Il a fallu quatre albums pour que Blur se défasse de son étiquette de groupe populaire pour passer la vitesse supérieure, avec leur excellent album éponyme. Blur faisait suite au fameux The Great Escape, pas mauvais en soi mais trop proche de leur précédent, Parklife.
Supergrass a un peu déçu avec Life On Other Planets, album plein de bonnes intentions et mélodies mais trop formaté, trop proche de leur production habituelle. Difficile à dire si le groupe a suivi l’exemple de Blur, mais Road To Rouen marque définitivement une grosse cassure pour le groupe, juste après leur compilation anniversaire Supergrass is 10. C’est d’ailleurs la seule comparaison valable entre les deux groupes : là ou Blur lorgna vers l’indie US (surtout Pavement), Supergrass revisite les atmosphères psychédéliques, entre Pink Floyd et The Beatles.
L’étrangement titré Tales Of Endurance Part 4, 5 and 6 semble bizarre a la première écoute, mais très vite, on se rend compte qu’il s’agit ni plus ni moins qu’un des meilleurs morceaux jamais joués par le groupe. Faisant irrémédiablement penser aux guitares traînantes de Wish You Were Here, le morceau s’articule autour d’une superbe ligne mélodique, qui se découvre peu à peu, se fait oublier avant de revenir en force.
St Petersburg est de loin le single le plus mélancolique, néanmoins battu par le superbe Roxy, ballade emmenée par un mellotron évidemment très Beatles. Le tout est très subtil, mais semble parfois un peu brouillon, comme démonté dans Road To Rouen, aux influences bizarrement Talking Heads. Kick In The Teeth est la seule concession au son classique Supergrass, alors que les deux morceaux de fin (Low C et Fin) terminent un album court, mais qui n’a sans doute pas fini de dévoiler toutes ses surprises.