2006 fut une année intéressante pour Kings of Leon : sans aucune actualité discographique, ils ont joué en première partie de Dylan, U2 et Pearl Jam, excusez du peu. Il faut dire que le groupe ne manque pas de qualité, et de culture musicale, comme le prouvent leurs deux excellents albums. Arrive maintenant le troisième, qui a la difficile tâche de repousser les limites fixées par le superbe Aha Shake Heartbreak.
De manière aussi flamboyante que surprenante, le défi est réalisé. Because Of The Times est, jusqu’ici, le meilleur album de 2007. Tout aussi surprenant est le premier morceau : combien de groupes commencent un album avec un morceau de sept minutes? Et surtout, combien réussissent à allier l’atmosphère guitaristique des premiers U2 avec une rythmique implacable, et surtout, surtout, la voix de Caleb Followill. Ce dernier sera un des chanteurs légendaires du rock, aux côtés des Eddie Vedder, Chris Cornell et Layne Staley, j’en prends les paris. Il possède un style bien à lui, alliant accent sudiste à envolées parfois difficilement compréhensibles, et totalement inimitable.
Moins inimitables sont les référence évidentes : Charmer est tellement Pixies qu’on attend presque des paroles en espagnol, mais le morceau est tellement bien foutu qu’on ne peut pas leur en tenir rigueur. On Call rappelle aussi la pédale de délai de The Edge, alors que les autres guitares sont parfois Stone Gossard, parfois Mike McCready. Mais une fois de plus, il s’agit plus d’inspiration que de pâle copie, tant le talent éclabousse l’auditeur. La première moitié de l’album est complètement in your face, rapide, grunge (oui!) et sans concession. Ensuite, les choses se calment, et l’ambiance devient plus introspective. De fait, les morceaux deviennent moins immédiatement mémorables, mais tout aussi bien construits et exécutés. Les choses se terminent avec le superbe et traînaillant Arizona, qui me rappelle très bizarrement Will You Be There de Michael Jackson. Mais c’est sûrement dans ma tête.
Because Of The Times est un grand album, d’un calibre rarement obtenu de nos jours. Avec lui, Kings Of Leon ont largement de quoi conquérir un public plus large, mais on préférerait certainement les garder pour nous, et ne pas laisser ces quatre gamins (ils n’ont encore jamais que 23 ans de moyenne d’âge) prendre des chemins plus faciles, plus commerciaux, moins intéressants. Mais quel album.