Évidemment, X&Y va se vendre par camions, encore plus que les précédents. D’ici quelques années, voire quelque mois, Coldplay va remplir des stades de par le monde, exactement comme U2 maintenant. Chris Martin est devenu une personne universellement connue, et qui utilise sa notoriété pour des fins apparemment non-lucratives. Tout ça n’est pas à la portée du premier groupe venu, mais très honnêtement, est-ce que Coldplay le vaut vraiment ?
Au risque d’attirer encore plus de commentaires négatifs, autant le dire tout de suite : X&Y est détestable. Chaque seconde de l’album est formatée pour rentrer insidieusement dans chaque ménage, pour combler chaque membre de la famille, quelque soient ses intérêts. En résumé : les paroles sont atroces, suffisamment générales pour être comprises par tout le monde, et considérées comme *universelles* (pensez Noel Gallagher, avec en plus terribles batailles existentielles, genre qui suis-je, ou vais-je, et est-ce cette pomme est bio ou pas ?), la musique est à tout casser quelconque, entre gros son d’orchestre et ballades acoustiques qui feront pleurer les ados après un chagrin d’amour, et les fans de je ne sais quelle équipe de foot après une nouvelle défaite.
Jonny Buckland, le guitariste, réussit une imitation absolument splendide de The Edge, on a rarement vu l’effet de délai autant abusé dans un album non parodique. Quant à Mr Gwyneth Paltrow, on ne peut pas dire qu’il chante mal, mais bon, il chante, c’est tout. Les quelques rares bonnes idées de l’album sont noyées dans le grand-guignol sous-spectorien (le riff de Talk recyclé du Computer Love de Kraftwerk par exemple), et les morceaux sont bien trop longs (Low commence bien, mais perd très vite son fil). En fait, l’album est calibré et arrangé entre morceaux vaguement enlevés et ballades mielleuses, histoire de varier un peu les singles (pronostic : What if et White Shadows en seront, même si l’album regorge de singles potentiels)