Archives de catégorie : Music Box

Chroniques d’albums contemporains

Vaux – Beyond Virtue Beyond Vice

Á l’origine, cet article a été publié en novembre, quelques jours après la sortie prévie de Beyond Virtue Beyond Vice. Malheureusement pour Vaux, la major pour qui ils venaient de signer ont carrément refusé de le sortir, pour des raisons bassement commerciales; le groupe ayant refusé de rendre leur son plus radio-friendly (le but étant d’en faire un enième groupe emo). Après de nombreuses péripéties légales, le groupe a décidé de sortir lui-même Beyond Virtue, Beyond Vice, dont voici ma critique, reprise presque telle quelle.

Le groupe a souvent été considéré, après leurs derniers albums – There Must Be A Way To Stop Them – et EP – Plague Music – comme une sorte de Radiohead hardcore (trois guitares, structures complexes, chanteur habité et reprise live de Myxomatosis, ça suffit), et même si on n’aime pas trop les étiquettes, c’est assez vrai.

Beyond Virtue Beyond Vice voit Vaux évoluer, compliquer sa musique tout en restant très puissant. On le remarque d’entrée, avec le violent Identity Theft et le single parfait, Are You With Me, mélodique et intense. La suite alterne entre force et douceur, généralement au sein du même morceau, lorgnant parfois vers le mathrock. Il est vrai que le chant se rapproche parfois trop de celui de Thom Yorke, mais on mettra plutôt cela sur le compte de l’intensité que du simple plagiat. De même, les trois guitares ne sont pas la (que) pour faire du bruit, mais créent une atmosphère inédite, originale et intéressante.

Vaux se promène souvent en terrain aventureux, ce qui aide à faire de BVBV un excellent album d’un excellent groupe, qui évolue tout en restant fidèles à ses principes (une fois de plus, trois guitares, ce n’est pas si courant).

Neil Young – Living With War

Autant commencer par les reproches. Oui, un protest album dans ces temps troublés, c’est nécessairement démago. Oui, Neil Young est Canadien, et se mêle donc de critiquer un président et un régime qui n’est pas celui de son pays.
Voilà, maintenant, on peut se concentrer sur Living With War, enregistré en neuf jours et gratuitement diffusé sur internet quelques jours avant sa sortie CD. Living With War est de plus le premier album électrique de Young, après ses dernières escapades folk Greendale et Prairie Wind.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Young n’y est pas allé dans la dentelle, thématiquement parlant. Attaque violente sur l’administration Bush, Living With War mériterait d’être cité entièrement. On se contentera de lire les titres : Living With War, Let’s Impeach The President, Flags Of Freedom ou encore Lookin’ For A Leader.
Young stigmatise la société américaine en générale, manipulée par le pouvoir via l’utilisation fallacieuse de la religion, du patriotisme, du capitalisme consumériste, et évidemment les mensonges et autres techniques utilisées par ceux qui contrôlent Bush, et qui ont crée la désastreuse situation irakienne actuelle. On pourrait critiquer les grosses ficelles utilisées, comme l’histoire d’un fils partant en guerre, mais on est clairement pas dans une situation appellant à la finesse.
Musicalement, Young utilise un son très dense, avec des guitares électriques denses et brutes, des cuivres organiques et un choeur gospel qui confirme l’impression d’urgence brute apportée par l’album.
Living With War est un album venant du coeur de Neil Young, qui peut être critiqué pour plusieurs choses (mais pas pour être Canadien, ça c’est stupide) mais qui a décidé d’agir, et de parler. Et en plus, Living With War est son meilleur album depuis des années, on peut donc qualifier cette expérience comme réussite totale. Dommage qu’on ne peut pas dire de même de l’administration Bush.

Therapy? – One Cure Fits All

Et de onze pour Therapy?. Ils n’ont évidemment plus rien à prouver depuis longtemps, ayant connu la gloire, puis la descente avant de se stabiliser maintenant avec une fanbase stable, et des album qui continuent à être très bons et variés.
Ceci dit, depuis le précédent album, Never Apologize Never Explain, on peut remarquer que le groupe revient à des sonorités plus heavy, assez grunge même, et One Cure Fits All assure à ce niveau, ceci dès le premier morceau (Sprung) et son riff infernal. Les morceaux ne perdent pas leur temps, et sont très straight to the point, sans trop de compromis. On regrettera juste peut-être que le groupe n’aura pas pris autant de risques que d’habitude avec cet album, qui, dans le classement de leurs meilleurs, se retrouvera sans doute dans la seconde moitié.

Le plus important finalement, est que Therapy? croit toujours en ce qu’ils font, contrairement à d’anciennes vieilles gloires du rock qui auraient mieux fait de raccrocher leurs guitares il y a bien longtemps. Andy Cairns continue à exprimer sa vision du monde via des paroles parfois sombres, mais toujours recherchées, alors que musicalement, on reste dans le très bon, puissant et très bien exécuté (notamment dans le jeu de batterie de Neil Cooper).

Une fois de plus, et c’est quand même assez rare, vivement le prochain.

Wolfmother – Wolfmother

Wolfmother remporte sans problème le prix des plus grosses couilles de l’année 2006. Parce que, vulgarité mise à part, il fallait oser. D’abord, la pochette de l’album. Storm Thorgerson étant sans doute trop cher, les Australiens se sont contenté d’un graphiste d’heroic fantasy. Ensuite, les titres. White Unicorn, Witchcraft, Where Eagles Have Been. Et enfin, la musique, straight out of 1972.

Contre toute attente, ça marche sans problèmes. Oui, le chanteur chante comme Robert Plant dans un mauvais jour. Oui, musicalement, on ne va pas plus loin que Black Sabbath, et certains morceaux sonnent même comme ces autres passéistes, The White Stripes. Mais musicalement, ça se tient, le jeu de guitare est parfois époustouflant, et paradoxablement, l’album apporte un vent de fraîcheur au paysage musical actuel.

Maintenant, fallait peut-être pas y mettre une flûte de pan, mais bon, on ne se refait pas… Album de l’été.