Girls In Hawaii – Plan Your Escape

Beaucoup de bien a été dit de Girls In Hawaii, fer de lance d’une scène wallonne dont la médiatisation était digne du NME. Après une première campagne assez réussie, les voilà à l’heure du second album, et donc d’une certaine confirmation, voire d’un élargissement de leur public, ce qui pourrait effectivement se passer.

Plan Your Escape est un album frustrant à écouter, et à chroniquer. D’abord, parce qu’il est bon. Subtil, riche, il ferait presque (presque) oublier la disparition de Grandaddy, influence majeure et point de référence constant. Mais il est donc frustrant parce que ses petits défauts sont tellement proéminents qu’ils déforcent grandement un album qui aurait pu être excellent.

Premier, et plus important, point de discorde, tout ce qui concerne la voix. Je n’ai jamais considéré le fait de savoir chanter juste comme un problème, mais là… Le chanteur a tellement peu confiance en sa voix qu’elle est systématiquement enfouie, filtrée, déformée, à un tel point que c’en est franchement irritant. La lo-fi, c’est bien, les carences dissimulées, déjà nettement moins. Mais le pire, c’est quand on arrive à comprendre ce qu’il raconte, on le regrette amèrement, et encore, on ne parlera que peu du mauvais accent. Tout le monde ne sait pas chanter juste, ni chanter en bon anglais, mais tout le monde n’essaie pas.

C’est d’autant plus dommage que musicalement, l’album se tient. L’instrumentation est fort variée, et chacun de six membres apporte sa contribution via une myriade d’instruments. Oui, l’album est un peu long et assez peu rythmé, mais c’est le point de vue choisi par le groupe, qui est tout à fait respectable. On pourra quand même regretter le fait que les seize morceaux donnent, au fur et à mesure, un certain sentiment de déjà entendu. Grasshopper, l’instrumental Road To Luna et le final Plan Your Escape sont d’heureuses exceptions.

Doit-on mettre tout cela sur le compte du légendaire complexe d’infériorité des groupes wallons. Non, parce que musicalement, GIH n’a rien de wallon, les cloisonner dans un mouvement artificiel serait tout à fait ridicule. On espère – vraiment – que les défauts de l’album seront pensés et améliorés pour la suite, parce que Girls In Hawaii a toujours un gros potentiel. Á cause de ses défauts (voix et caractère répétitif), Plan Your Escape est une grande occasion manquée, mais un album très correct, fourmillant de bonnes idées.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.