Tous les articles par Denis

The Hives – Tyrannosaurus Hives

Toujours dans le cadre « deuxième album des groupes New Rock Revolution », voici le nouveau Hives. En fait, troisième album serait plus exact : en effet, le cd qui a fait connaître le groupe (Your New Favourite Band, 2001) était une compile de deux albums et quelques singles sortis plus discrètement. Le groupe se positionne clairement comme un gimmick band : 5 membres aux surnoms improbables, tous habillé identiquement, « dirigés » par Randy Fitzsimmons, mentor mystérieux et compositeur/producteur de tous leurs morceaux (on a appris depuis qu’il s’agit du lead guitariste). Ceci dit, ils se sont montrés capables de jouer des morceaux garage rock plus que corrects, même si un peu monotones (Supply and Demand, Hate To Say I Told You So).

Ce nouvel album peut, et va surprendre. Le groupe a étonnamment mûri, et les nouveaux morceaux sonnent, justement, vraiment nouveau. Comment ? Plus de variété, moins de riffs évidents, et une utilisation assez particulière des effets de distortions, plus saturés qu’une vieille démo du Mudhoney. Résultat, même si les morceaux sont simples (peu d’accords, paroles toujours sans aucun sens), on a une certaine impression de fraîcheur, et, osons le dire, de nouveauté. De plus, le très critiqué chanteur Howlin’ Pelle Almqvist a lui aussi participé à cette évolution : sa voix est bien plus variée, et fait même parfois penser à Mike Patton, rien de moins.

Une vraie évolution donc, marqué dans des morceaux tous remarquables, vraiment tous. Reste, en plein milieu de l’album, le cas Diabolic Scheme, un morceau purement bizarre : des cordes de film d’horreur (voir, justement, le Director’s Cut de Fantômas), des backing vocals robotiques et décalées, Pelle en Jagger/Screamin’ Jay Hawkins complètement allumé, et puis un solo de guitare sorti de nulle part ‘et ce n’est pas une image). Original, et limite fabuleux, ce morceau devrait introniser le groupe comme un groupe avec ce petit (grand, même) plus qui manque tant à certains.

Grosse surprise donc, on n’attendait pas un si bon album de la part d’un groupe dont on ignorait complètement le vrai talent. 29’54 impressionnantes.

Rock Werchter 2004 – Day 4

Werchter se termine enfin, avec un quatrième jour à l’affiche assez alléchante, en tout cas par rapport à la veille, presque entièrement risible (Rasmus, Black Eyed Peas, Kravitz…). Avant l’événement Pixies, on pouvait voir tout d’abord Danko Jones, rock assez furieux à la Therapy?, pas vu assez pour pouvoir juger correctement, ceci dit. Triomphe par contre pour Girls In Hawaii, premier groupe wallon à jouer à Werchter, et qui avait attiré tout son fan club, pour un concert intéressant, mais qui le sera encore plus quand le groupe aura réussi à s’affranchir de leurs influences trop évidentes (Radiohead, Pavement, Coldplay, …) et aura supprimé leurs gimmicks arty ridicules (écrans tv bloqués sur la mire, projection d’un film, voix téléphonique). Bons musiciens cependant, leur futur peut être intéressant. Sait-on jamais. (7)

Tout aussi belge, mais moins wallon, Zornik avait droit à la grande scène, sans parvenir à intéresser la petite partie du public non lobotomisée par Stubru. Et pour cause. (4)

Puis arrive la double tentative de suicide collectif, entamé par Starsailor, groupe pas mauvais en soi, mais très peu intéressant (5) et terminé par le n’importe quoi sonore de Lamb (2)

Suivait Polly Jean Harvey, toujours aussi mal coiffée, mal habillée (minirobe jaune estampillée PJ et hauts talons rose fluo) et encore plus anorexique. Plus intéressant que Lamb, mais PJ serait phénoménale si jamais elle se mettait à écrire de bons morceaux. (6). Tout ça ne servait que d’entrée pour les Pixies, bien sûr.

Ils entamèrent leur set d’une heure par Bone Machine, et 20 morceaux plus tard, l’explosion sonore qu’est Vamos mettait fin à ce qui était de loin le meilleur set de tout le festival. Sans perdre de temps (pas un mot de Black, à peine plus d’une Kim Deal très souriante), le groupe enchaînait des morceaux plus fantastiques les uns que les autres, même si le public ne connaissait presque que Where Is My Mind?, depuis Fight Club. Pour le fric, d’accord, mais le retour des Pixies était plus que nécessaire, et a pu montrer au monde entier ce qu’est le génie musical. Et tant pis si Frank Black, Black Francis, Charles Thompson, appelez-le comme vous voulez, a toujours l’air aussi antipathique. (10)

En parlant de génie, Pharrell Williams est-il génial? En tout cas, il est très riche, et aurait pu se contenter de rester enfermé dans un studio. Au lieu de ça, il emmène un autre tiers de N.E.R.D., Shay (Chad Hugo préfèrant rester chez lui) et les 3 musiciens de Spymob. 9 morceaux en 1 heure, c’est court, mais l’ambiance était là, tout au long d’un concert piochant dans les deux albums du groupe, commençant par Brain et s’achevant par le terrible Lapdance, prétexte à un gigantesque pogo très bon enfant quand même. Ceci dit, le public était toujours aussi abruti, étant plus intéressé par les mouvement de Pharrell et de son petit corps. Musicalement pas génial (la scène fait perdre les trouvailles sonores qui font le talent des Neptunes/N.E.R.D.), mais bon, on a vu Pharrell 😉 (7)

Du côté de la grande scène, on pouvait tenter d’apercevoir le petit corps de Brian Molko, et sa nouvelle coupe de cheveux. Placebo a servi un concert sans grand génie (forcément) mais bien foutu, avec un Nancy Boy très rarement joué en rappel.

Air terminait d’endormir un public sédaté sous la tente, avant que les frères Dewaele divertissent les quelques survivants avec un set classique de leur formation 2 Many DJs (qui va d’ailleurs bientôt cesser), commençant avec un clin d’œil à Bowie (Rebel Rebel). Mais j’étais déjà parti.

En conclusion, Werchter est toujours bien pourri, l’affiche était douteuse, on le savait, mais l’organisation s’est révélée déplorable. Un seul mot : cheap. Vivement le Pukkelpop pour voir des musiciens qui en veulent vraiment, avec une organisation totalement indépendante. Honte à toi, Schuur.

Rock Werchter 2004 – Day 2

Deuxième jour de Werchter, premier vaguement valable (Pink? Sean Paul?), et occasion intéressante de voir quelques bons groupes, ce qui devient rarissime dans un festival qui a perdu toute crédibilité depuis déjà quelques années. Deux scènes seulement, ce qui est très cheap aujourd’hui, et 60000 personnes qui ont répondu à l’appel de ClearChannel et de l’organisateur Herman Schueremans. La journée commence par un très pénible Lostprophets, mais l’événement principal est un orage inouï qui envoie tout le monde aux abris. On ressortira pour finir Lostprophets donc, groupe gallois aux tendances Incukorn qui vendrait père et mère pour être américain et qui finit avec leurs deux bons morceaux, Shinobi Vs Dragon Ninja et Burn Burn. La reprise des Strokes était très dispensable, ceci dit. (5)

Ensuite, perte de temps avec Modest Mouse, vaguement valable sur album mais inutile sur scène. (4)

Un peu mieux avec Black Rebel Motorcycle Club, habillés comme d’habitude en fan club de Cure, et qui ont commencé leur set avec tous leurs singles. Résultat, la deuxième partie du set ressemblait à une longue impro qui n’aurait jamais du sortir de leur garage. (5)

Ensuite, triomphe total des Dropkick Murphys, qui ont presque battu Metallica au nombre de tee-shirts. Dommage que leur musique soit pourrie. (3).

Beaucoup mieux, forcément, avec The Von Bondies, 40 minutes de rock ‘n roll énergique, séminal et authentique, emmené par le single C’Mon C’Mon (seul morceau connu par un public toujours sans trop de discernement) et terminé par une reprise des Compulsive Gamblers chantée par le phénoménal batteur Don Blum. (9)

On ressort de la Pyramid Marquee pour The Darkness, qui se met une partie du public à dos en refusant de parler en flamand. Bonne prestation quand même, sans trop de surprise, mais bon, compte tenu de l’opposition, c’était pas mal. (7)

Changement de cap, avec les délicieuses Sugababes. Girl band peut-être, mais avec vrai backing band, voix qui sonnent justes, excellentes compos, et pas (trop) de reprises (de reprises telles quelles en tout cas). De plus, il fallait se taper les connards grossiers du public, ce qui est tout à leur honneur. Prestation satisfaisante donc, même si on ne doit comparer que ce qui est comparable. Et superbes costumes. (6)

La surprise du festival, la voici. On avait quitté Korn il y a deux ans, sur les rotules, à l’issue d’un concert pas fantastique à Bercy. Et bien, les voilà de retour en forme olympique, avec un Jon Davis qui n’a jamais été aussi énergique. Leur set était carrément parfait, et arrivait même à surprendre avec un très bonne reprise (avec solo de guitare!) d’Another Brick In The Wall Part II. On regrettera l’absence de Dead Bodies Everywhere, pourtant présent sur le setlist, et surtout les errances sonores scandaleuses qui ont causé des grosses coupures de son pendant les deux derniers morceaux, mais l’organisation de TW n’est plus à une connerie près (9).

La journée se finit avec les vieillards de Metallica, qui n’ont toujours rien changé à leur jeu de scène, à savoir des morceaux totalement identiques aux versions studio, solos inclus. De plus, 1h45 de concert (avec feux d’artifice) alors qu’on nous avait promis 2h45, c’est cheap. Heureusement, c’est toujours Metallica. Fallait juste éviter l’infâme Nothing Else Matters. Un split serait bienvenu, tant qu’il est encore temps… (6)

Razorlight – Up All Night

Johnny Borrell. Personnage incontournable de la scène indie londonienne, ex-Libertine (et sujet de leur morceau The Boy Looked At Johnny), grande gueule notoire (il a déclaré au NME que ses compos « pissent sur Bob Dylan »), et leader de Razorlight, groupe mi-anglais, mi-suédois, mais entièrement dévoué au culte de leur compositeur, chanteur et porte-drapeau, Borrell donc. Forcément, après tout ça, on est en droit d’attendre le meilleur album de tous les temps, et ce n’est évidemment pas le cas. Ceci dit, Up All Night est l’occasion d’investiguer les raisons du culte voué à Borrell, si raisons il y a. Comme premier album, il faut bien reconnaître que Razorlight ne s’est pas trop mal débrouillé. La majorité des morceaux sont assez catchy, et l’album est assez varié, entre morceaux assez rock (Leave Me Alone, Up All Night) et d’autres plus soft, sans jamais tomber dans la ballade sirupeuse (Golden Touch). Maintenant, pour chaque fan du groupe, on trouvera un hater. La voix de Borrell, sans être désagréable, est parsemée de tics qui devront être corrigés, de même, chaque morceau est une mine d’influence : le premier morceau, par exemple, commence par des accords de piano à la Bacharach, avant de pomper Nirvana et puis continue comme un extrait du Is This It des Strokes, avec qui la filiation est évidente. Les morceaux, très simples (ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi) sont trop longs, et racontent des petites histoires qui auraient pu être originales si The Libertines n’existaient pas.

Premier album assez valable, mais il faudra retoucher pas mal de choses pour devenir le groupe incontournable rêvé par Johnny Borrell. Ceci dit, il pourraient devenir un très gros groupe dans le futur.

Motörhead – Inferno

The loudest band in the world… Motörhead, autant le dire d’emblée, est un phénomène. Les groupes capables de sortir un tel album après plus de 25 ans de carrière sont rares, si pas carrément inexistants. Et pourtant, ils pourraient se contenter de compter sur leur gloire passée (Ace of Spades, sans doute un des morceaux rock les plus compilés, avec Stairway to Heaven et Smoke in the Water), et sortir best of après best of… Ces 5 dernières années, le groupe du mythique Ian « Lemmy » Kilmister a sorti 3 très bons albums (We Are Motörhead, Hammered et Inferno), un dvd/cd live (Boneshaker) et un boxset récapitulatif (Stone Dead Forever), entrecoupé de longues tournées : le groupe ne se repose jamais.

Bien sûr, Inferno n’apporte pas vraiment d’innovations : il montre Motörhead en train de faire ce qu’il font le mieux (les mauvaises langues diront qu’il s’agit de la seule chose qu’ils savent faire…), à savoir du pur rock n’ roll, un peu punk, un peu garage, un peu métal, mais très bruyant, et surtout, significatif : ces 3 mecs de 50 balais croient plus au rock qu’une dizaine de Vines ou Datsuns 40 bonnes minutes de speed garage donc, porté par la basse et la voix hyper reconnaissables de Lemmy, une batterie assourdissante et des riffs violents. On retrouve en outre une autre légende, Steve Vai, qui fournit deux solos époustouflants. Et comme souvent chez Motörhead, on retrouve un morceau un peu différent, cette fois-ci une chanson country-harmonica tout à fait dispensable.

Superbe album donc, encore plus compte tenu du contexte. On pardonnerait presque à Lemmy sa collection de souvenirs nazis. Presque.