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A Perfect Circle – eMOTIVE

« Supergroupe » centré autour de Billy Howerdel et Maynard James Keenan, et comprenant des membres des Smashing Pumpkins, Tool, Zwan et The Vandals, A Perfect Circle vient de sortir ce qui va être considéré comme un des pires albums de l’année.

Leur premier album, Mer de Noms, était très bon, même s’il servait plus de passe-temps en attendant le nouveau Tool. Le second était passable, et maintenant le groupé décide de sortir un troisième à la va-vite, pour deux raisons probables. Premièrement, ils se sont rendu compte (un peu tard, mais pas aussi tard qu’Eminem) qui fallait faire de la propagande anti-Bush ; ensuite, c’est leur dernier album pour Virgin, avec qui ils sont en conflit ouvert. On se retrouve donc avec un nouvel album comprenant zéro nouveau morceau, mais un remix, un « inédit » (en fait sortant des sessions Tapeworm de Trent Reznor) et dix reprises de morceaux politisés (venant de John Lennon, d’Elvis Costello, de Joni Mitchell, de Marvin Gaye ou encore de Black Flag).

On en ressortira pas grand chose, Passive (l’inédit studio) est de loin le meilleur morceau, et les reprises sont souvent pitoyables. Vous vous rappelez de celle de Kashmir par Puff Daddy ? Les violons lourds ? Eh bien, même traitement pour Imagine. What’s Going On, (What’s Wrong About) Peace, Love and Understanding sont valables, mais sans plus, et le reste est à oublier, sauf si on veut observer de loin la trajectoire d’un groupe, du très bon au très mauvais.

Manic Street Preachers – Lifeblood

On aura toujours quelque chose à dire sur les Manic Street Preachers. On connaît leur histoire très troublée, leurs différentes périodes (hard rock-industriel-stadium rock-n’importe quoi), et on ne pourra jamais leur reprocher de se remettre en question. Leur dernier album studio, Know Your Enemy était leur moins bon, et ils ont décidé de le faire suivre par ceci, décrit par le parolier-bassiste Nicky Wire comme de la pop élégiaque.

En pratique, on trouve des morceaux très eighties, avec des basses Motown, des claviers omniprésents qui font parfois penser à U2 ou Simple Minds, on espère que ce n’était pas le but. Les points forts du groupe (guitare rageuse, critique socio-politique, voix puissante) sont presque toujours absents, et remplacés dans des morceaux plus introvertis, mais non dénués de bons moments. La mélodie de Glasnost (dont le titre prouve que non, on ne se refait pas), le superbe I Live To Fall Asleep, la basse de Always/Never, le bon single The Love Of Richard Nixon et quand même quelques grands moments de guitare de James Dean Bradfield. Mais bon, on croirait parfois entendre UB40 (l’intro du mauvais Emily), et les paroles de Nicky Wire ratent souvent leur cible (« collapsing like the Twin Towers… »). L’album se clôture sur un poignant hommage à Richey Edwards, membre du groupe disparu (vraiment disparu, on a complètement perdu sa trace) il y a plus de dix ans.

En somme, Lifeblood est un bon album, mais on observe un groupe qui vieillit assez mal, et ce n’est jamais une bonne chose. Espérons qu’ils vont bientôt considérer les différentes options s’ouvrant à eux.

Travis – Singles

Compilation de singles pour les gentils écossais, qui n’ont jamais fait de mal à une mouche, et qui ne vont sans doute pas commencer. Leur premier single s’appelait All I Wanna Do Is Rock, et une dizaine d’année après, il n’ont toujours pas commencé. On retrouve ici pas mal de tubes anglo-saxons (qui sont passés plus inaperçus ici), comme Why Does It Always Rain On Me, Turn, Sing, et l’inédit Walking In The Sun. Appréciable à petite dose, si possible sur une scène de festival, gorgée de soleil, pendant cinq minutes. Mais sur disque, c’est presque aussi chiant que Norah Jones. Presque.

Death From Above 1979 – You’re A Woman, I’m A Machine

Hmmmm, un duo nord-américain avec un instrument majeur manquant, ça vous rappelle quelque chose ? Death From Above 1979 vient du Canada, et possède l’originalité de ne pas avoir de guitare, mais basse/batterie et parfois clavier. Contre toute attente, le résultat est détonnant. Les morceaux sont mus par une puissance rythmique apocalyptique, et profondément originale. La basse est utilisée comme rarement auparavant (même si l’ami Lemmy pourrait reconnaître deux-trois petites choses, comme l’intro de Going Steady), carrément comme nouvel instrument, tantôt simplement rythmique, tantôt comme lead, avec ou sans distortions sévères.

On passe du punk pur et simple (sans doute l’album d’essence punk le plus fort de l’année) à des morceaux plus dansants (Romantic Rights), et d’autres plus mélodiques, le tout servis par des paroles sarcastico-ironiques. Alors, bon, la comparaison inévitable avec les White Stripes peut être justifiée par une certaine simplicité des compositions, sinon, DFA1979 est bien plus vital que le duo de recyclage de Detroit. Violent, vital, viscéral, et obligatoire, un des albums de l’année, sans aucun doute.

Placebo – Once More With Feeling, Singles 1996-2004

Encore et toujours des compiles, et ça n’arrêtera pas d’ici Noël, pathétique, et à l’image de l’industrie du disque…Voici donc neuf ans de singles de Placebo repris ici : des débuts prometteurs (Nancy Boy, Teenage Angst), puis succès critique et commercial (Pure Morning, Without You I’m Nothing, Every You Every Me), et ensuite un déclin de plus en plus marqué (les albums Black Market Music et Sleeping With Ghosts) malgré quelques étincelles (Special K). Les deux inédits sont de bonne facture, sans plus. Le futur de Placebo n’est donc pas vraiment prometteur, mais ce best of permet de trouver le meilleur d’un bon groupe, mais quand même assez surévalué.