Je vais finir par ouvrir un nouveau site, BucketheadBox, ou je parlerai de chaque album avec Buckethead dedans, j’en aurais assez pour en faire un par semaine… Il est vrai que, vu que je n’ai pas été élevé par des poulets, j’ai du mal à comprendre son extraordinaire fertilité, avec une bonne trentaine de disques l’an dernier, quand même. Attention cependant : ici, on ne parle pas que de Buckethead mais d’un groupe dans lequel il n’est que « simple musicien » : Praxis est en effet le projet du bassiste expérimental (et fabuleux) Bill Laswell.
D’abord, une simple précaution. Pour, semble-t-il, des raisons de droits entre les différents représentants des intervenants, l’album n’est sorti qu’au Japon. Il faudra donc l’importer ou le pirater pour l’écouter, mais vu la qualité, c’est presque une obligation. Outre Laswell et Buckethead, on retrouve régulièrement Bryan « Brain » Mantia (Primus, Serj Tankian) à la batterie et la légende de Parliament/Funkadelic Bernie Worrell aux claviers. Lineup all star expérimental donc, et ça s’entend.
Il est vraiment impossible de trouver quelque chose à dire musicalement, tant individuellement, Buckethead, Brain et Laswell sont époustouflants, surtout grâce à leur entente parfaite : ils pourraient s’octroyer des longs solos, mais ils ne le font pas, sauf Buckethead, et encore, quand c’est nécessaire. Et là, il enterre tout sur son passage. Un des plus grands guitaristes de tous les temps.
Mais ce qui est fantastique, c’est que l’album est relativement accessible. Worship, par exemple, a un vrai refrain clair (qui me fait bizarrement penser à Rob Zombie, c’est grave?). Mais dès les premières attaques death metal du bien nommé Caution, on sait qu’on rentre dans un long et périlleux voyage. Même les guides familiers ne nous aident pas tellement : Iggy Pop est encore plus inquiétant que d’habitude, Patton ne chante fatalement pas (mais son morceau s’appelle Larynx, aussi – un morceau qu’on aurait appelé, dans mes jeunes années, jungle), et Serj Tankian, eh bien, fallait pas s’attendre à quelque chose de classique.
On passe souvent du metal quasi death au funk totalement funk (Bernie, Bernie), avec des élements de drum and bass, d’avant garde (la collaboration avec le batteur Tatsuya Yoshida) voire de prog avec l’extraordinaire morceau de fin, qui montre un Buckethead en pleine maîtrise de son art, privilégiant l’atmosphère à la technique pure. Ce qui en fait un album déroutant parce que très varié : c’est d’autant plus incroyable, vu que Laswell, Brain et Buckethead sont de presque tous les morceaux, mais arrivent à changer de genre avec une aisance étonnante. Ce qui fait que l’extrait proposé ci-dessous n’est évidemment pas représentatif de l’album, rien ne l’est. Même si j’ai essayé.
Profanation ne sera pas un succès commercial (ben non) et sera sans doute omis des websites/magazines trop généralistes. Mais comment 2008 pourrait sortir un album plus époustouflant, aucune idée, mais bon courage à ceux qui vont tenter.