Longtemps considéré comme le plus probable successeur de Pantera au titre de groupe metal de référence, Lamb Of God a maintenant sorti un album de plus que leurs collègues sudistes (du moins si on ne compte que la période Anselmo), et n’est donc plus le jeune groupe qui a autrefois cassé la baraque avec New American Gospel et As The Palaces Burn. Lamb of God est donc arrivé dans la comfort zone, où ils n’ont plus qu’à sortir un album médiocre tous les trois ans, un Ozzfest et une tournée sponsorisée par Jägermeister pour finir le mois. WRONG.
Wrath est un album solide, puissant, convaincant qui cimente la place de Lamb of God pas seulement comme fer de lance du New Wave of American Metal or whatever it’s called, mais comme artiste majeur de l’histoire du metal. D’ailleurs, pour mieux coller à cette histoire, ils n’hésitent pas à commencer par quelques accords de guitare acoustique, comme dans les deux bons albums de Metallica. Heureusement, ça s’arrête net quand la batterie de Chris Adler envoie une série de blast beats dont il a le secret, 40 minutes de rage sonore quasi ininterrompue peut alors commencer. Innovateur, Lamb of ne l’est plus vraiment : ils sont tranquillement installés dans leur subgenre, en essayant de le faire le mieux possible et de varier légèrement l’album en album, parfois en envoyant plus de solos, ou alors, comme ici, en se focalisant sur l’aspect très roots des morceaux : là où Metallica a réussi à sortir deux albums totalement pourris d’un point de vue qualité sonore, LoG réussit, sans production glossy, a sonner très vrai, à commencer par Randy Blythe, qui, lui, est certainement le meilleur vocaliste metal depuis Phil Anselmo, compensant une gamme moins large par une agressivité sans faille.
Roots, c’est un terme qui leur correspond bien. Contrairement à d’autres groupes metal contemporains comme Trivium ou (gasp) Dragonforce, Lamb of God ne fait jamais dans la démesure ou la prétention, ce qui crée une certaine austérité ressentie tout au long de l’album. Passé les quelques premiers morceaux, on peut rester admiratif devant les morceaux et parfois, la technique employée (Chris Adler est un excellent batteur), mais force est de constater que tout cela semble se répéter au fur et à mesure que les morceaux s’égrènent. Blythe (qui semble ne pas vouloir rentrezrr dans une période ramollie à la Corey Taylor) et Mike Morton (guitare) font en sorte qu’on ne s’ennuie pas, l’un grâce à ses voix passionnées, l’autres par des riffs secs et bien sentis. Les tempos sont généralement assez élevés et tournent parfois à la folie pure (Contractor, Grace).
Lamb of God est le groupe metal des groupes metal contemporains. Modèle pour la nouvelle génération, ils ont le bon goût de ne pas totalement changer leur style en continuant à évoluer. Enfermés dans un genre limité par essence, ils réussissent à en tirer le meilleur, et ce depuis dix ans. Il reste à espérer que leur carrière se passera mieux que celle du groupe à qui on les a trop souvent comparé.