Archives de catégorie : Chroniques

Travis – Singles

Compilation de singles pour les gentils écossais, qui n’ont jamais fait de mal à une mouche, et qui ne vont sans doute pas commencer. Leur premier single s’appelait All I Wanna Do Is Rock, et une dizaine d’année après, il n’ont toujours pas commencé. On retrouve ici pas mal de tubes anglo-saxons (qui sont passés plus inaperçus ici), comme Why Does It Always Rain On Me, Turn, Sing, et l’inédit Walking In The Sun. Appréciable à petite dose, si possible sur une scène de festival, gorgée de soleil, pendant cinq minutes. Mais sur disque, c’est presque aussi chiant que Norah Jones. Presque.

Death From Above 1979 – You’re A Woman, I’m A Machine

Hmmmm, un duo nord-américain avec un instrument majeur manquant, ça vous rappelle quelque chose ? Death From Above 1979 vient du Canada, et possède l’originalité de ne pas avoir de guitare, mais basse/batterie et parfois clavier. Contre toute attente, le résultat est détonnant. Les morceaux sont mus par une puissance rythmique apocalyptique, et profondément originale. La basse est utilisée comme rarement auparavant (même si l’ami Lemmy pourrait reconnaître deux-trois petites choses, comme l’intro de Going Steady), carrément comme nouvel instrument, tantôt simplement rythmique, tantôt comme lead, avec ou sans distortions sévères.

On passe du punk pur et simple (sans doute l’album d’essence punk le plus fort de l’année) à des morceaux plus dansants (Romantic Rights), et d’autres plus mélodiques, le tout servis par des paroles sarcastico-ironiques. Alors, bon, la comparaison inévitable avec les White Stripes peut être justifiée par une certaine simplicité des compositions, sinon, DFA1979 est bien plus vital que le duo de recyclage de Detroit. Violent, vital, viscéral, et obligatoire, un des albums de l’année, sans aucun doute.

Placebo – Once More With Feeling, Singles 1996-2004

Encore et toujours des compiles, et ça n’arrêtera pas d’ici Noël, pathétique, et à l’image de l’industrie du disque…Voici donc neuf ans de singles de Placebo repris ici : des débuts prometteurs (Nancy Boy, Teenage Angst), puis succès critique et commercial (Pure Morning, Without You I’m Nothing, Every You Every Me), et ensuite un déclin de plus en plus marqué (les albums Black Market Music et Sleeping With Ghosts) malgré quelques étincelles (Special K). Les deux inédits sont de bonne facture, sans plus. Le futur de Placebo n’est donc pas vraiment prometteur, mais ce best of permet de trouver le meilleur d’un bon groupe, mais quand même assez surévalué.

The Eighties Matchbox B-Line Disaster – The Royal Society

Le monde ne tombera jamais aux pieds de The Eighties Matchbox B-Line Disaster. Serait-ce à cause de leur nom ? De leurs paroles, disons, bizarres (l’album commence par « I Wanna fly like an eagle / I wanna sing like Sinatra / I got a date with destruction / I wanna love like a mother », et plus loin «What do we do with a boy like you / We put them in a pot and we throw them on the fire ») ? De la voix du chanteur Guy McKnight, la plus sombre depuis Peter Steele ?

Ou plus probablement, plus simplement leur talent. The Royal Society est leur deuxième album, et pousse leur rock n roll bizarre encore plus loin, mêlant rythmes boogie-rock (à la Eagles of Death Metal), stoner rock (le producteur Chris Goss est responsable des Desert Sessions et de Queens of the Stone Age), claviers des films d’horreur, et donc paroles tordues. L’impression s’en dégageant rappelle un peu celle obtenue en écoutant les Pixies à l’époque, à savoir quelque chose de nouveau, de génial, mais sans vraiment savoir pourquoi. Les mots ne suffisent donc pas, et l’écoute de cet album crucial s’impose. Tous ensemble pour finir, « Do you suffer from mennnnnnnntaaaaaaal »

John Frusciante – Inside of Emptiness

Six albums en six mois, c’est l’ambition de John Frusciante (guitariste des Red Hot Chili Peppers). Celui-ci est le quatrième de la série, et déjà le cinquième album de John cette année. On pourrait donc craindre l’overdose, ou un accès d’égocentrisme. Même s’il y a certainement un peu de ça, la qualité et la diversité des disques sont la pour défendre l’entreprise. Automatic Writing était sorti sous le nom d’Ataxia, collaboration avec Joe Lally de Fugazi, le dernier EP (DC) était produit par Ian MacKaye, des mêmes Fugazi et cet album est encore différent, et montre un côte moins expérimental que le carrément bizarre Shadows Collide With People.

On y retrouve le côté mélodique légendaire de John, avec des solos et riffs qui auraient pu trouver une place chez les Red Hot. John y ajoute une atmosphère beaucoup moins produite, plus brute. Enfin, sa voix n’est forcément pas aussi radio-friendly que celle d’Anthony Kiedis, mais elle sonne plus vraie, et carrément plus juste (ceux qui ont vu les RHCP live savent de quoi je parle…). Inside of Emptiness est peut-être le meilleur album de Frusciante à ce jour, et offre une alternative intéressant à son groupe, de plus en plus gentil et fatigué, et confirme s’il le fallait encore qu’il est clairement le génie des Red Hot, et un des meilleurs guitaristes actuels. Le prochain album, Sphere In The Heart of Darkness (5/6) sort dans à pleine 20 jours…