Bref, Visqueen, dernier album des pionniers new yorkais d’Unsane (20 ans de carrière, quand même), est stupéfiant du début à la fin. Étonnant, parce qu’il ne semble pas obéir aux formules connues. Même si la musique du groupe est lourde, parfois carrément violente, elle ne recherche jamais la sauvagerie, préférant l’intensité à la vitesse. Les rythmes sont parfois fatalement comparables à Black Sabbath, mais tout groupe heavy qui ne joue pas comme Cannibal Corpse finit tôt ou tard par être comparé à Sabbath. Ceci dit, les bases sont foncièrement hardcore, par essence : le groupe joue tel qu’il l’entend (ou ne l’entend pas, tant la basse est surpuissante) et le vocaliste ne chante pas, n’hurle pas, mais vit ses paroles, sans trop se soucier des sons qui en sortent.
Peu de compromis sur l’album, qui ne commence pas pour rien par Against The Grain (référence à Pantera? Peut-être). Pas non plus de structure classique, de refrains reconnaissables, ou de démonstrations techniques. Non, Unsane font juste ce qu’ils ont envie de faire, et contrairement au boss de leur label (Ipecac, donc Mike Patton, qui a parfois tendance à diluer ses talents), le font très très bien, avec passion et talent. Mais forcément, Visqueen n’est pas une écoute facile, vous l’aurez compris. L’album est très heavy, et le dernier morceau pourrait sans problème servir d’accompagnement sonore au film d’horreur le plus effrayant de tous les temps. En dépit de ce climat peu user-friendly, Visqueen est une réussite éclatante, la preuve définitive que le rock heavy ne mourra jamais, tant qu’il y en aura pour pousser de plus en plus loin ses limites, si limites il y a.