Idlewild – Make Another World

On le répète à chaque nouvelle sortie des écossais d’Idlewild (c’est le sixième album) : une telle évolution dans le contexte assez fermé de l’indie rock actuel, c’est assez rare. Après des débuts punk noisy, et suivant une évolution progressive, le dernier album du groupe était plus calme, plus posé, mais très bien réalisé. Le chanteur Roddy Woomble ayant sorti l’an dernier un album solo au caractère nettement folk, on pouvait imaginer que les pédales de distortion allaient revenir en force. Et on n’avait pas tort, même s’il est clair que l’Idlewild période Hope Is Important n’existera plus jamais.

Le premier morceau rappelle directement 100 Broken Windows, paut-être le meilleur album du groupe, grâce aux guitares cinglantes, au jeu de batterie – enfin – rapide, et à la voix filtrée de Woomble. Alors, retour aux sources? C’est sans connaître le constant désir d’évolution, et surtout le refus de faire marche arrière qui caractérise le quintet depuis maintenant dix ans. Les deux morceaux suivants sont terriblement mélodiques, mais ne poussent ni sur le champignon ni sur l’excès de pathos. Très bien réalisé, mais on commence à avoir une petite peur : et si Make Another World était l’album pilote automatique? Make Another World, la chanson, est le morceau le plus hymne de stade jamais enregistré par Idlewild, et il faut le déferlement de décibels très attendu qu’est If It Takes You Home pour respirer un peu : non, le « REM écossais » ne se transforme pas en U2. D’ailleurs, la fin de l’album est dominée par les guitares, mais cette fois de manière plus construite et moins face-melting. Au rayon folk, Woomble n’avait pas tout pris pour son solo, il reste ici l’excellent Once In Your Life (du moins son début).

Make Another World est une photographie parfaite d’Idlewild en 2007 : mélange harmonieux entre guitares angulaires, sensibilités folk et paroles littéraire, entre brûlots rock avec solos et envolées matures. On regrettera peut-être que l’album semble trop calculé, ou du moins pas assez spontané, ce qui était justement la qualité principale de 100 Broken Windows, et dans une moindre mesure, The Remote Part. Un très bon album, cependant, mais inférieur à l’immense talent du groupe, qui tend à se disperser ces dernières années. Il est donc difficile de parler de déception, mais on attendait peut-être autre chose. On demandait sans doute trop.

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