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OST – Kill Bill Volume One

Un grand film se doit d’avoir sa grande BO. Et c’est sans surprise que le nouveau Tarantino en possède une, de grande BO. Le réalisateur a toujours apporté le plus grand soin à l’accompagnement musical de ses films, et une fois de plus, il touche la perfection. La musique originale a été composée par RZA, ingénieur sonore du légendaire Wu-Tang Clan et déjà auteur de la bande originale du Ghost Dog de Jim Jarmusch.

L’album en question ici reprend surtout des morceaux non originaux (on peut attendre la sortie éventuelle d’un vrai « score »), souvent très peu connus, mais qui, dans le contexte du film sont hyper efficaces. Bien sûr, il vaut mieux avoir vu le film pour pouvoir associer les pistes aux scènes et profiter un maximum de l’expérience, la BO n’est pas vraiment du type easy listening, et ne fonctionne sans doute pas très bien hors contexte. Ceci dit, les morceaux sont tellement bien choisi que chaque spectateur du film reconnaîtra sans peine les morceaux, dont la chanson d’intro, le terrible Bang Bang de Sonny Bono, chanté par Nancy Sinatra ; le thème inquiétant (Twisted Nerve) de la légende des films d’horreur Bernard Hermann et siffloté par Daryl Hannah ; ou encore le gimmick sonore du film, Ironside de Quincy Jones. Mais presque tout l’album est composé de trouvailles sonores, et accompagné d’extraits de dialogue et d’effets sonores. Comme bémols, un rap inutile, et d’ailleurs non présent dans le film ; ainsi que le fait que tous les morceaux ne sont pas présents, du à la limité d’espace sur le disque. Un autre version sortira peut-être (vous pouvez toujours télécharger ces morceaux sur http://www.killbill2.net/music.php). Absolument indispensable pour ceux qui ont aimé le film, et nettement moins pour les autres…

Kinesis – Handshakes for Bullets

Kinesis est un de ces groupes qui ne connaîtra jamais qu’un succès limité en Europe, même si l’exception Muse pourrait leur donner un peu d’espoir. Jeune groupe plein d’énergie, Kinesis allie la rage déchaînée de Nirvana et les lignes de basse de Nick Oliveri (QOTSA, Mondo Generator) avec un engagement politique descendant en ligne droite des Manic Street Preachers. Manics dont l’influence est aussi musicale (les cordes de Civilised Fury, très Design for Life), mais ils apportent surtout un ingrédient qui manque cruellement à la majorité des jeunes groupes, la vraie attitude. Pour un premier album, Handshakes for Bullets est très mature, précis tout en étant efficace. Et perfectible, ce qui est bon signe pour la suite. Même si pas mal d’influences sont détectables, Kinesis parvient à trouver un son propre, dû au ton du chanteur, reconnaissable sans être détestable, mais aussi à leur musique, d’un mélange étonnamment parfait de mélodie et d’agression. Parfois un peu cliché, mais ça tient de bout en bout. Un très bon groupe, qui comme tant d’autres (Manics, Idlewild, Supergrass…) n’aura que très peu d’impact en Belgique, mais tant que notre pays n’aura pas de médias valables, rien ne changera. Un des débuts de l’année, sans aucun doute.

Pearl Jam – Lost Dogs

Troisième compilation consécutive, cette fois d’un groupe cité dans l’article ci-dessous, Pearl Jam. Il ne s’agit pas d’un best of (impossible à compiler de toute façon) mais d’un double cd de raretés, au sens large. Ces raretés proviennent de BOF, d’albums hommages, de faces B ou de titres plus anciens inédits. Les fans du groupe attendaient cet album avec impatience, car certains titres étaient devenus très rares (singles épuisés). De plus, Pearl Jam joue pas mal de ces morceaux live, surtout Yellow Ledbetter, un de leurs morceaux favoris pour clôturer un concert.

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la qualité est exceptionnelle. Les inédits sont en majorité excellents, on peut se demander pourquoi ils resurgissent seulement maintenant ; les anciens morceaux ont presque tous été réenregistrés, pour le meillleur. Bien sûr, on peut chicaner sur le tracklist (Sweet Lew et Whale Song n’ont pas vraiment leur place, et d’autres morceaux phares comme Long Road et I Got Shit ne s’y trouvent pas) , mais ce serait critiquer un groupe qui fait tout en son pouvoir pour leurs fans. Tous les groupes de rock dignes de ce nom tueraient pour un best of comme cet album. De plus, une rumeur fait état d’une piste cachée (non présente dans cette version promo), un hommage d’Eddie Vedder à Layne Staley, critiquant durement les imitateurs à la NickelCreed. On y reviendra lors de la sortie de l’album, le 10 novembre. En attendant, cet album rejoint le panthéon des albums de raretés, ou se trouvent déjà Sci-Fi Lullabies de Suede et The Masterplan d’Oasis. Fabuleux, mais le non-initié devrait se plonger dans les (non moins fabuleux) six albums studio, et les très nombreux live, du groupe.

R.E.M. – In Time : The Best of R.E.M 1988-2003

Autre compilation, un best of de R.E.M. choisi, paraît-il par le groupe. L’album s’étend de 1988 à 2003, les années Warner ; les six premiers albums indépendants ayant eu leur best of,Document, comprenant les incontournables The One I Love, Radio Free Europe et surtout This Is The End of The World (And I Feel Fine). On ne résume pas 15 ans de carrière et 7 albums en 16 morceaux (plus deux inédits pas mal du tout), mais bon, on peut apprécier l’effort, assez représentatif quand même. Et de toute façon, les best of sont aussi fait pour râler sur les titres absents (mais pas pour Shiny Happy People, leur plus gros hit assez injustifié). Ceci dit, quelques uns des morceaux non inclus se retrouvent dans une autre version dans le cd bonus de l’édition limitée. On peut donc apprécier l’évolution du groupe tout au long de cet album non-chronologique, et s’extasier devant la recherche mélodique, rarement égalée, et les paroles de Michael Stipe, un des frontmen les plus énigmatiques de l’histoire de la musique enregistrée. Ces 18 morceaux sont excellents, chacun aura son petit préféré, mais comme un groupe souvent lié à R.E.M, Pearl Jam, un best of ne remplacera jamais tout l’œuvre enregistré d’une légende. Et non, MTV n’a pas réussi à tuer Losing My Religion.

Suede – Singles

Noël arrive déjà (eh, il a neigé sur Bruxelles aujourd’hui…) avec sa série de best of divers et variés (en attendant le Christmas single de The Darkness…), dont celui-ci, d’un groupe emblématique du mouvement Britpop, Suede. Pour commencer, il faut souligner que Suede a choisi la voie facile en incluant tous leurs singles, ce qui donne un aspect objectif à cette compile. Forcément, pas mal d’excellents morceaux ne s’y retrouvent pas (et quelques uns moins bons ne devraient d’ailleurs pas s’y trouver…), mais cela évite une polémique à la R.E.M. (le best of In Time sera à l’honneur demain dans ces colonnes).

21 morceaux pour 5 albums, cet album tente d’absorber l’essence de Suede, mais sans y parvenir totalement. Les anciens morceaux ne se comparent pas aux nouveaux, tout simplement. Il est d’ailleurs intéressant de constater que l’ordre de tracklist n’est pas chronologique, histoire qu’on arrête pas l’écoute du cd au titre 12 ou 13… Les deux premiers albums du groupe sont indispensables pour comprendre l’alchimie du duo Bernard Butler (guitare) et Brett Anderson (voix). Se trouvent entre autres sur la compile les fabuleux So Young, The Drowners, Animal Nitrate ainsi que Stay Together, single sans album. Ensuite, Butler est parti, Suede s’est reformé pour crée le très glam Coming Up, et surtout le single du même nom. Et après, sans être (trop) mauvais, c’est nettement plus dispensable. Deux inédits viennent apporter un certain intérêt même s’ils ne sont pas vraiment fantastiques. Un split est peut-être la meilleure option…

En tout cas, le meilleur de Suede se trouve sur les trois premiers albums Suede, Dog Man Star et Coming Up, ainsi que sur la superbe (mais inégale) compilation de faces B Sci-Fi Lullabies, dont les meilleurs morceaux auraient largement leur place sur Singles.