mieux que la dernière fois. Santé.
Pour finir, il faut que je parle de Jonah Matranga, l’artiste à la discographie la plus confuse depuis Prince (il aimerait la référence). Cette fois, son dernier album, de nouveau financé par Kickstarter sort sous « Jonah’s Onelinedrawing », référence à son prénom et à son alias solo le plus connu. S’éloignant de la folk de son dernier album majeur And, Me And You Are Two tape un peu dans tous les sens, ajoutant quelques touches d’électro ou de piano à la sensibilité exacerbée du chanteur de Far, I Is Another, New End Original, etc etc. Free est sa déclaration d’indépendance, et You’re What When Right un de plus jolis morceaux qu’il ait écrit.
N’oubliez pas non plus les ressorties de deux albums majeurs du « rock alternatif » des années 90, Troublegum et Infernal Love de Therapy? Le premier est le plus connu, et certainement un des tous meilleurs de la décennie, le second est celui de la liberté créative. La suite de leur carrière allait se révéler plus difficile, car ils n’auront plus jamais connu un tel succès commercial, malgré une longue série d’albums de très bonne facture. Sans surprise, mais très complète, la ressortie remasterise les albums d’origine et ajoute toutes les faces B, et pour Troublegum les EP ShortSharpShock, Opal Mantra, Face the Strange et quatre démos inédites.
La playlist Spotify reprend tout cela et quelques morceaux d’album à venir, dont Jack White ou First Aid Kit (:coeuraveclesdoigts:)
See you next… month?