Avant même la sortie de leur premier album, The Libertines avaient déjà acquis le statut de légende outre-Manche. Grâce à la qualité de Up The Bracket, mais aussi et surtout grâce à leur réputation live sulfureuse et chaotique ainsi que les graves problèmes de drogue de leur co-leader Pete Doherty. Á l’aube de la sortie de leur deuxième album, toujours produit par l’ex-Clash Mick Jones, Doherty a été contraint et forcé de quitter le groupe, jusqu’à ce que ses problèmes personnels soient résolus. Et vu que Doherty éprouve les pires problèmes pour combattre son addiction, le futur du groupe est plus qu’incertain.
Ce qui nous conduit à ce deuxième album, précédé par un excellent single non présent sur l’album (comme leur tout premier d’ailleurs), Don’t Look Back Into The Sun. Une simple constatation : l’album est superbe. Probablement le meilleur second album à sortir de la scène rock anglaise depuis (What’s The Story) Morning Glory d’Oasis, peut-être même en mieux. Moins bruyant que leurs prédécesseurs mancuniens, The Libertines font plus que compenser avec une émotion et surtout une foi. Ils croient en leur musique, et on ne peut qu’adhérer à cette démarche. Tout simplement, ces morceaux sont vrais.
Comme pour Oasis, l’album comprend des tonnes de singles potentiels, et une telle fréquence d’excellents morceaux font que certaines chansons sont un peu moins impressionnantes, mais ce n’est pas bien grave vu l’extrême qualité de la majorité du CD. Et pour finir cette comparaison, les paroles sont très nettement supérieures à celles de Noel Gallagher (bon, ok, ça veut pas dire beaucoup), et contribuent à cette impression de réalisme émotif impressionnant, qu’on retrouve aussi chez Razorlight, dont le leader n’est autre que l’ex-Libertine Johnny Borrell.
De plus, l’album est assez varié : morceaux rock à héritage mod (Can’t Stand Me, The Man Who Would Be King), pop 50s (What Katie Did), ballade non larmoyante (Music When The Lights Go Out, ou du moins son intro), ou morceaux plus speed (Narcissist, Arbeit Macht Frei), sans jamais tomber dans le bruitiste, préférant la finesse ultra mélodique.
The Libertines sera peut-être leur dernier album, et pourrait définitivement les béatifier (Better to burn out than fade away?), mais on espère tout de même que Pete s’en sortira et que le groupe pourra continuer, car leur marge de progression est encore importante.
Définitivement un des albums de l’année.