Comme pour le feu et l’eau, les thèmes ne sont pas qu’un prétexte : les morceaux appartiennent tous à leur élément, ce qui se réflète souvent jusque dans le titre (Broken Lungs, Silver Wings, Digging My Own Grave). De plus, l’ambiance musicale correspond : les morceaux de Fire étaient violents, ceux de Earth presque entièrement acoustiques.
On peut forcément être dubitatif face à une telle ambition, qui peut se confondre avec de la prétention démesureée : on est face à un quadruple album de vingt-quatre morceaux qui semble arrangé assez artificiellement. On pourra toujours leur tenir ce reproche, un peu comme on peut critiquer Mars Volta pour leurs titres invraisemblables et morceaux à rallonge. Reste qu’à l’écoute de l’album, on sent une cohérence, et un ensemble fort.
Pour les deux parties qui nous occupent (Fire et Earth étant évoqués ici), AirIllusion Of Safety, The Artist In The Ambulance). Thrice arrive à trouver un bon compromis entre expérimentation (cela peut sembler évident, mais aucun morceau d’Alchemy Index n’est vraiment “facile”) et relative accessibilité. A Song For Milly Michaelson, par exemple, aurait très bien plus se retrouver sur Adore (Smashing Pumpkins), sans la voix geignarde de Billy Corgan, et est un bon exemple du caractère – fatalement – aéré du disque. Ajoutons à ça la force de Broken Lungs ou la mélodie captivante de Daedalus (morceau intégralement passionnant) et on ne serait pas loin de penser qu’Air est le meilleur quart de l’album.
Earth, comme déjà évoqué, est majoritairement acoustique, et rappelle parfois l’atypique Howl, de Black Rebel Motorcycle Club, en plus mélancolique : c’est une autre occasion pour Dustin Kensrue de montrer qu’il sait faire bien plus qu’hurler, sa voix se prête à beaucoup de choses, dont le quasi soul Moving Mountains. Sans trop sombrer dans le pathos, l’ambiance est largement dans l’introspection, ce qui fait de cette partie une autre réussite, encore plus qu’un Fire “simplement” violent et Water un peu trop dissolu.