Cela ne nous rajeunit pas, et tout ça, mais l’année prochaine marquera le dixième anniversaire du premier album de Slipknot. Ce fut un choc sensationnel, à l’époque. Neuf types issus de Fucktown, Iowa, en boilersuits numérotés et munis de masques inspirés de différents classiques d’horreur faisaient un boucan pas possible et se distinguaient pas leurs concerts invraisemblables où les membres n’étaient jamais ensemble sur scène en même temps : dans le public, sur les hauts-parleurs, au-dessus des échafaudages, on en trouvait partout.
Leur image n’était pas la seule chose remarquable : leur début, Slipknot, était innovateur et le second (Iowa) restera sans doute à jamais un des albums les plus heavy/malsains jamais enregistrés. Ensuite, ils se séparèrent momentanément, et rien n’allait plus jamais être comme avant. Les deux personnalités qui, musicalement parlant, sortaient du lot se sont fait un nom ailleurs. Le batteur Joey Jordison créera le glam-metal Murderdolls et jouera pour (excusez du peu) Korn, Ministry, Metallica ou encore Marilyn Manson, tandis que Corey Taylor (et le guitariste Jim Root) se retrouve dans Stone Sour, combo de rock mélodique assez léger.
Toutes ces influences se retrouvèrent dans le bien mou Vol 3., et donc, on attendait un retour au heavy, qui avait de plus été annoncé par le percussioniste psychopathe Sid « Clown » Crahan. Force est de constater de Crahan n’a pas vraiment dit la vérité. Oui, All Hope Is Gone comprend son lot de riffs et de grosse caisse, mais il sonne souvent plus Stone Sour que Stone Sour. Ce n’est peut-être pas nécessairement un mal, mais ce n’est plus vraiment Slipknot.
On commence très heavy, avec Gematria (The Killing Name) qui est vraiment excellent, violent, puissant et encourageant. Mais très vite, on sombre. On avait pris l’habitude des voix claires, et même si cela peut surprendre, Taylor chante très juste. Mais souvent, on tombe carrément dans le classic rock. Á peu de choses près, on prend Psychosocial ou Dead Memories et on a le Black Album. La question est, est-ce une bonne chose? Ils retombent parfois dans l’expérimental à la Iowa (Gehenna) ou dans le très heavy (This Cold Black), mais pour les faire suivre de Snuff, qui sonnerait ridiculement léger et emo pour… Stone Sour.
On a l’impression que Slipknot a voulu faire de All Hope Is Gone un récapitulatif ce qu’ils pouvaient faire, de l’étendue générale de leurs capacités. En résulte un manque de cohérence, et un sentiment permanent de montagne russe. Le bon con cotoie de douteux et le carrément dispensable, et on se tournera rapidement vers leurs deux premiers albums, quand « concession » ne faisait pas encore partie de leur vocabulaire. Si All Hope Is Gone est leur épitaphe, elle n’est vraiment pas adaptée. Dommage.