Le monde ne tombera jamais aux pieds de The Eighties Matchbox B-Line Disaster. Serait-ce à cause de leur nom ? De leurs paroles, disons, bizarres (l’album commence par « I Wanna fly like an eagle / I wanna sing like Sinatra / I got a date with destruction / I wanna love like a mother », et plus loin «What do we do with a boy like you / We put them in a pot and we throw them on the fire ») ? De la voix du chanteur Guy McKnight, la plus sombre depuis Peter Steele ?
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John Frusciante – Inside of Emptiness
Six albums en six mois, c’est l’ambition de John Frusciante (guitariste des Red Hot Chili Peppers). Celui-ci est le quatrième de la série, et déjà le cinquième album de John cette année. On pourrait donc craindre l’overdose, ou un accès d’égocentrisme. Même s’il y a certainement un peu de ça, la qualité et la diversité des disques sont la pour défendre l’entreprise. Automatic Writing était sorti sous le nom d’Ataxia, collaboration avec Joe Lally de Fugazi, le dernier EP (DC) était produit par Ian MacKaye, des mêmes Fugazi et cet album est encore différent, et montre un côte moins expérimental que le carrément bizarre Shadows Collide With People.
Wu-Tang Clan – Disciples of the 36 Chambers / Legend of the Wu-Tang
Deux albums en deux semaines, pourquoi pas… On commence par un live historique, historique vu qu’il est virtuellement impossible de réunir le groupe à un même endroit (sauf si c’est une prison ou un centre de désintox), sauf en cette occasion. Maintenant, un groupe rap live, qui plus est sans instruments, c’est généralement une grosse soupe pleine de basses et d’egos, et ce disque ne fait pas exception. La seule différence avec votre concert rap habituel, c’est la qualité des cuts, qui rappellent pourquoi le Wu est un des groupes des plus importants de l’histoire du hip-hop. Les morceaux dominants vient des deux premiers albums ainsi que des premiers solos, avant que la qualité commence à laisser sérieusement à désirer. Donne envie de réécouter les classiques, mais pas vraiment de se le repasser en boucle.
Frank Black Francis
Même si la réunion des Pixies (et un probable prochain album studio) est financièrement justifiée, Frank Black a régulièrement sorti des albums solos (assez médiocres en général), et organisé pas mal de tournées. Ceci dit, Charles Thompson (son vrai nom) a très rarement repris des morceaux des Pixies sans les musiciens concernés. Cet album est donc une curiosité de premier plan, et double, en plus.
Le premier disque, tout d’abord, a une valeur historique absolument inestimable, car il agit ni plus ni moins de démos acoustiques enregistrés par Black Francis (son nom de scène chez les Pixies) avant la première répétition du groupe. Bien sûr, il faut absolument connaître les versions finales, mais quand c’est le cas, c’est passionnant. Les morceaux sont presque complets, les paroles définitives. Black va même jusqu’à donner des indications au producteur, à jouer les parties de basse et de percussion sur son acoustique. Il est assez facile de comprendre les tensions qui ont minées le groupe, Black semble en effet être assez dictatorial, mais bon, ce sont ses chansons après tout. Les morceaux présents comprennent Broken Face, Caribou, Isla de Encanta, Holiday Song entre autres, ainsi que deux inédits.
Elliott Smith – From A Basement On The Hill
Les albums posthumes sont toujours une entreprise douteuse. Les morceaux exhumés frisent peu souvent le génie (les inédits des Beatles ou Nirvana, par exemple, étaient très loin derrière la qualité moyenne des deux groupes), et des artistes comme Jeff Buckley ou Tupac Shakur ont été exploités sans vergogne. On ne saura jamais ce qu’Elliott Smith, disparu violemment l’an dernier (suicide apparent d’un coup de couteau dans le coeur), voulait faire de cet album, maintes fois reporté, et qui aurait pu/du être un double album, montrant une progression sonore du calme au chaos.
Il n’en est rien, mais From A Basement On The Hill reste un très bon album. Il est difficile d’en parler sans sombrer dans l’épitaphe, mais Elliott Smith n’a probablement pas montré le quart de son talent. Des morceaux acoustiques tristes et tendus, de la pop 60s psychédélique, des arrangements chaleureux, des mélodies magnifiques, du rock pur, le tout porté par l’inimitable voix d’Elliott. Malgré les circonstances, FABOTH reste très personnel, et il est maintenant difficile de ne pas trouver un sens vaguement caché à toutes les paroles, qui peuvent facilement sonner comme des références au suicide, qui sont par ailleurs parfois très claires (« I can’t prepare for death any more than I already have », King’s Crossing), ou aux autres démons de l’artiste.
Très bel album, triste, gai, en tout cas très chargé en émotions. Surtout, pour un album posthume, il fait partie du meilleur d’Elliott, et mérite sa place aux côtés d’Either/Or et XO.