Archives de catégorie : Chroniques

Thrice + Vaux @ Ancienne Belgique, Bruxelles, 12 février 2004

Suite à un album absolument phénoménal (The Artist In The Ambulance), Thrice revient en Belgique pour un premier concert en salle, après une apparition très humide au dernier Pukkelpop. C’était le groupe assez peu connu Vaux (6 membres, dont 3 guitares!) qui était chargé d’ouvrir la soirée, et ils ont largement rempli leur mission avec une performance très énergique, même si un brin désordonnée. Leur premier album sort en mars et sera attendu dans ces colonnes. Ils ont terminé leur prestation par une reprise électroemo de Myxomatosis, de Radiohead.

Thrice, quand à eux, étaient attendu comme le messie par une grande partie du public (sold out depuis deux mois, d’ailleurs), très typé emo, d’ailleurs. Et eux non plus, ils n’ont pas déçu. Le concert était court (une petite heure), mais il n’aurait sans doute pas pu durer plus longtemps vu l’implication totale des 4 musiciens, dotés d’une énergie exceptionnelle (le chanteur avait parfois la voix coupée, le guitariste reprenant ses lignes à ces moments). Malgré cela, la composante mélodique qu’on retrouve dans les trois albums de Thrice (tous représentés ce soir) n’a pas été gâchée par le volume sonore inouï. Extremo, emocore, Thrice ne colle vraiment à aucune étiquette, et ils ont prouvé ce soir qu’ils pouvaient défendre un album superbe par un concert excellent.

Franz Ferdinand – Franz Ferdinand

Et voilà la nouvelle coqueluche du NME… Étiquette ô combien difficile à porter, et fatale à pas mal de groupes se révélant très moyens (Hives, Vines), oubliés (Campag Velocet) ou carrément inexistants (Terris??). Cette fois, comme The Strokes ou Kings of Leon, FF (d’après l’archiduc autrichien dont l’assassinat provoqua la Première Guerre Mondiale) est soutenu par un album vraiment excellent. Le cd éponyme s’inscrit certes dans la mouvance postpunkfunkdansant, mais fait preuve d’un réel talent d’écriture, de composition, et d’ambiance. Emmené par une voix très new wave et une atmosphère parfois assez libertine (Jacqueline, The Dark of the Matinee, Michael), FF sera un des meilleurs débuts de 2004, voire un des meilleurs albums tout court, et le single Take Me Out est tellement épidémique qu’on pense exterminer toutes les poules de Glasgow pour éviter la propagation…. Reste à voir le groupe sur scène, début mars au Bota (et au Pukkel?), mais sur disque, rien (de mal) à dire.

Probot – Probot

Depuis le temps qu’on l’attendait… Trois ans que Dave Grohl nous parle d’un projet metal, sans plus de précisions. Et voilà enfin l’album, et force est de constater qu’il est très impressionnant, pour plusieurs raisons. Tout d’abord, les compositions, très metal old school (trash, melodic, heavy…) sont d’excellente facture et prouvent que Dave n’est pas qu’un songwriter de rock poli à la Foo Fighters ; ensuite, la liste des chanteurs est impressionnante par leur qualité et leur réputation, plus que par leur notoriété (entre autres, les chanteurs de Venom, Cathedral, Mercyful Fate, Voivod, Corrosion of Conformity, mais aussi Max Cavalera et Lemmy, qu’on ne présente plus), enfin, le fait que tous les instruments (tous!) sont joués par le seul Dave Grohl (sauf quelques solos, dont un effectué par un revenant, Kim Thayil de Soundgarden) prouve l’immense talent de se dernier (et explique la longue durée de gestation de l’album).

Sans doute encore meilleur que celui de Iommi sorti il y a quelques années, ce cd est fantastique, mais uniquement pour les connaisseurs de ce genre de musique, aux antipodes du néo-metal.

The Coral – Nightfreak and the Sons of Becker

Trois ans et trois albums pour un groupe absolument hors norme : The Coral, 6 gars de Liverpool, 23 ans de moyenne d’âge, qui ont pris la presse musicale anglaise au dépourvu avec leurs deux premiers disques, pots pourris phénoménaux de 50 ans d’histoire du rock. The Coral et Magic and Medecine transpiraient le talent et la facilité, alliant mélodie et expérimentation pour en faire un produit fini assez indescriptible. Et voilà le digne successeur, plus long qu’un EP mais assez court pour un album (8 morceaux, 25 minutes),Nightfreak montre un côté (encore) plus aventureux mais toujours éclaboussé de cette classe et ce talent vraiment unique.

Les 8 morceaux sont tous intéressants mais on retiendra surtout l’apocalyptique Migraine (entendu en final de leur première partie de Blur l’an dernier), et e merveilleux Grey Harpoon, qui ne dépareillerait pas sur les meilleurs Beatles. Ce morceau est un excellent exemple du talent de Coral, la majorité des groupes tireraient la ligne mélodique en longueur, eux en font 2 minutes 30, pas plus… En fait, ils tueraient pour écrire Nightfreak.

Incubus – A Crow Left of the Murder

Incubus joue assez gros avec cet album, le 4ème déjà d’un groupe qui a éclaté aux yeux du grand public grâce au dernier album, Morning View (pas mauvais mais assez classique) et surtout grâce au torse du chanteur Brandon Boyd… Eh bien, un peu comme Blink-182 l’an dernier, Incubus réussit à surprendre avec un album d’excellente facture, d’une profondeur et d’une variété insoupçonnées chez le quintette californien. Emmené par l’imparable single Megalomaniac, A Crow Left Of The Murder continue sur d’excellents morceaux assez variés, et ne jouant pas outrageusement sur la puissance et le volume. La grande révélation est le guitariste Mike Einziger, dont la finesse sous-évaluée porte bien l’influence (revendiquée) de Björk et Massive Attack. On a donc des morceaux bien rythmés (Pistola), une ballade splendide (Southern Girl), ce qui est très rare, du post-punk bruitiste (Priceless), et une érudition lyriciste étonnante (Agoraphobia, et des citations de Philip K. Dick et George Orwell, entre autres). Peut-être un peu long, mais satisfaisant artistiquement de la part d’un groupe à la trajectoire vraiment étonnante.