On dit souvent qu’un tel album est « essentiel », « doit figurer dans tout collection », etc etc. C’est parfois vrai, parfois beaucoup moins. Dans ce cas, c’est complètement et totalement indéniable. Sur un album se trouve la totalité des enregistrements sortis officiellement par Minor Threat, alias le groupe qui inventa le hardcore.
47 minutes, 26 morceaux, et l’idée de jouer le plus violemment, le plus rapidement et le plus intelligemment possible. Minor Threat, emmené par le légendaire Ian MacKaye, faisait de la musique pour le peuple, pour l’underground. Il a permis le lancement du mouvement « straight edge », d’après le morceau du même nom : une éthique de vie qui refuse toute intervention extérieure sur le corps et la personnalité, pas d’alcool, de drogue, de nourriture animale et d’origine douteuse, voire dans certains cas extrêmes, pas de tatouages.
Tout musicien faisait de la musique dite dure doit écouter Minor Threat, et l’a sans doute déjà fait : dans son album de reprises, Slayer a repris quatre morceaux de Minor Threat (en réinterprétant Guilty of Being White dans leur classique ton raciste, soit). Thrice, ou encore Rage Against The Machine (welcome back!) ont aussi repris du Minor Threat.
En écoutant la compilation, qui couvre donc les trois petites années d’existence du groupe (1981-83), on remarque que le groupe a pris de temps d’évoluer, les derniers morceaux étant plus construits, moins directement in your face. Ceci dit, il est évident que la formule était extrêmement limitée, et ne pouvait pas durer. MacKaye saborda donc le groupe, pour former le non moins légendaire Fugazi quelques temps après.
Un petit mot sur Dischord Records, le label crée par MacKaye : depuis le début, il met un point d’honneur à vendre sans intermédiaire leurs artistes, au prix invariable de 10 dollars par album. Et il existe toujours, so fuck the majors (and fuck iTunes).
MacKaye, et Minor Threat ont été d’une importance capitale dans le développement de la musique indépendante telle qu’on la connaît maintenant, autant du côté artiste que du côté business. Leur influence ne doit jamais être oubliée.