Black Rebel Motorcycle Club s’était fait connaître il y a quelques années d’ici, avec un bon mais inégal premier album éponyme et l’imparable single Whatever Happened To My Rock n Roll. Le second album était malheureusement beaucoup moins mémorable, et le groupe semblait fini : plus de contrat, et un batteur qui semblait oublier de se rendre à ses concerts.
Un troisième album semblait donc assez improbable, mais le voilà, et quelle surprise. BRMC, pour ceux qui ne connaissent pas, alliaient l’attitude d’Oasis avec un son puissant plus qu’inspiré de Jesus And Mary Chain. Et les voilà maintenant avec une collection de morceaux country/blues/gospel ancrés dans l’Amérique très profonde. Pas un seul accord bruyant de guitare électrique, pas de pédale fuzz. Ici règnent la slide guitar, le rythme sec, l’harmonica et l’introspection.
Les deux premiers morceaux donnent le ton, avec ces paroles : « Time won’t save our souls », suivi un peu plus tard de « I don’t wanna be saved ».
Howl, dont le titre (et beaucoup plus) est inspiré d’Allen Ginsberg possède une âme. La même que celle qu’on retrouve dans les meilleurs albums de Johnny Cash, celle d’artistes dont les instruments sont le prolongement de leurs corps, dont la voix exprime ce que l’homme n’ose pas dire.
Même si tout le monde sera surpris par cet album, il est très difficile d’être déçu, même sans repères dans la monde de la country, et de Jesus of Americana. Howl est émouvant, bien exécuté, et jamais ennuyeux. On se surprend même à se demander pourquoi le groupe n’a pas fait ce genre de musique depuis le début, tellement ils sont à l’aise dans ce style, original même si très influencé (Complicated Situation évoque très fort Dylan).
Howl ne plaira pas à tout le monde, et risque d’en décevoir certains, mais sa pure beauté en fait un incontournable, et un exemple magistral de réinvention musicale.