Archives de catégorie : Chroniques

Placebo – Sleeping With Ghosts

Suivant une logique marketing aussi implacable que frustrante, Placebo (ou plutôt Virgin) ressort Sleeping With Ghosts avec un cd bonus comprenant 10 reprises.

On ne reparlera pas de la voix de Molko (ni de ses cheveux), on la connaît, mais plutôt d’un album (SWG) dont on n’a pas eu l’occasion de parler en ces colonnes. Sans atteindre le niveau de Without You I’m Nothing, l’album montre Placebo sous un bon jour, avec un accent mis sur les ballades et sur l’électronique (production de Jim Abbiss), même si les guitares sont toujours là (The Bitter End, Plasticine et l’excellent instrumental Bulletproof Cupid). Bon quatrième album, même s’ils ont un peu tendance à stagner.

Les reprises, quant à elles, sont presque toutes connues par les fans du groupe, issues de faces b ou de b.o. ; il n’y que deux inédits. Même si elles sont toutes intéressantes, on retiendra Running Down the Hill (Kate Bush), Jackie (Sinéad O’Connor), Johnny and Mary (Robert Palmer), The Ballad of Melody Nelson (en duo avec Asia Argento) ou encore, eh oui, Daddy Cool (Boney M). Intéressant, oui, mais pas transcendant.

Desert Sessions – Volumes 9 & 10

Les Desert Sessions sont une institution underground qui récoltent enfin l’attention qu’elles méritent suite au succès de Queens of the Stone Age, instigateurs des sessions. Elles consistent en des musiciens de talents, souvent différents, qui se réunissent pendant une semaine au fin fond du désert américain pour écrire, composer, jouer et enregistrer deux faces vinyl. Cette année, outre QOTSA (sans Nick Oliveri, dirait-on), les sessions ont accueilli Jeordie White (Marylin Manson, A Perfect Circle) et PJ Harvey. Il ne faut pas considérer ce projet comme un divertissement, quelques classiques de QOTSA proviennent de ces sessions. Cet album, donc les volumes 9 et 10, est plus varié qu’un album des Queens tout en en conservant la brillance. Les morceaux sont généralement très bons, ont tous une vie en eux, comme l’étrangement poppy I Wanna Make It with Chu (chanté, dirait-on, par Mark Lanegan) le violent Covered in Punk’s Blood, ou le single Crawl Home. Mais c’est la voix dérangée et effrayante de Polly Jean, accompagnée d’une simple guitare de feu de camp pour There Will Never Be a Better Time qui est sans doute le meilleur moment d’un album varié qui mérite toute notre attention. Le seul point négatif est peut être la fluctuation de la qualité vers la fin de l’album, mais cette qualité était peut-être impossible à atteindre durant un album entier. Mais ça, c’est chercher la petite bête dans les cheveux de Josh Homme, ce que je ne me risquerais pas à faire.

The Distillers – Coral Fang

The Distillers sont vite devenus la nouvelle sensation punk, et pas seulement pour leur musique. La chanteuse Brody Dalle était mariée avec Tim Armstrong, leader de Rancid et légende vivante du genre, avant de se faire surprendre par un paparazzo en train d’attraper la mononucléose de Josh Homme (Queens of the Stone Age). Cet acte lui a valu une haine phénoménale du milieu punk (et de Kelly Osbourne), et pas mal de publicité. Coral Fang est leur troisième album, le premier sur une major, et le plus poli. La voix déchirée de Brody (pensez Courtney Love dans 30 ans de cigarettes) est reconnaissable entre mille, et les compos donnent dans le punk old school, plus Rancid que Good Charlotte. Enfin, quoique. Les morceaux sont bien plus sages qu’avant, plus radio, et nettement moins violents. L’album reste d’excellente facture, mais on lui préférera les précédents (The Distillers et surtout Sing Sing Death House). Ceci dit, ça reste du vrai punk sans (trop de) concessions et le meilleur album du genre de l’année avec Indestructible de Rancid, ben tiens. Justement, on ne plaindra pas trop Armstrong, qui se consolerait dans les bras de Pink, pour qui il a coécrit un album.

Iggy Pop – Skull Ring

Comme son pote Bowie, Iggy continue à sortir des disques régulièrement, mais celui-ci était particulièrement attendu. En effet, Skull Ring voit la réunion de Mr James Ostenberg avec son groupe, The Stooges, avec qui il a écrit une des pages les plus importantes de l’histoire du punk. De plus, l’iguane s’est aussi fait aider par les deux générations suivantes, représentées par Green Day et Sum 41, qui co-écrivent trois morceaux. Pour le reste, Iggy est accompagné par son groupe actuel, The Trolls et y va de deux duos avec son pendant féminin, Peaches. Hélas, le total vaut moins que la somme des parties. Les Stooges ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes, et les titres de Green Day et Sum 41 ne cassent pas grand’chose. Iggy assure, mais sans trop y croire, nous non plus d’ailleurs. Reste quand même Peaches, dont le Motor Inn est bien crasseux et vicieux. Iggy devrait peut-être reprendre sa casquette de crooner, sous laquelle il nous avait gratifié d’un très bon Avenue B il y a quelques années.

Fun Lovin’ Criminals – Welcome to Poppy’s

Alors, est-ce les Fun Lovin’ Criminals restent le groupe le plus cool de New York, ou est-ce que les Strokes ont repris le flambeau ? En fait, même si les deux groupes proviennent bien de NYC, leurs deux univers sont très différents. Les FLC, aussi chefs d’entreprise (DiFontaine Inc., qui possède des cafés-restaurants, une compagnie de taxis, de camions à ordure et de détectives privés, sans blague) ont toujours joué la carte petite frappe Little Italy, parfois avec succès (voir le fameux clip tarantinesque de Scooby Snacks, leur premier hit), parfois moins (cet album). On dirait que le groupe réussit un album sur deux, et celui-ci est le quatrième… Après s’être écarté du son soul/hip-hop/funk/rock de leur excellent premier album, le groupe s’est enlisé avec 100% Columbian avant de repartir avec un son plus musclé avec Loco (et son clip très tongue-in-cheek). Cet album les voit tenter de reprendre le son roots des débuts, mais avec peu de succès. Même s’il comprend quelques bons moments, c’est indigne du début de leur carrière, et c’est vraiment dommage. Reste donc le premier album (Come Find Yourself) et leur best of, et surtout la scène, car ils sont un surprenant groupe live. Dommage quand même.