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Flattez-moi!

Un jour, un lecteur m’écrit en me disant que je devrais être payé pour ce que je fais. C’est assez flatteur, je suppose, mais évidemment, la réalité est toute autre : à moins de se faire corrompre (et encore, ça marche beaucoup moins bien qu’avant) ou de truffer son site de pubs (même remarque), un bloggeur/chroniqueur ne touche pas le moindre sou, sauf si un généreux donateur décide de lui verser une obole.

Vous avez peut-être déjà eu envie de le faire, après avoir téléchargé (légalement ou pas) un mp3, ou un programme informatique, après avoir vu une vidéo ou simplement lu un article. On peut trouver des boutons Paypal un peu partout (j’en avais un sur l’ancienne version de Music Box, suite au message du lecteur en question), mais les frais demandés par Paypal sont tels que le don d’un petit montant coûterait deux fois plus cher au donateur. C’est en se basant sur ces principes que Flattr fut créé, il y a seulement quelques mois.

Le principe est simple, comme toutes les idées géniales. On verse un montant fixe mensuel (le paiement est évidemment sécurisé), qui peut-être aussi bas que 2€, et ensuite, à chaque fois qu’on voit quelque chose (article, musique, vidéo, software, etc, Flattr appelle tout cela « things ») pour lequel on a envie de donner de l’argent, on clique sur le bouton, celui qui se trouve en haut à gauche de cet article, et aussi dans la barre latérale. À la fin du mois, Flattr divise le montant versé (moins 10% de frais de fonctionnement) par le nombre de clics, et verse le montant aux auteurs des « choses ».

Exemple : vous versez 10€ par mois, Flattr prend 10%, il en reste donc 9 (les banques prennent quelque frais aussi lors du versement, mais on va faire simple). Vous cliquez sur cinq boutons lors du mois, chaque clic vaut donc 1,8€, qui est versé sur le compte Flattr de l’auteur de contenu, qui peut à son tour « flatter » quelque chose ou transférer l’argent acquis sur son compte en banque.

C’est donc une manière directe, simple et efficace de montrer son soutien à un auteur, soutien qui prend cette fois la forme d’argent, et non plus de retweet, share, ou autre like.

Flattr est à ses débuts, et il est assez intéressant de voir comment tout cela va évoluer, et si les internautes seront prêts à payer du véritable argent, sur base totalement volontaire, vu que le fait de ne pas « flatter » ne change pas le contenu disponible.

Personnellement, je trouve que c’est une excellente initiative, et je peux vous assurer que recevoir quelque chose, même si ce n’est que – littéralement – quelques cents fera extrêmement plaisir à un auteur de contenu, qui ne fait pas ça pour le fric, clairement, mais apprécierait certainement le geste. Je me suis inscrit hier, et j’ai cliqué trois fois : d’abord pour un article qui m’a fait découvrir le concept, ensuite pour l’auteur du plugin WordPress que j’utilise, et enfin pour le lecteur audio que j’utilise depuis des années (et qui reste inégalé) Foobar 2000. Même si mes clics ne valent que 60 centimes, je suis certain que les auteurs apprécieront.

C’est pour cela que je vais, à partir de maintenant, ajouter un bouton Flattr sur mes posts, mais je répète : les donations se font sur base volontaire, après publication du contenu. En gros, cliquer sur le bouton veut dire que vous appréciez ce que je fais, au point de me donner un peu d’argent. Et une fois de plus, il n’y a pas de petit montant.

Alors, inscrivez-vous, c’est simple, sécurisé, et ne demande qu’un paiement de 2€ : si d’aventure l’idée ne vous intéresse pas, c’est tout ce que vous paierez, et vous pourrez récompenser les auteurs de contenu que vous aimez depuis que l’internet libre existe.

Mise à jour du 25 novembre : il est maintenant possible de flatter automatiquement, tous les mois, via un système d’abonnemement. Il suffit de flatter une première fois, et ensuite de cliquer sur le même bouton Flattr. Il est possible de s’abonner pour trois, six ou douze mois, et d’annuler les abonnements via le dashboard flattr.com

Mise à jour du 6 janvier : on peut maintenant aussi faire une donation d’un montant précis : le système Flattr divise toujours le montant mensuel par le nombre de clics, mais on peut dorénavant donner un montant fixe, choisi, qui sera soustrait du solde Flattr. Pour ce faire, il faut cliquer sur le bouton « donate » qui se trouve sur chaque profil Flattr, dont le mien.

Mise à jour du 28 avril : on peut maintenant utiliser Flattr sans nécessairement soi-même donner de l’argent, même si c’est bien entendu toujours possible. J’imagine que ce changement permettra au bouton Flattr d’être incorporé chez AddThis et les autres, et être nettement plus présent, probablement à un niveau juste en dessous de Facebook et Twitter, mais au dessus du reste. Enfin, à terme.

Je réécrirai cet article ultérieurement pour qu’il soit plus clair.

Gorillaz – Plastic Beach

Depuis leurs débuts, en 2000, Gorillaz est passé du statut de projet parallèle de Damon Albarn à celui de mégastar internationale, tout ça en trois albums. Mieux que ça : Gorillaz aura finalement connu plus de succès que Blur, ce qui et assez incroyable, quand on y pense. En dix ans, le « groupe » aura aussi évolué, vers une sorte d’electro-hip-pop ultra-produit parsemé d’apparitions d’invités célèbres, ce qui contraste pas mal avec l’aspect relativement amateur du premier album.

Plastic Beach est l’album de la consécration pour Gorillaz, celui qui les emmène dans leur première tournée mondiale, celui qui réussit à caser sur une même plaque Lou Reed, Snoop Dogg, Bobby Womack ou encore les deux Clash survivants. C’est aussi leur plus synthétique, leur moins organique, mais il reste tout à fait intéressant et recommandable, même si un peu long et inégal. Censé être un album concept vaguement écolo, Plastic Beach (les déchets, c’pas bien) commence par une intro symphonique suivie d’un Snoop Dogg en roue libre, sans grand génie, comme un peu tout ce qu’il fait depuis dix ans, en somme. Albarn s’est mis aux beats minimalistes, et il arrive parfois à émuler les Neptunes dans leur grande période, qui commence elle aussi à dater. On le comprend bien vite, Plastic Beach sera très varié, limite fourre tout : le morceau suivant allie flute, cordes orientales (d’un orchestre libanais) et les rappeurs grime UK Kano et Bashy. White Flag est assez représentatif du concept, un morceau qui commence tranquille avant de muter en bête technoïde puissante, Empire Ants fera la même chose un peu plus loin. Mais le coup de génie d’Albarn, c’est un refrain instrumental à la flute, vraiment très cool.

Sinon, ça part dans tous les sens, surtout la première moitié de l’album. On retrouve des trucs assez commerciaux, comme Rhinestone Eyes (quatrième morceau de l’album, et seulement première intervention vocale majeure d’Albarn), Stylo, où Bobby Womack sort de sa retraite pour un refrain très soul, ou encore l’hyperpop mais quand même vraiment très bon On Melancholy Hill. Mais Albarn sait qu’il a toute liberté pour ajouter des bizarreries fulgurantes, comme Superfast Jellyfish avec De La Soul et le Super Furry Animal Gruff Rhys, un Lou Reed égal à lui-même (pensez ce que vous voulez) ou un excellent Mos Def. Mark E. Smith, quant à lui, se demande sans doute encore ce qu’il fout là, mais ça, il le fait depuis 80 ans. La découverte, c’est peut-être le groupe électropop suédois Little Dragon, emmené par une chanteuse d’origine japonaise, Yukimi Nagano. Ils apparaissent sur deux des meilleurs morceaux, la ballade-Beatles-qui-devient-truc-electro-énorme Empire Ants et le tranquille To Binge, où Nagano chante un superbe duo avec Albarn.

Seulement, on ne peut pas s’empêcher de penser que c’est un peu trop. Trop long, trop synthétique, trop d’invités, et surtout, trop peu de personnalité. Comme évoqué plus haut, le morceau avec Mark E. Smith est franchement dispensable, mais ce n’est pas le pire. Albarn a réussi à réunir Paul Simonon et Mick Jones… et on ne les entend quasiment pas. De plus, le morceau en question est juste sympa, sans plus, et est finalement une grosse occasion gâchée. Enfin, l’album se termine avec deux morceaux dispensables, ce qui amplifie le sentiment de dilution d’un album qui aurait vraiment gagné à être plus concis.

Damon Albarn n’a pas raté grand chose dans sa carrière, et Plastic Beach est très loin d’être un mauvais album. Cependant, il semble qu’il pêche par un excès généralisé, même si le talent de songwriter d’Albarn réussit toujours à sauver chaque morceau de la médiocrité à laquelle il aurait du être promis. On dira donc que Gorillaz est la facette très grand publc d’Albarn, mais avec un twist toujours très intéressant. Et maintenant, que va-t’il faire? Blur? Mali Music 2? The Good, The Bad and The Queen? Un album solo? Quoiqu’il en soit, ce sera probablement passionnant.

En écoute sur Spotify : Gorillaz – Plastic Beach

Isobel Campbell & Mark Lanegan – Hawk

On ne l’aurait sans doute pas cru il y a quatre ans, mais Hawk marque la troisième collaboration entre Isobel Campbell et Mark Lanegan, après Ballad of the Broken Seas (2006) et Sunday at Devil Dirt (2008). On a donc largement eu le temps de sortir les clichés Belle/Bête ou Hazelwood/Sinatra, autant se concentrer sur la musique.

D’abord, un constat. Ces trois albums appartiennent à Isobel Campbell. L’Ecossaise a presque tout écrit, produit et arrangé les trois albums. Ce sont plutôt des albums solo sur lesquels Mark Lanegan apparaît régulièrement. Certes. Mais alors, pourquoi est-ce que Campbell se met quasi systématiquement en retrait? Presque chaque duo est dominé par Lanegan, qui ne le fait pourtant pas exprès : la voix d’Isobel est enfouie dans le mix (au mieux), réduite à des coeurs quasi insignifiants (au pire).

Heureusement, les morceaux sont là : We Die and See Beauty Reign et Come Undone sont facilement l’égal des meilleurs moments des albums précédents, alors que Get Behind Me et You Won’t Let Me Down Again apporte un peu plus de rock ‘n roll au duo. Time of the Season est sans doute la meilleure collaboration de l’album, pour une fois, les deux voix se font parfaitement entendre. Mais pour un album de duos, on a quand même quelques surprises, notamment des morceaux solos (le typique Sunrise pour Isobel, le gospel Lately pour Mark) ou encore l’instrumental Hawk, et ses cuivres. La plus grande curiosité est la présence de Willy Mason, qui remplace Lanegan sur deux reprises de Townes Van Zandt. Malgré ses 25 ans, Mason chante comme un vieux bluesman enfumé, et son ton apporte un changement intéressant par rapport à la voix grave de Lanegan. Un album entier entre eux deux serait certainement une idée à suivre.

Hawk reste un bon album, que ce ne soit que grâce aux talents multiples d’Isobel Campbell. Mais on regrette sa discrétion légendaire, qui la conduit à faire de la figuration sur son propre album. Cependant, s’ils veulent encore en sortir un, c’est quand ils veulent.

En écoute sur Spotify.

Music Box 2.0

Maintenant, c’est fini. Non, pas mes écrits, même si j’y ai sérieusement pensé ces dernières semaines. Ce qui est fini, ce sont les migrations, et les adaptations des différents sites/blogs que j’ai eu au cours des sept dernières années : tout se passera ici.

Un petit peu d’histoire : j’ai commencé Music Box (chroniques d’albums contemporains, le plus proche possible de leur sortie officielle) en septembre 2003. Puis, j’ai ouvert RetroMusicBox (chroniques d’albums plus anciens, jusque 2003, quoi) et enfin Music Box Off, pour tout le reste. J’étais hébergé par Skynetblogs, à l’époque. J’ai compris un peu tard qu’il y avait bien mieux ailleurs, c’est pourquoi je suis passé chez Google (Blogger). Blogspot est un très bon service, mais j’ai compris qu’ils ne voyaient pas d’un bon oeil les blogs musicaux : certains blogs hébergeant (légalement) des mp3 ont été fermés du jour au lendemain, et j’ai moi-même reçu un avertissement de Google. La solution coulait de source, je ne devais plus dépendre d’un service externe. Music Box se trouve maintenant sur mon propre hébergement, et tourne sous WordPress, plateforme plus complexe à gérer que Blogger, mais autrement plus complète et flexible.

De plus, j’ai multiplié les blogs au fil des années. Trois sur Skynet qui sont devenus deux sur Blogger (RetroMusicBox était en pause) puis le WordPress, auxquels on peut ajouter un Tumblr que je destinais aux groupes autoproduits. Tout cela finissait pas être assez confus, et m’empêchaient de me concentrer sur ce que je voulais vraiment écrire. De plus, j’avais tellement d’adresses différentes que plus personne ne s’y retrouvait.

Maintenant, tout se passera ici. Tous les posts sur les différentes incarnations de Music Box et Music Box Off ont été importées et classées par catégories et tags (un tag par artiste), ainsi qu’une bonne moitié des posts RetroMusicBox. A partir de maintenant, mes chroniques, articles, reviews de concerts, etc, tout sera publié ici. De plus, je pourrai parfois refaire des chroniques sur d’anciens albums, et aussi (enfin!) écrire sur des groupes autoproduits, sans m’éparpiller sur quatre blogs/sites différents.

Seulement, il me reste encore quelques choses à faire, et quelques défauts qui resteront. Le principal défaut, c’est la mise en forme. Certains posts ont été importés trois fois, et la mise en page (polices, taille, espacement) laisse parfois à désirer. Tout corriger prendrait vraiment, vraiment trop de temps. De plus, certains posts (les anciens de RetroMusicBox) étaient illustrés par un lecteur mp3, qui est maintenant inutilisable. Mais bon, ce n’est pas, je pense, bien important. Certains commentaires ont aussi été perdus.

Ce qu’il reste à faire : importer le reste des posts RetroMusicBox (une quarantaine, à copier/coller) ainsi que quelques chroniques écrites à droite et à gauche. Je vais aussi réfléchir à une meilleure gestion/description des catégories, ainsi que vérifier la cohérence de certains anciens posts. Et essayer de trouver le design/thème ultime.

Mais maintenant que tout est en place, à un seul endroit facilement identifiable, je vais pouvoir me concentrer sur ce que je fais depuis maintenant une quinzaine d’années, toujours en totale indépendance, et dans le plus parfait amateurisme.

Music Box 2.0 starts now.