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The Presidents of The United States of America – Love Everybody

Pour la troisième fois de suite, le groupe sort un album lors d’une année d’élections présidentielles US… Mais c’est sans doute une coïncidence, car la reformation du groupe n’était probablement pas calculée. Le groupe de Seattle a connu un joli succès lors de la fin du grunge, avec quelques morceaux délicieux comme Lump ou Peaches, joués sur une guitare à trois cordes, une basse à deux et une batterie sans corde (authentique). Malheureusement, il succombèrent au syndrome du deuxième album, et se séparèrent vite avant de se reformer pour un album très discret, Freaked Out and Small. Nouveau split, et troisième comeback, cette fois bien plus réussi.

Love Everybody est, contre toute attente, un très bon album. Court, incisif, avec des mélodies à tuer Rivers Cuomo, des paroles stupides, varié et bien joué, que demander de mieux? De la distortion psyché de la chanson-titre à la ballade bizarre qui clôture l’album, il n’y a pas grand chose à jeter, au moins 10 morceaux forts. Bien sûr, ce n’est pas fort original et on sent l’influence de groupes comme Weezer (la mélodie), Pixies (la rythmique), AC/DC (le riff de 5500 Miles) voire les groupes de surf des 50s (l’instru Surf’s Up). Come back salutaire donc, et très grosse surprise.

Incubus – Live In Sweden

Groupe intéressant, Incubus… Formé en 1995, il se sont de suite fait remarquer en participant la création du rap-metal (avant sa Linkin Bizkitation) grâce à un très bon (vrai) premier album, S.C.I.E.N.C.E., intéressant mélange de rock-metal, de percussion et d’un DJ très créatif (en opposition aux deux groupes précités). L’album suivant leur offre un premier tube, la ballade Drive. Malheureusement (ou pas, c’est selon), ils se sont ensuite perdus quelque part dans les couloirs d’MTV. Morning View n’était pas mauvais en soi, mais manquait cruellement d’originalité, mais intronisait Incubus au panthéon du clean-rock, et son chanteur Brandon Boyd à celui des sex symbols topless maigrichons. Puis arriva leur dernier opus, déjà chroniqué quelque part sur ce site, A Crow Left Of The Murder, qui montra une vraie progression, dans le sens ou le groupe devenait plus mature sans être chiant pour autant (un peu à la Red Hot Chili Peppers, quoi que j’hésite encore pour le chiant). Boyd a un peu modifié son image, et Incubus a profité pour suivre l’exemple d’un de leurs groupes modèles, Pearl Jam, en sortant quelques cd sortis de leurs tournées, à but caritatif.

Ce Live in Sweden est le témoignage de la partie européenne de leur voyage, et est d’assez bonne facture. Le groupe joue juste, bien, n’hésite pas à ajouter une rareté (Crowded Elevator) ni à improviser, ni à carrément omettre un de leurs gros succès, Nice To Know You. On aurait juste apprécié plus de variété dans le setlist (un concert, ça va, mais les deux autres lives sorti comprennent quasiment le même setlist).

Pour les fans donc, même si on peut commencer l’appréciation d’un bon groupe par cet enregistrement.

Red Hot Chili Peppers – Live In Hyde Park

Trois soirs, 300.000 personnes : la fin de la gigantesque tournée européenne des Red Hot Chili Peppers a trouvé son apogée à Londres. Un petit mois après sort déjà le double album, premier live du groupe et non distribué aux USA. Première constatation évidente à la simple lecture du setlist : tous les morceaux sont soit nouveaux soit viennent des deux derniers albums, Californication et By The Way, à l’exception des obligatoires Give It Away et Under The Bridge. Presque rien de Blood Sugar Sex Magic, et en tout cas rien du tout d’avant. Il faut dire que le groupe a atteint son apogée commerciale avec ces deux cds, et au moins on ne pourra pas leur reprocher de s’appuyer sur leur passé. De toute façon, y en aura toujours qui seront jamais contents.

S’ouvrant avec Can’t Stop, l’album comprend 25 plages pour un tout petit peu plus de deux heures, revisitant les megahits de ces dernières années : Scar Tissue, Californication, Otherside, By The Way, Fortune Faded, quelques morceaux non-sortis en singles, deux inédits et quelques reprises vaguement étranges (Brandy de Looking Glass, I Feel Love de Donna Summer, et l’excellent Black Cross de 45 Grave).

Deuxième constatation, 50% du groupe en fait parfois un peu trop : Anthony Kiedis n’a jamais chanté juste, et surtout pas en live. Il est souvent essoufflé, et trouve utile de changer quelques inflexions pour donner le change. Soit. Flea est un excellent bassiste, mais un bassiste n’est pas censé jouer plus fort que le reste du groupe. Il est bien meilleur dans ses rythmiques parfaites que dans des solos fatigants. Par contre, John Frusciante est absolument extraordinaire. Les mauvaises langues diront qu’il n’a besoin que de 3 cordes, mais quel musicien… Ses impros sont captivantes, et ses solos parfaits. On ne peut d’ailleurs que conseiller ses albums solos (déjà deux sortis rien que cette année, et encore à venir en 2004) car au niveau vocal, John n’a rien à envier à personne. Probablement le meilleur guitariste actuel, avec Mike McCready. La prestation de Frusciante (8 minutes d’impro pour terminer!) sauve un cd pas spécialement mauvais, mais assez inutile et surtout qu’on ne ressortira pas souvent de l’armoire. On préférera les albums studio, chaque album studio, à vous de juger. Moyen mais…

Pearl Jam – Live At Benaroya Hall

Précisément le 291ème disque live (ce n’est pas une blague) sorti par Pearl Jam, LABH vaut définitivement le détour. Pressé et distribué sur leur propre label, ce qui semble devenir leur futur, ce double cd est annoncé comme acoustique. En fait, seul Mike McCready est parfois équipé d’une électrique, le groupe entier (6 membres) étant présent sur presque chaque morceau. Par rapport aux autres lives du groupe, tout aussi incontournables, LABH apporte encore plus de finesse, de doigté et d’émotion. McCready est extraordinaire, et la voix de Vedder est absolument inimitable. Le setlist est forcément surprenant, les auditeurs peu familiers du groupe seront surpris d’entrer quelques morceaux anciens en version assez différente, et comme toujours, le groupe a interprété quelques raretés, dont la première du single Man Of The Hour (BO de Big Fish), 25 Minutes To Go quelques jours après le décès de Johnny Cash et surtout le mentalement violent Masters of War, de Dylan.

Les non-connaisseurs pourraient s’ennuyer, mais les amateurs de musique (les 6 musiciens jouent à la perfection totale) apprécieront sans aucun doute.

Van Halen – Best Of Both Worlds

Alors, on a besoin de fric ? En tout cas, vu l’engouement actuel provoqué par The Darkness, on ne peut qu’admirer la puissance marketing de l’entourage de Van Halen. Non seulement sort un nouveau Best Of (plus complet que le Volume One de 1996) mais le groupe se paye carrément une tournée US avec au micro l’inénarrable Sammy Hagar. Occasion donc de se replonger dans la longue carrière de ce groupe, emmené par les frères Van Halen, hollandais émigrés aux States pendant leur enfance.

Un peu comme Metallica, Van Halen porte cette étiquette de « c’était mieux avant ». Le début de leur carrière est caractérisé par des morceaux heavy metal on ne peu plus classiques, marqués par deux choses : la voix de David Lee Roth et bien sûr l’inimitable guitare d’Eddie VH, qui a son chapitre dans toute encyclopédie de l’instrument. En résulte quelques albums et singles intéressants, comme Ain’t Talkin’ ‘Bout Love, la reprise de You Really Got Me, Panama ou encore le plus courte masturbation enregistrée, Eruption. Ensuite, Roth se laisse convaincre d’ajouter des synthés (à la Queen…). Un de pires tubes du rock US fut crée, Jump. Roth quitta le navire, et Sammy Hagar fut chargé de chanter des ballades synthés navrantes. Même les frères Hawkins n’oseraient jamais faire ça. Il est donc clair que les quelques morceaux vaguement valables du groupe se trouvent dans la période Roth (qui s’est couvert de ridicule un peu plus tard, sous le pseudo effarant de Diamond Dave). Pour notre plus grand malheur, c’est la période Hagar qui est majoritaire sur cette compile, tournée oblige.

Á éviter sous peine de terrible indigestion, au pire, les premiers albums sont toujours disponibles.