Archives de catégorie : Music Box

Chroniques d’albums contemporains

Audioslave – Revelations

Un gros gâchis. Audioslave, soit Chris Cornell, ex-vocaliste de Soundgarden et les trois musiciens de feu Rage Against The Machine seront connus pour n’avoir jamais été qu’un gâchis, sortant trois albums indignes de leur talent et de leurs groupes précédents.
Un an à peine après le médiocre Out Of Exile, Revelations n’arrive pas vraiment à faire mieux. Cornell surchante et énerve, Tom Morello photocopie les effets sonores qu’il avait inventé pour Rage (oui, les regrets sont éternels. Zack, t’es où, gars?) alors que la section rythmique tient la baraque, mais ce n’est pas pour ça qu’on y rentrerait, dans la baraque.
Que dire d’autre? Que Cornell répète les refrains ad nauseam, comme s’il n’avait rien d’autre à dire, et qu’il faut carrément attendre le dernier morceau (Moth, fans de p2p) pour entendre quelque chose de valable.
Donc, les gars, reformez Soundgarden, Rage, Temple of the Dog (ça c’est une idée), ou partez en solo, mais arrêtez les frais. Merci.

Sonic Youth – Rather Ripped

Dernier album pour le légendaire label Geffen pour les non moins légendaires Sonic Youth, qu’on ne présente plus (ou si vous voulez, allez ici). Deux petites années après Sonic Nurse, Rather Ripped continue dans cette tendance qui voit le groupe s’essayer à des formats plus traditionnels, plus pop et moins avant-garde (la série SYR constituant leur plaine de jeux). En effet, la majorité des morceaux (écrits par Thurston Moore, mais chantés aussi par Kim Gordon) ont une qualité plutôt indie surannée, qui rappelle cette lointaine époque où l’on parlait encore de musique alternative (vous vous rappellez d’Alternative Nation, sur MTV, quand MTV passait encore des vidéos?).

Même si certains passages empruntent des chemins de traverses balisés par un mur du son très Youth, ils reviennent toujours à l’essentiel, à savoir les mélodies simples et efficaces, parfois même acoustiques. On peut alors remarquer facilement le grand talent et la maîtrise des musiciens, qui gèrent totalement et parfaitement l’espace sonore mis à leur disposition.

Excellent album, vraiment, et qui montre que même après une longue carrière, certains groupes pensent encore à la musique et à leur épanouissement plutôt qu’à l’argent facile gagné grâce à des albums sans cette identité (quoi, on remarque que j’écoute en ce moment le nouvel Audioslave, là?).

Les légendes ne meurent jamais.

Slayer – Christ Illusion

La carrière de Slayer, probablement le plus grand groupe de trash metal de tous les temps, compte déjà 23 années d’enregistrements, qui ont débuté avec l’album Show No Mercy, mais c’est surtout avec Reign In Blood, en 1986, que le groupe a écrit un long chapitre dans l’histoire du metal. Reign In Blood, 20 ans après, sonne toujours aussi extrême, que ce soit de par sa musique, violente et très rapide, que par ses paroles, hmmm, violentes. Au total, Slayer aura sorti neuf albums studio, qui comptent tous leurs morceaux de bravoure, sauf peut-être le dernier, God Hates Us All (2001) où le groupe marquait un certain temps d’arrêt.

C’est peut-être pour cela que le fidèle Dave Lombardo, sans aucun doute un des meilleurs batteurs metal de l’histoire, est revenu au bercail après plusieurs collaborations (dont le Fantômas de Mike Patton). Christ Illusion est tellement Slayer, limite stéréotypé : la pochette censurée aux USA (un Jésus en très mauvais état baignant dans une mer de sangs et de têtes connues décapitées), les paroles nécessairement anti-religieuses (Jihad, par exemple) ou sataniquettes (« I made my choice : 666 »), et évidemment la musique, qui n’est rien d’autre que ce que fait Slayer depuis des années.

Mais voilà : si ce n’est que ce que Slayer fait depuis des années, ce sont eux qui le font le mieux. Araya assène les slogans qui servent de paroles comme personne, le duo King/Hanneman envoie des riffs et des soli d’enfer (ha ha) alors que derrière les fûts, Dave Lombardo continue à écrire sa légende. Et même si Christ Illusion ne rejoindra pas Reign In Blood, ou South of Heaven, il s’installe confortablement au milieu de leur discographie. Forcément un des meilleurs albums métal de l’année, du aussi au fait que le genre ne se renouvelle pas trop ces derniers temps (ce qui me fait penser que le métal est sous représenté sur ce site, je vais y remédier).

Peeping Tom – Peeping Tom

Depuis la séparation de Faith No More, il y a déjà 8 ans, Mike Patton s’est éloigné de la musique pop, voire accessible. Mr Bungle, Fantômas, son album avec Kaada; son label Ipecac : on ne peut pas dire que Patton a cherché la facilité, ce qui lui a valu un respect inversément proportionnel au succès commercial.

Maintenant, Patton nous revient avec Peeping Tom, qui, de son propre aveu, est son projet pop, et comprend des morceaux qu’il aurait aimé entendre à la radio. Évidemment, Radio Patton n’est pas une radio ordinaire, comme cet album le démontre.

Le ton de Peeping Tom est assez électro, on pourrait même parler, si cela existant encore (quoique, vu que Portishead menace de revenir) de trip-hop. On n’est donc que peu surpris de retrouver Massive Attack, même si leur morceau, lardé de guitares distordues, ne sonne que très peu Bristol. Chaque morceau comporte donc un invité, mais cela n’empêche heureusement pas Patton de chanter. On ne l’avait d’ailleurs plus entendu si clairement depuis la fin de FNM. Ceci dit, cela reste expérimental, comme on le remarque dès le premier morceau, ou sa voix est brutalement interrompue par une batterie très Dave Lombardo.

Il est donc difficile de définir le son de Peeping Tom (left-field trip hip pop sonne trop ridicule), voire impossible lorsque l’on arrive au morceau avec Bebel Gilberto, qui commence en bossanova avant d’exploser en drum n bass après 45 secondes à peine. Plus loin, Norah Jones raconte une sombre histoire de vengeance conjugale, avant que We’re Not Alone clôture l’album en rappellant Faith No More (va-t-il quand même finir par le reformer?)


Peeping Tom est un album cohérent, non exempt de passages plus faibles, mais prouve que Patton sait encore faire autre chose que le bizarre. On attend donc impatiemment le volume 2, prévu pour 2007.