Archives de catégorie : Chroniques
Jeff Buckley – Grace (1994)
La carrière de Jeff Buckley fut courte. Un seul album, et une mort accidentelle (?) trois ans plus tard, alors qu’il venait juste d’atteindre la trentaine. On passera sur l’exploitation fort commerciale, pour être gentil, de sa discographie post-mortem (huit disques jusqu’ici) pour ne s’attarder que sur Grace, album important s’il en est, car il aura influencéé toute une série de chanteurs jusqu’à ce jour, le dernier en date étant le totalement toxique Mika.Grace, qui est sorti en plein boom alternatif, montre un chanteur exceptionnel, de la trempe des plus grands. Capable de passer d’un murmure inaudible à des aigus Mercuriens, il habite littéralement chaque morceau, des originaux Grace et Last Goodbye aux reprises Lilac Wine et Corpus Christi Carol, hymne du quinzième siècle. Il aurait pu être un vocaliste rock extraordinaire, et c’est finalement le seul reproche qu’on peut faire à Grace. C’est un album AOR, adult-oriented rock, qui ne prend pas de risques, et qui sonne très classique. En somme, des bonnes chansons, effectivement élevées par une prestation vocale hors du commun, mais qui restent relativement apprivoisées, à l’exception peut-être du Led Zeppien Eternal Life.
Reste que pour ne pas être ému par sa version d’Hallelujah, il faut être mort.
Hallelujah
Thurston – Trees Outside The Academy
Enregistré chez J Mascis, l’album ne comporte que peu de guitares bruyantes. En fait, le violon est l’instrument majeur sur quelques morceaux, joué avec une émotion palpable par Samara Lubelski. Moore ne fait parfois qu’accompagner avec sa guitare, toutefois toujours inimitable. Parfois, il pose sa voix, comme s’il venait se se souvenir vers la fin d’un morceau qu’il pouvait chanter aussi.
Honest James, duo avec Christina Carter (Charalambides) ne montre d’ailleurs ses voix qu’après quelques minutes, alors que le magistral morceau-titre, dédié à Ian Curtis, est lui carrément instrumental. Moore montre son talent, mais sans forcer du tout. L’album est personnel, mais accessible, beau et intense, complexe et simple. Mascis ne place qu’un seul solo, mais d’anthologie (The Shape Is In A Trance), car l’album n’est pas placé sous le signe de la virtuosité d’un musicien impressioniste mais pas professeur. D’autres guitaristes se voulant star devraient s’en inspirer.
Bon album discret avec un dernier morceau amusant, montrant l’intérêt précoce de Thurston Moore, 13 ans, pour le son en tant que tel. Il allait devenir un des musiciens les plus respectés du rock alternatif.
Green Day – Dookie (1994)
Comme dirait l’autre, putain, treize ans… Dookie était le premier album de Green Day sur une major, après le succès de deux albums indépendants. Ils se sont vu taxer (évidemment) de sellouts, ont vendu des millions d’albums et ont même connu une transformation stupéfiante 10 ans après, avec le succès d’American Idiot. Reste que Dookie est toujours leur meilleure vente, et un des albums phares du punk US, version pop.
Treize ans après, tout cela a certes vieilli, mais se laisse gentiment réécouter. On sourit aux paroles, qui traitent, évidemment, des soucis adolescents du public cible, et en fait, de Green Day eux-même, encore bien loin des duos avec U2. On apprécie les riffs, simples et efficaces et on se rend compte que malgré son nom stupide, Tré Cool est un excellent batteur punk.
Basket Case (évidemment), Welcome To Paradise, She, Longview sont autant d’hymnes générationnels, un peu surévalués mais tellement sympatiques. On est clairement du côté radio-friendly du punk, mais FOD envoie bien la sauce quand il le faut. Ceci dit, même si Dookie reste une référence, les trois albums suivants révèleront un groupe meilleur, et un talent de compositeur certain pour Billie Joe Armstrong.
Tout en espérant que le nouvel album sera moins boursouflé qu’American Idiot, on réécoutera Dookie pendant de longues années encore. Ce qui ne sera pas vraiment le cas de Chocolate Starfish And The Hot-Dog Flavoured Water, si?
Welcome to Paradise

