Derrière le nom un peu limite The Tears, on retrouve deux figures légendaires de la pop anglaise, Bernard Butler et Brett Anderson. Tous deux à l’origine de Suede (deux albums ensemble), ils se sont brouillés il y a une dizaine d’années, ce qui a forcé Butler à quitter le groupe. Suede a continué pendant trois albums (de moins en moins bons), Butler a sorti deux albums avec David McAlmond, et a produit le premier single des Libertines (What A Waster).
Leur réunion, comme celles (qui n’ont pas encore eu lieu) de Morrissey et Marr, de Ian Brown et John Squire était inévitable. Le résultat est cet album, sorti en tant qu’album de The Tears, mais on sait ce qu’il y a derrière, et on s’en rend très vite compte : quand Anderson chante « we’re two creatures on the run », on sait de qui il s’agit. Here Come The Tears réussit le challenge de sonner comme Suede, sans jamais vraiment y ressembler : Anderson ne change pas sa manière de chanter, ni son vocabulaire, fait de « cigarette smoke », de « polystyrene » et de « neon lights » : on n’est pas surpris, mais on ne voulait pas l’être non plus. Butler est plus discret qu’à l’époque glorieuse de Dog Man Star, mais ses arrangements font souvent mouche. L’album est assez hit-and-miss, mais on retrouve suffisamment de bons morceaux pour qu’on soit rassuré quand au potentiel créatif des deux hommes. Here Come The Tears n’est donc pas parfait, loin de là (quelques longueurs, et trop peu de morceaux accrocheurs), mais on doit le considérer comme un premier album.