Archives de catégorie : Music Box

Chroniques d’albums contemporains

The Subways – Young For Eternity

Encore un petit hype (ça faisait longtemps: The Subways (où s’arrêteront-ils, dans les noms de groupe?), deux gars et une fille (la bassiste, par ailleurs copine du chanteur/guitariste), comparés, en vrac, à Nirvana, Oasis, The Vines, Von Bondies, et produits par Ian Broudie (ex-Lightning Seeds et depuis producteur full time des Zutons ou The Coral).

Leur premier single, Oh Yeah, est effectivement comparable aux Von Bondies (rock garage + backup vocals féminins) tandis que Rock’n Roll Queen ressemble par moments très fort à Aneurysm (avec des moments lyriques d’anthologie : « You are / so cool / You are so rock n roll »). De même, la voix fait penser aux débuts de Noel Gallagher croisée avec Brian Molko. En parlant de voix, la bassiste en a une absolument insupportable, on suppose donc qu’ils se sont bien trouvés… D’ailleurs, l’album, et avec lui le groupe, tiennent uniquement sur leur relation, et l’histoire a prouvé que ce genre de relation artistique fonctionne rarement sur la durée.

Young For Eternity est donc particulièrement sous influence, parfois ça marche et parfois moins… Comme il s’agit d’un premier album, on sera indulgent, mais il faudra qu’ils varient sérieusement leur vocabulaire musical, et qu’ils perdent cette mauvaise idée de mettre leur meilleur morceau en piste cachée. Beaucoup de bruit pour pas grand chose, on retourne écouter Nine Black Alps.

Pennywise – The Fuse

Pennywise est un groupe mythique de la scène punk hardcore californienne, loin des navrants Offspring (quoique leurs débuts étaient communs) et autres Simple Plan. Aux côtés de Rancid ou Bad Religion, le groupe a écrit les règles d’une musique sans concession, mais assez classique, tant au niveau musical (influences évidentes de Fugazi, Dead Kennedys, Refused) que thématique (mal-être social, politique, …). Ceci dit, on reste admiratif devant leur volonté et acharnement, on ne connaît que très peu de groupes qui sont toujours utiles et en pleine forme après 10 ans. Évidemment, ceux qui ne sont pas intéressés par cette musique ne changeront pas leur opinion (à tort, parce que la musique du groupe est plus variée qu’il n’y paraît), mais les autres dévoreront un album homogène, avec très peu de faiblesses, et qui se révèle être un de leurs tout meilleurs. Respect.

Transplants – Haunted Cities


Après le split (pardon, « hiatus de durée indéfinie ») de Blink-182, leur batteur Travis Barker doit bien se trouver quelque chose à faire pour se payer ses tatouages (quoiqu’il ne doit plus rester grand chose à tatouer). En attendant un éventuel second album de Box Car Racer, Barker a décroché un show à la The Osbournes sur MTV, et sort le second album des Transplants, où on retrouve aussi Tim Armstrong de Rancid. Haunted Cities continue le mélange peu harmonieux entre hip-hop et punk, en se payant les collaborations de Cypress Hill et de Boo Yaa Tribe, même si c’est la voix du chanteur Rob Aston qui domine, dans un ton faussement bourré mais vraiment bourrin.

Les riffs d’Armstrong sont assez faibles, et en général les compos sont lourdes et mal balancées, entre punk hardcore (Apocalypse Now) et gentil funk old school, reggae, ou ska. Ce qui fait qu’à certains moments, Sandinista! est la seule chose à laquelle on pense (Gangsters And Thugs), ce qui ne serait pas trop un problème si c’était mieux exécuté. Et les paroles varient entre le cliché et la très complaisante critique du gouvernement US (vu qu’une bonne partie du public potentiel se trouve/en revient/va aller en Irak, faut pas pousser non plus).

Reste quand même le cas Travis Barker, qui est un batteur absolument extraordinaire, à la technique parfaite et la rythmique exemplaire. Il faut l’entendre créer et jouer un rythme hip-hop que peu de boîtes à rythme pourraient émuler. Mais on sait ce qu’on doit faire d’un album uniquement valable pour le batteur…

Jamiroquai – Dynamite


Jason Kay est une des personnalités les plus haïssables du monde musical. Son goût pour la vitesse et le non-respect élémentaire du code de la route, ses apparitions mort bourré dans la presse people, couplé avec un groupe qui a tendance à faire n’importe quoi depuis quelques années ont causé ce mouvement sinon de rejet, au moins d’indifférence.

Depuis des débuts prometteurs, Jamiroquai a sombré dans un univers de musique facile pour auditeurs très peu exigeants, plagiant un peu partout (on a souvent parlé de la flagrante similitude avec Stevie Wonder). Leur 6ème album n’annonçait pas grand chose de positif pour le groupe préféré de Jamie Oliver, même s’ils ont pris plus de temps que d’habitude pour le mettre en boîte (5 ans). Eh bien, finalement, on est un peu surpris. L’élément le plus insupportable du groupe (la voix de Jay Kay) est modifiée, comme s’il avait décidé de varier un peu (quoique Protools est sans doute le principal responsable).

Le premier single Feels Just Like It Should fait donc penser à Deeper Underground, qui était sans doute leur dernier single valable. La basse est variée et dominatrice, ce qui n’était plus le cas depuis le départ de Stuart Zender (après Travelling Without Moving). Les morceaux plus dansants font un peu moins pute qu’avant, même s’ils sont toujours bien trop longs. Le groupe ose même des guitares fuzz dans Black Devil Car, un probable futur single. Sinon, à part quelques petites choses ingénieuses (une flûte, qui remplace le didgeridoo d’antan), on est très vite lassé.

Même si Dynamite est leur meilleur album depuis Travelling Without Moving, on est pas vraiment convaincu par un groupe qui n’existe que pour payer les grosses bagnoles de Jay, et accessoirement pour faire danser sur de la mauvaise musique.

Billy Corgan – TheFutureEmbrace

Cinq ans après la dissolution des Smashing Pumpkins, deux ans après le très moyen (pour être indulgent) Zwan, Billy Corgan sort son tout premier album solo, qui n’évite pas les clichés. Ceux de l’album solo (paroles introspectives, faiblesses des instruments différents de ceux joués habituellement, artiste nu en pochette et couverture) et ceux de Corgan lui-même (sa voix, même si elle semble parfois se transformer en Bee Gee, les licences orthographiques – Pretty Pretty STAR, thecameraeye, le titre de l’album – et les paroles pitoyables), ce qui fait de cet album un objet difficile à critiquer. D’autant que Corgan a effectué une promo remarquable, appelant publiquement les autres ex-membres des Pumpkins à se reformer.

Malgré tout cela, si on essaie d’écouter TFE plus ou moins objectivement, on trouve une collection assez hétérogène de morceaux vaguement shoegaze (des couches de guitares) et electro (synthés et boîtes à rythmes), avec parfois, quand on a de la chance, une mélodie (comme sur le très bon Mina Loy, miné par des paroles atroces). Billy Corgan invite Robert Smith sur une reprise des … Bee Gees (To Love Somebody), et s’essaie un peu plus loin à la comptine (Sorrow In Blue). Tout cela serait acceptable si le gros de l’album n’était pas fort artificiel, et assez semblable. Pas grand chose ne ressort d’un album qui tend à prouver que Corgan n’a plus grand chose à dire depuis longtemps, sans doute depuis Adore (dont se rapproche parfois TheFutureEmbrace, sans succès).

Même si les fans absolus de Corgan seront convaincus par le « génie absolu » du chauve de Chicago, les autres seront plus que dubitatifs, et le seront encore plus quand les Pumpkins se reformeront (parce que c’est pas avec cet album que Corgan va renflouer son compte en banque). Dommage, mais c’était prévisible.