Archives de catégorie : Music Box

Chroniques d’albums contemporains

Janet Jackson – Damita Jo

Le coup médiatique le plus raté du siècle… Flop total annoncé avant sa sortie, le nouvel album de Janet va terriblement souffrir des exhibitions mammaires de sa génitrice, mais peut-être plus encore de son contenu. C’est pas que l’album est intrinsèquement mauvais, quelques morceaux RnB Timbaland risquent de plaire, et certaines ballades ne sont pas foncièrement horribles. Mais le problème est que Damita Jo va un peu loin. Autant l’honnêteté de George Michael est touchante, autant on se fiche complètement de la vie sexuelle de Janet et encore plus de son île préférée, de ses sécrétions vaginales (Moist) et de la forme du même organe (une fraise, si vous voulez le savoir quand même). Prétentieux, voire risible, mais quand même meilleur qu’Invincible.

Soulfly – Prophecy

M’enfin, Max, maintenant, c’est vraiment plus drôle… Soulfly, le premier album, était très bon, dans la lignée de Roots. Les invités sauvaient encore Primitive. Mais après… Plus personne ne t’écoute, Max. Á force. Tes âneries chrétiennes pourries, la prochaine fois, garde les pour toi, merci. The New Millennium Is Here (‘Mars’)? Sans blague? Ca fait 3 ans. Enfin, bon, Max, visiblement, tu ne vis pas dans notre monde, excuse-nous si on ne vit pas dans le tien. Tu as encore changé ton groupe (ils avaient aussi honte, les autres?) pour prendre un ex-Ill Niño (ça le fait, sur une carte de visite, ex-Ill Niño…) et un ex-Megadeth (no comment…) ainsi qu’un musicien polonais, histoire de faire encore plus roots, si j’ai bien compris.

La musique? Recherche de la gloire passée, et expérimentations inutiles (une trompette maintenant, vivement la cornemuse, au moins on sait qui pourrait la jouer…), reprise de Helmet, et forcément l’habituel trip new age de clôture (Soulfly IV et Wings, carrément à vomir). Max, il n’y a PAS de prophète, ni de prophétie, et si tu es un ‘Born Again Anarchist’, alors je suis John Lennon. Arrête les frais, tu n’es plus qu’une honte pour les amateurs de vrai metal, et les ex-fans de Sepultura. Merci.

Aerosmith – Honkin’ on Bobo

Eh ben… Aerosmith, un des grands groupes de hard de l’histoire, qui retourne à ses racines… Après une décennie marquée par des hits FM calamiteux (Falling In Love, I Don’t Wanna Miss A Thing, …), le groupe de Steven Tyler et Joe Perry viennent de sortir un album très bon et très surprenant, puisqu’il s’agit d’un album 100% blues-rock comme on n’en fait plus, et comme peu de groupes sont capables d’en produire. Les musiciens du groupe assurent parfaitement, et Tyler montre qu’il est loin d’être un sous Mick Jagger.

Maintenant, tout cela n’a rien de révolutionnaire, mais bon, fallait quand même oser sortir un tel album, avec une seule ballade sirupeuse et insipide (5 de moins que d’habitude, donc). Reste à demander une tournée basée sur cet album, comprenant aussi des reprises RnR vintage, et rien de leur catalogue récent, mais ça c’est peut être beaucoup demander…

The Vines – Winning Days

Oscar Wilde disait, « le talent emprunte, et le génie vole ». Les Vines empruntent, et volent carrément, mais de génie il n’y en a point. Comme le premier album, Winning Days est un mélange de plagiats de Nirvana (couplet calme, refrain fort) et des Beatles, période psyché. Ca pourrait encore passer si le Vine en chef, le très instable Craig Nicholls, n’avait pas une des pires voix de l’histoire du rock (et oui, ça inclut Chad Nickelback). Musicalement, ce n’est vraiment pas original, ni même bien joué, mais bon, ça va. Mais les ballades sont à chier, limite mauvaise country. Aucune évolution depuis le premier album, on a même l’impression d’avoir déjà entendu certains morceaux. Et pire, le meilleur, Ride, commence par une intro pompée à BRMC. Un hype de trop.

George Michael – Patience

On a l’impression que George Michael a toujours été là, pourtant, Patience n’est que son quatrième album solo. Cinq ans après le jazzy Older, George revient chez Sony, son ex-ennemi juré, pour un album qui serait sa toute dernière sortie commerciale (il aurait l’intention de distribuer sa musique via Internet, contre donations à diverses oeuvres de charité). Patience est plus varié que Older mais aussi plus personnel : les textes sont tellement intimes que l’auditeur en est presque gêné de partager les différentes étapes de la vie d’un homme à l’honnèteté remarquable : son enfance, ses amours contrariées, son identité religieuse, tout est abordé, forcément sans tabou.

Musicalement, Patience est très produit, très poli : pas un son est incontrôlé, les morceaux sont hyper travaillés, rien n’est laissé au hasard. Dominé par les ballades classiques, cet opus comprend aussi quelques morceaux dansants dont le raffinement fait souvent penser aux meilleurs Pet Shop Boys (Amazing, et le plus que jamais d’actualité Shoot The Dog). Mais c’est encore et toujours cette voix qui enchante. On peut penser ce qu’on veut de George Michael, il est absolument indéniable qu’il a une voix magnifique, capable de transcender n’importe quelle composition médiocre (ce qui n’est pas le cas de Patience, ceci dit).

Forcément, Patience souffre du défaut de ses qualités, et on peut quand même être tout à fait indifférent vis à vis d’un album parfait en soi, mais qui n’apporte strictement rien au monde. Difficile à juger, impossible à haïr, Patience est un album paradoxalement intéressant.