Les albums posthumes sont toujours une entreprise douteuse. Les morceaux exhumés frisent peu souvent le génie (les inédits des Beatles ou Nirvana, par exemple, étaient très loin derrière la qualité moyenne des deux groupes), et des artistes comme Jeff Buckley ou Tupac Shakur ont été exploités sans vergogne. On ne saura jamais ce qu’Elliott Smith, disparu violemment l’an dernier (suicide apparent d’un coup de couteau dans le coeur), voulait faire de cet album, maintes fois reporté, et qui aurait pu/du être un double album, montrant une progression sonore du calme au chaos.
Il n’en est rien, mais From A Basement On The Hill reste un très bon album. Il est difficile d’en parler sans sombrer dans l’épitaphe, mais Elliott Smith n’a probablement pas montré le quart de son talent. Des morceaux acoustiques tristes et tendus, de la pop 60s psychédélique, des arrangements chaleureux, des mélodies magnifiques, du rock pur, le tout porté par l’inimitable voix d’Elliott. Malgré les circonstances, FABOTH reste très personnel, et il est maintenant difficile de ne pas trouver un sens vaguement caché à toutes les paroles, qui peuvent facilement sonner comme des références au suicide, qui sont par ailleurs parfois très claires (« I can’t prepare for death any more than I already have », King’s Crossing), ou aux autres démons de l’artiste.
Très bel album, triste, gai, en tout cas très chargé en émotions. Surtout, pour un album posthume, il fait partie du meilleur d’Elliott, et mérite sa place aux côtés d’Either/Or et XO.