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Pukkelpop : mini-review

Les intentions étaient bonnes, mais les circonstances ne m’ont permis que d’assister au premier jour du Pukkelpop, et encore, assez tard.

Je n’ai donc vu vraiment que trois groupes, mais quels groupes : Them Crooked Vultures, Faith No More et My Bloody Valentine.

Them Crooked Vultures, tout le monde le sait maintenant, c’est un nouveau groupe composé de Josh Homme (Queens of the Stone Age, voix + guitare), John Paul Jones (Led Zeppelin, basse), Dave Grohl (Nirvana, Foo Fighters, batterie) accompagnés à la seconde guitare par Alain Johannes (Queens of the Stone Age, Eleven).

Le concert « secret » du Pukkelpop n’était que leur troisième, mais ils étaient déjà bien rôdés, et ont ont joué une petite heure de nouveaux morceaux. Plutôt que d’essayer de les décrire, il est préférable de les voir/écouter soi-même, notamment grâce à cette playlist Youtube préparée par l’excellent webzine Antiquiet. Pas encore de date prévue pour l’album, mais il va être immense.

Le premier morceau du concert, Elephant :

Le comeback de Faith No More est un des événements de l’année, et un grand moment pour moi, qui ne les avais encore jamais vu live. Le groupe était magistral, Patton totalement déjanté, mais je reste un tout petit peu déçu par la setlist. Mais bon, le groupe n’avait qu’une heure de concert + beaucoup d’excellents morceaux à caser. Reste que RV et une interminable version de Just a Man n’avient peut-être pas leur place en festival, mais Faith No More n’a jamais fait qu’à sa tête. Il ne me reste plus qu’à espérer qu’ils repasseront en salle, on ne sait jamais, stranger things have happened… Là encore, Youtube is your friend, et permet même de voir ce fameux stagediver qui s’est fracassé la mâchoire sur une barrière de sécurité, à trois mètres de moi.

Vidéo d’un des rares morceaux « simples » du groupe, The Gentle Art of Making Enemies

Pour My Bloody Valentine, je suis resté à l’extérieur du marquee, devant les écrans géants. Malheureusement, le concept et l’endroit s’alliaient assez mal, et le son MBV perdait en subtilité : les voix de Kevin Shields et de la toujours élégante Bilinda Butcher se perdaient dans l’éther. Mais le plus terrible, évidemment, c’était la Holocaust Section de You Made Me Realise, qui clôture le concert avec le groupe qui joue de plus en plus fort pendant 20 minutes, jusqu’à un niveau totalement insupportable. Le public partait en courant, rendant la prestation du groupe plus proche d’un happening artistique que d’un concert. Mais My Bloody Valentine reste responsable d’une musique simplement magnifique, qui a le pouvoir de transporter les auditeurs dans une autre dimension.

Voici Only Shallow, pour un tout petit peu se rendre compte :


Enfin, j’ai aussi (un peu) aperçu les Deftones, avec un excellent set dispo en proshot sur Youtube.

Mais je hais les festivals. Je n’y retournerai qu’en cas d’extrême nécessité, et là, c’était le cas.

Faith No More – The Very Best Definitive Ultimate Greatest Hits Collection

Cette année, nouveauté : en plus des traditionnelles compiles de Noël, on doit aussi se taper celles des groupes récemment reformés qui tournent cet été. Les deux gros noms sont Blur, avec le double Midlife, qui sort la semaine prochaine et qui est nettement, nettement supérieur au Best Of et Faith No More, qui nous sort ici une sixième compile en 10 ans, d’où le titre auto-ironique.

Même si Blur (on reviendra sur la compile, bien sûr) a souvent été considéré comme un groupe de singles, nombre de leurs meilleurs morceaux se trouvaient cachés entre deux hits. Faith No More n’a pas vraiment eu de hits majeurs, de plus, leurs albums étant généralement tellement éclatés et carrément bizarres que sortir des extraits d’un tout semble incongru. C’est sans doute pour cela que malgré les efforts (six compiles, donc), aucune n’est vraiment satisfaisante.

Celle-ci n’est pas la pire, comprenant dix-huit (excellents, évidemment) morceaux dans un ordre vaguement chronologique. On se demande bien où se trouve The Gentle Art of Making Enemies, mais bizarrement, il manquait déjà à l’appel de la triple anthologie The Works. On conseillera donc au néophyte d’essayer cette compile ou les deux autres décentes (Who Cares A Lot? ou This Is It, les deux restantes étant absolument à éviter), et ensuite d’aller vers les albums studio, seuls témoins valables du caractère exceptionnel de Faith No More.

Petite déception, par contre, pour le second cd, de « raretés ». En effet, la majeure partie de celui-ci est constitué de faces B et morceau live qui se trouvaient déjà sur le second cd de Who Cares a Lot. Les deux seules nouveautés sont Sweet Emotion et New Improved Song, jusqu’ici inédite sur sortie commerciale. Il n’empêche, ces morceaux restent tous excellents (mention spéciale à Absolute Zero) et Das Schutzenfest est toujours aussi fantastiquement ridicule.

Une compilation obligatoire, vu le retour du groupe, mais si elle peut servir à aiguiller le plus de monde possible vers les albums, alors, tant mieux : Faith No More le mérite amplement.

Faith No More – The Works

Faith_No_More_The_WorksCela fait déjà dix ans que Faith No More s’est séparé. Unanimement considéré comme un des groupes les plus influents des 90s, ils ont eu la décence de ne jamais se reformer, malgré les énormes sommes d’argent qui doivent leur être proposées. The Works est déjà la cinquième compilation du groupe, mais contrairement aux précédentes, ce n’est pas un best of, mais une anthologie : par définition, elle est donc plus complète, et s’étend effectivement sur trois disques, ce qui est bien un minimum pour cerner un groupe majeur à la discographie somme toute limitée.

Dès le départ, Faith No More était inclassable. incorporant des élements de funk, de metal, de rap d’une manière inédite à l’époque, ils ont influencé tout ce qui est passé après eux, dont le nu-metal. Mais je préfère blâmer les Red Hot, c’est plus marrant.

C’est avec l’arrivée du nouveau vocaliste, remplaçant Chuck Mosely (présent ici sur trois morceaux), que FNM va prendre une autre dimension. Mike Patton apportera sa voix exceptionnellement modulable et sa folie certaine et contribuera en faire un groupe majeur : les albums The Real Thing et Angel Dust sont unanimement reconnus comme deux des meilleurs disques des années 90 ; le second est coutumier des listes d’albums influents. Mais plus que Patton, c’est la formule qui fait le génie. From Out Of Nowhere et son clavier lifté au black metal, Epic emmené par une ligne de basse monstrueuse, le rap de Patton et un refrain fédérateur : en fait, il se passe tellement de choses dans ces morceaux qu’il faudrait un article pour chacun.

Encore plus impressionnant : quinze ans après, on est toujours stupéfait par l’inventivité de morceaux qui n’ont pas pris une ride, qui sonnent aussi bien qu’au premier jour. il est vrai que lorsqu’on voit la trajectoire post-FNM de Patton, on comprend que ce mec est un malade de la musique, un génie compulsif sans équivalent. Je me mettrais presque à espérer une reformation, juste pour une tournée, comme ça, pour montrer au monde ce qu’ils étaient. Mais il vaut sans doute mieux ne pas tenter le diable.

Pour revenir à The Works, le premier disque est donc centré sur The Real Thing, et est donc, par pur truisme, parfait. Parce que malgré les bizarreries et innovations visionnaires, FNM savait écrire de très bonnes chansons pop. Falling To Pieces en est un autre exemple. Et quand le groupe écrit une ballade acoustique, c’est pour l’appeler Zombie Eaters. Enfin, juste l’intro est acoustique, après ça dégénère, forcément.

L’autre album fortement représenté est Angel Dust, moins direct mais plus expérimental, et sans aucun doute une influence majeure de plus ou moins n’importe qui qui a tenu ue guitare dans la seconde partie des années 90. Tous ses morceaux s’y retrouvent, comme le phénoménal et schizophrène Caffeine, l’implacable Malpractice. l’irrésistile poésie de Be Aggressive ou encore A Small Victory, qui débute de manière disons accessible avant de partir en tangentes. En fait, on devrait parler de chaque chanson individuellement, mais il serait bien plus simple de se procurer Angel Dust de toute urgence, un des meilleurs albums de tous les temps, voilà.

La suite de l’anthologie reprend les meilleurs moments des deux derniers albums, King For A Day, Fool For A Lifetime et Album Of The Year. Il y en a un paquet, donc l’énorme Digging The Grave ou les plus conventionnels (façon de parler) Ashes To Ashes ou The Lost Art Of Murder. Il n’empêche : le départ de Jim Martin, après Angel Dust, est clairement un point de rupture pour un groupe qui n’atteindra plus jamais le (très haut) niveau où ils se trouvaient.

Enfin, le troisième disque fait la part belle aux extraits live et autres raretés : on peut réentendre la légendaire reprise de War Pigs live à Londres ou quelques reprises. Dans ces dernières, on se souviendra d’Easy, version fidèlement ironique du hit de Lionel Richie qui offrira au groupe un succès commercial étonnant et sans aucun rapport avec le reste de sa production.

La voix de Mike Patton marque les esprits. Il est vraiment capable de tout, rappeur, crooner, hurleur : tout y est. Tout, ou presque : la myriade de projets entrepris par notre homme après la séparation de FNM y ajoutera les chapitres éructations death metal et onomatopées (Fantomas, General Patton, Moonchild, et j’en passe allégrement). Faith No More était un groupe, ceci dit, et les innovations en matière de jeu de guitare et de rythmes valent aussi le déplacement. Le guitariste Jim Martin a apparemment disparu de la circulation, mais le batteur Mike Bordin s’est fait un nom, accompagnant Jerry Cantrell et Ozzy Osbourne, entre autres.

On pourrait encore en parler pendant des heures, de la confusion des genres, par exemple : Crack Hitler incorpore du hip-hop, du metal, du funk, et des trucs qui n’ont sans doute pas encore été inventés. Faith No More est un des groupes les plus important des années 90, et ils continuent à influencer aujourd’hui. The Works démontre pourquoi, et pour cela, est une des écoutes obligatoires de 2008.