Il est vrai que le disque était fort bon, malheureusement, comme souvent, le second ne fut pas à la hauteur. Longue pause, séjour en désintox, les clichés ont défilé, ce qui fait qu’on ne mourait pas spécialement d’impatience d’entendre le nouvel album du quatuor de Leeds.
Tant mieux : l’effet de surprise est d’autant plus grand. Parce que Strength In Numbers, même s’il n’inversera pas le réchauffement climatique, est un album tout à fait décent, avec quelques morceaux brillants.
Le morceau-titre entame l’album avec un rythme infernal et un refrain à soulever le Stade de Wembley. La voix de Robert Harvey fonctionne très bien, et a évolué en diversité, tout en gardant ce caractère fédérateur. Quand la machine tourne, The Music sonne comme une über-version des Chemical Brothers (l’album est coproduit par l’ex-Orbital Paul Hartnoll) avec une douzaine de John Squires, le tout scandé par Richard Ashcroft. On trouvera pire, comme comparaison. Fire est carrément immense, Get Through It irrésistible, et Drugs commence par la ligne de basse de Heart Of Glass, ce qui leur apporte directement toute ma sympathie.
Restons réalistes, tous les morceaux ne sont pas du même niveau, et clairement, les chansons lentes n’arrivent pas à décoller. De plus, les paroles de Harvey gagneraient à être un peu plus imagées. Un titre comme « Drugs » ne va pas inspirer grand monde. Il n’empêche, le mur du son mis en place est d’une efficacité redoutable, et serait totalement dévastateur dans une plaine de festival. De plus, malgré un sentiment d’homogénéité, les morceaux possèdent généralement un petit quelque chose, un élément individuel qui les rendent intéressants : parfois c’est le jeu de guitare (No Weapon Sharper Than Will) ou l’utilisation de l’électronique (The Last One).
Et même si Cold Blooded sonne vraiment comme une version 2008 des Stone Roses (ce qui n’est après tout pas une mauvaise chose), on ne boudera pas son plaisir : non seulement Strength In Numbers est un chouette album, mais il relance ses concepteurs dans le paysage musical contemporain, leur rendant une place qu’ils n’auraient pas du quitter.