C’est apparemment l’album de la maturité, pour Linkin Park. On le remarque tout de suite : ils ont l’air très sérieux sur les photos de presse, il y a moins de rap dans les morceaux, ils disent des gros mots, et parlent de la guerre en Irak. Un groupe qui tente d’évoluer, et de sortir d’un genre qu’ils ont aidé à populariser, c’est une bonne chose, c’est un acte courageux. Mais faut-il encore pouvoir assurer. Et passer d’un rapcore basique mais efficace à un emo pleurnicheur n’était pas la bonne solution.
Minutes To Midnight comprend quelques bonnes idées, dont des riffs bruts, mais l’exécution n’est pas évidente. Rick Rubin, l’homme qui produit trente mille albums par an, n’a sans doute pas accordé beaucoup d’importance à celui-ci : comment a-t-il pu laisser passer les faux claquements de mains qui rythment Given Up? Et quand on a un batteur, autant l’utiliser. Mais ce n’est pas le pire. Le pire, c’est que l’album est ennuyeux, et totalement oubliable, jusqu’aux ballades uberemo qui auraient du rester dans un tiroir. Et les solos de guitare de quatre notes. Linkin Park a tenté de diversifier son son, et le résultat est pitoyable. Ils n’ont certes jamais volé plus haut que de la musique facilement consommables pour ados (de mauvais goût) en détresse, mais ils touchent ici le fond des bacs à cinq euros. Ce qui est déjà mieux que la suite de leur carrière, qui va probablement finir droit dans un mur. On en reparlera, ou pas, finalement.