Les sorties d’album pendant les mois d’été sont assez rares, raison de plus pour s’intéresser à un nouveau groupe, dont le premier album n’a pas été si hypé qu’il aurait pu être. Comme la filière NME ne sait pas parler de musique sans faire des tonnes de comparaison, on va bien devoir les associer avec Razorlight : la voix du chanteur est relativement semblable (faut pas pousser non plus), et on retrouve aussi chez Dogs une certaine intensité. Maintenant, ça s’arrête là : Razorlight sont quand même bien gentils et assez inoffensifs, alors que Dogs est plus abrasif, plus violent, pour turbulent. Et, disons-le, meilleur.
Pourtant, Turn Against The Land commence relativement calmement, avec l’intro de London Bridge. Mais c’est avant que Johnny Cooke n’éructe le refrain avec le sneer de Johnny Rotten : pretty n’avait plus sonné aussi naughty depuis Pretty Vacant. L’intensité, caractéristique principale de cet album, ne descendra plus : Selfish Ways continue le thème récurrent de l’album (les relations amoureuses foireuses), avec quelques rimes phénoménales (« selfish ways / elvish face » ?), et autant de détours mélodiques qu’un morceau de Biffy Clyro (commence comme un bon Strokes et traverse un refrain de punk pur); Donkey est un brûlot à thème sentimental (« Shed your load / Your donkey’s come home ») ; End of an Era aussi, mais avec un autre thème (« What a wanker! / What a wanker! / I’m getting away from here! ») ; It’s Not Right est violent sans être inutilement bruyant ; alors que She’s Got a Reason se finit avec le fabuleux refrain I like you better when you liked as well).
La seconde partie de l’album surprend moins : la recette est maintenant connue. Tarred and Feathered et Tuned to a Different Station sont moins biscornus, alors que l’album se finit plus calmement, avec l’épique Red et une piste cachée acoustique.
Contrairement à Razorlight, la voix ne devient pas vite fatigante, mais c’est sans doute dû aux excellents musiciens : la section rythmique est irréprochable et le double jeu de guitare est très inventif, techniquement splendide et bourré d’idées.
Finalement, plus que la qualité musicale indéniable, c’est l’état d’esprit de groupe qui saute aux yeux : ils en veulent. Aucun d’eux n’est accro à l’héro, ne sort avec Kate Moss, mais ils sont bien plus rock n roll que cette pauvre épave de Pete Doherty.