Poison The Well – I/III II/III III/III
Dananananaykroyd – Hey Everyone!
Noel Gallagher – The Dreams We Have As Children
Pour ceux qui n’ont pas suivi le Oasis pré-2000, voire les nouveaux fans (???), la setlist est intrigante. Un seul morceau date d’après 2000, on n’y retrouve au total que trois singles (dont une réinterprétation radicale) mais sept faces B et trois nouvelles reprises. Bref, un set list pour fans des débuts, particulièrement choyés. Le fait que ce sont de loin les meilleurs morceaux d’Oasis, et qu’en fait, il n’y manque pas grand chose est encore plus intéressant.
Noel commence donc par trois excellentes faces B ((It’s Good) To Be Free, Talk Tonight et Fade Away, qui ressemble toujours autant au Freedom de George Michael), suivi d’un Cast No Shadow bien sombre, avec cordes, et d’une nouvelle Bside, Half The World Away, repris en choeur par toute la salle. Quel autre artiste pourrait en dire autant? De manière assez amusante, The Importance of Being Idle (seul morceau récent) fait méchamment retomber l’ambiance, mais l’invité qui suit va inverser la tendance : Paul Weller, fidèle mentor de Gallagher, avec qui il reprendra All You Need Is Love et son propre Butterfly Collector. Rien de bien étonnant, mais c’est toujours chouette à entendre, à avoir tous ces morceaux au même endroit. Don’t Go Away et Listen Up sont réarrangés, de manière plus sombre, pour ressembler à un Masterplan étonnamment absent. Sad Song, bizarrement, est nettement moins sombre que la version orginale.
Déjà tout à fait honorable, le show va prendre de la hauteur avec le toujours émouvant Slide Away, la version « Ryan Adams » de Wonderwall et bien sûr, l’inévitable mega hit de Noel, Don’t Look Back In Anger. Seul faux pas du concert, sa reprise des Smiths, There Is A Light That Never Goes Out. Noel n’est pas Morrissey, l’intention était bonne, mais l’exécution déjà moins. Enfin, Married with Children complète le set comme il terminait Definitely Maybe, toujours aussi doucement stupide.
Cet album live est une bonne initiative (surtout que les bénéfices vont au Teenage Cancer Trust), et à le mérite de constituer une sorte de best of des non-hits d’Oasis, chantés par un type qui ne chante pas trop mal et qui est surtout nettement moins irritant. Sympa, donc.
Peter Doherty – Grace/Wastelands
Babyshambles, il faut bien le reconnaître, c’était pas terrible du tout. Un premier album calamiteux, un second juste meilleur. On ne ressortira de cette période que le magnifique Albion, mais le morceau était aussi vieux que What a Waster. Doherty devait donc s’en sortir, au risque de – littéralement – disparaître. Et il a trouvé une aide précieuse, auprès de quelqu’un à qui on ne le fait plus : Graham Coxon.
Coxon, aussi Londonien que Doherty, est passé par l’immense succès, l’adulation, et les abus de substances (plutôt alcool pour lui). Il pouvait donc aider Doherty, qu’il a vite qualifié de « scumbag magnet », à sortir du trou, tant musicalement qu’humainement. On ne saura jamais ce que Graham Coxon – l’être humain – a fait pour Peter, mais par contre, il a prêté ses talents de guitariste à onze morceaux sur douze. Et il a bien fait.
Doherty, comme dit plus haut, ne sera jamais un grand chanteur, il se complait d’ailleurs encore parfois dans cet espèce de murmure de sdf alcoolo dans un couloir de gare. Dommage, parce que quand on écoute ce qu’il dit, on se rend compte qu’il ne reste plus beaucoup d’auteurs de talent. Vous connaissez encore beaucoup de monde qui écrit des rimes enchâssées comme « my rival the sun / who ripens the plum », vous? Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les guitares de Coxon sont quasi toutes acoustiques (comme son prochain – et excellent – album solo, on en reparlera), ce qui accentue l’aspect « chanson ».
La majeure partie des morceaux sont assez simples d’accès, des chansons acoustico-romantiques, mais bien écrites et parfois vraiment touchantes : Salome, I Am The Rain comptent parmi les meilleurs morceaux écrits par Doherty. Mais il tente de surprendre, avec un Last of The English Roses formaté pour ressembler fort bizarrement à Gorillaz, ce qui ne marche pas trop bien. De même, l’obsession maladive de Doherty avec le classicisme british le pousse parfois à faire un peu n’importe quoi, comme le music hall douteux de Sweet By and By. Mais ces influences arrivent à pénétrer l’essence même d’autres morceaux, comme Arcady ou un poème de guerre appliqué en 2009, 1939 Returning.
Ce qui surprend surtout, c’est la solidité de l’album. On avait l’habitude d’avoir 3-4 morceaux valables par album de Babyshambles, ici tout se tient presque, on a même de très bons morceaux pour finir, dont Sheepskin Tearaway (encore un vieux morceau) avec Dot Allison, ou Broken Love Song, coécrit avec Wolfman (remember For Lovers?). Coxon se laisse parfois aller dans des paysages sonores parfois Sonic Youthiens (Palace of Bone, New Love Grows On Tree), mais l’ensemble reste étonnamment discret et d’autant plus impressionnant.
Il faut toutefois garder une certaine objectivité, ce n’est pas l’album du siècle non plus. Mais si Doherty continue à se ressaisir, à se montrer en concert (on ne parle plus de ses retards et annulations, maintenant qu’il n’y en a plus…) et à bien choisir ceux qui l’entourent, alors, il reste de l’espoir. Surtout que les Libertines vont probablement se reformer l’an prochain…