C’est peut-être difficile à croire, mais il fut un temps au Placebo ne sortait pas des morceaux ennuyeux, des albums inutiles et des concerts moyens. Il fut un temps où Placebo ne vendait pas des albums par camions, où il n’était pas un des plus gros groupes d’Europe. Il fut un temps où Placebo était excellent.
Tout commença par cet album, qui, pour un premier album, est vraiment très bon. Son seul gros défaut était une production et un mixage assez mous, ce qui a été en grande partie résolu sur la toute nouvelle édition remasterisée.
Avant les duos avec Michael Stipe et les infâmes collaborations avec la sangsue d’Indochine, Brian Molko était un jeune homme méchamment enragé, qui questionnait le monde sur sa place sans celui-ci, son but, et évidemment son ambiguïté sexuelle (qui fait sourire quand on voit le Brian de 2006, père de famille modèle). De plus, sa voix n’avait pas encore acquis son caractère énervant, et au contraire participait à la rage des morceaux, brûlots punk tendance industrielle emmenés par des riffs assassins (Nancy Boy, sans doute toujours leur meilleur morceau, Bruise Pristine, Bionic), une basse bondissante et des petits emprunts par-ci par-là, comme le solo très Joey Santiago de 36 Degrees. Les morceaux plus calmes ne diminuent pas la qualité de l’album, comme l’excellent Lady of the Flowers.
J’ai moi-même été surpris de la qualité de cet album, fatigué de Placebo que je suis depuis quelques années. Je conseille donc la version remasterisée (avec quelques morceaux bonus assez anecdotiques et un DVD) ainsi le second album, celui de la consécration, Without You I’m Nothing. Ensuite, ça devient moins drôle.
Mais Placebo est un fantastique premier album, qui a très bien passé le test des dix ans. Ce qui n’est pas le cas de tout le monde…