R.E.M. – Live

Étrangement, R.E.M. n’avait pas encore sorti d’album live officiel. Il était donc évident qu’en choisissant un concert (deux même) récent, de la tournée 05 Around The Sun, que le setlist allait créer quelques critiques. Mais R.E.M. l’a fait quand même, en sachant qu’on ne peut satisfaire tout le monde.

D’ailleurs, ils prennent tout le monde par surprise en commençant par I Took Your Name, extrait du malheureux et fort critiqué Monster, avant d’envoyer Everybody Hurts tôt dans le show. Michael Stipe vole la vedette, évidemment, et encore, on ne le voit pas. Par contre, il est dommage de voir les autres musiciens en retrait, surtout au niveau batterie. On sait que Bill Berry a quitté le groupe et n’a jamais été remplacé, mais une boîte à rythmes, ce n’est pas génial. Sinon, malgré ce côté parfois pilote automatique qui fait que R.E.M. ne sera jamais considéré comme une bête de scène, les morceaux tiennent tous seuls, même les récents comme Ascent Of Man ou Walk Unafraid. Sinon c’est évidemment hit sur hit, comme on peut le voir sur le setlist.

Losing My Religion finit le concert avant les rappels, et est assez embarassant, vu la réaction d’un public pas si connaisseur, qui n’a pas trop réagi à l’écoute des trois morceaux pré-Warner, dont l’immense The One I Love. Avant un final mémorable sur Man On The Moon, le groupe nous gratifie d’un chouette nouveau morceau, qui pourrait se retrouver sur le prochain album, attendu pour l’an prochain. Somme toute, Live est de bonne facture, mais est assez dispensable. Les fans ont déjà bien plus qu’un concert à écouter, les autres pourraient être modéréments intéressés. On prendra juste ça comme une raison de ne pas oublier le trio d’Athens avant son retour.

Radiohead – Kid A (2000)

Radiohead.kida.albumartDepuis que je m’intéresse au rock (au sens très large), ce qui doit faire une bonne douzaine d’années, j’ai pu en connaître, des groupes venir, partir, apparaître et disparaître. Des petits concerts qui allaient devenir grands (Muse devant 150 personnes), des grands qui ne l’auraient pas du (je ne sais pas ce que je foutais devant Jamiroquai au Flanders Expo, Saint Jimi, pardonne-moi), des albums de référence, des déceptions. Et Kid A. Replaçons-nous un peu dans le contexte.

On avait quitté Radiohead en 1997, suite à deux événements majeurs : OK Computer, et, dans la tournée qui a suivi un concert mémorable à Rock Werchter. Puis, secret et silence, jusqu’à l’annonce d’une tournée non sponsorisée, sans aucun album à vendre. Ils sont venus de nouveau à Werchter, mais sous chapiteau, pour ce qui fut une des expériences les plus surréelles de ma vie. Lors de ce concert, on a pu entendre quantité d’inédits, qui ne ressemblaient absolument pas à ce qu’on connaissait du groupe. Quelques semaines plus tard, la première partie de ces enregistrements voyait le jour.

Everything In Its Right Place avait déjà frappé tous les esprits lors des concerts, avec son intro traînante à l’orgue, et une fin qui part dans tous les sens : Jonny Greenwood samplant et manipulant en temps réel la voix de Thom Yorke. Déjà, après quelques minutes, on se retrouve déjà face à un des plus grands morceaux du groupe. Kid A, la "chanson" suit, est en fait une sorte de collage musical étrange, influencé par quelques terroristes des circuits imprimés à la Aphex Twin ou Squarepusher. Voix complètement sous acide, basse puissante, mais absence complète de structure reconnaissable, et de guitares. C’est ce qui avait choqué à l’époque : on savait Radiohead de nature expérimentale, mais de là à quasi virer les guitares, il fallait le faire…

The National Anthem tient debout grâce, comme souvent, à la basse de Colin Greenwood, et alors que le morceau semble somme toute assez classique, il se finit en free jazz complètement à la masse, avant que le cousin d’Exit Music (For A Film), How To Disappear Completely, montre pour la première fois qua la technologie peut aussi transporter des émotions. Optimistic foule un terrain déjà plus connu, avec, il semble, une guitare quelque part derrière. Mais le morceau en lui-même, et les percussions tribales font vite comprendre qu’on n’est plus vraiment avec le groupe de Creep…

Et que dire d’Idioteque, le morceau qui avait scotché tout le monde sur place en concert. Un immense beat techno, une manipulation sonore grandiose, des paroles typiquement parano et un autre grand moment. Le sombre Motion Picture Soundtrack clôt un album choquant, peut-être moins maintenant quand on connaît les trois albums qui ont suivi, mais Kid A reste toujours un monument, et LA référence en matière de réinvention sonore. Alors que des tonnes de groupes se revendiquaient de Radiohead, ils ont décidé de se réinventer, s’attirant un immense respect et élargissant leur audience.

 
Ceci dit, ce n’est pas tout. Car les sessions d’enregistrement ont été tellement fécondes, qu’un autre album allait très vite voir le jour. Radiohead n’a pas sorti un double album, pour bien marquer le coup entre les deux bêtes, et il est vrai que même si, comme de coutume, on peut trouver des points communs, Amnesiac ne ressemble à aucun autre album du groupe. Ce sera la prochaine étape.

Everything In Its Right Place

Idioteque

Radiohead – OK Computer (1997)

Radiohead.okcomputer.albumartOK Computer a tout juste dix ans, et plutôt que de perdre son temps en rééditions, Radiohead a préféré sorti un nouvel album, ce qui est une très bonne idée. D’ailleurs, pas besoin de réédition pour parler d’un des albums les plus importants, impressionants et influents des années 90. On ne le savait pas encore à l’époque, mais OK Computer marquait la transition entre le Radiohead post-grunge de Pablo Honey et The Bends vers le groupe aventureux de Kid A.

Fortement influencé par des artistes électro comme DJ Shadow, les morceaux de l’album comprennent tous des touches électroniques, parfois discrètes mais parfois cruciales, comme pour l’ouverture d’album Airbag, ou Paranoid Android, qui le suit. Á l’époque, on l’a comparé à Bohemian Rhapsody, par rapport aux différentes parties qui le composent. Mais la comparaison est faible, Paranoid Android est bien plus important, mais une fois de plus, les mots ne suffisent pas, il faut l’écouter, comme tout l’album, en fait.

Exit Music (For A Film) est un des morceaux les plus poignants jamais composés : le début nous empêcher de respirer, puis à 2"50, une basse vrombissante soulève le morceau avant que le final ne l’envoie dans des cieux rarement atteints. Une pure merveille alliant technique et émotion, comme l’etouffant Climbing Up The Walls, ou l’étourdissant No Surprises. Karma Police est un morceau simple, mais qui se termine par des bruitages étranges, comme un avant-goût de ce qui allait arriver ; de même, Electioneering rappelle les vieilles guitares en les mettant à jour.

C’est assez étrange d’évoquer OK Computer aujourd’hui. À l’époque, on louait son caractère innovant, mais maintenant, quand on voit l’oeuvre dans son ensemble, on voit que c’était une étape cruciale dans l’évolution de Radiohead. Pour réussir à réunir le meilleur des deux mondes, il sera peut-être toujours considéré comme leur meilleur, mais Radiohead est un groupe pour lequel la hiérarchie des albums n’a que très peu d’importance.

L’étape la plus importante restait à venir, et une des plus grandes surprises du rock contemporain. Kid A.

 

Paranoid Android

 

Exit Music (For A Film) 

Serj Tankian – Elect The Dead

Quand un musicien célèbre sort un album solo, c’est souvent pour faire autre chose quand dans son groupe, ou alors pour se faire plus de fric. Dans le cas de Serj Tankian, vocaliste et agitateur en chef de System Of A Down, c’est ni l’un ni l’autre. Il est peu probable que l’album se vendra par millions – même si certains morceaux sont très catchy – et il est bien plus proche de SOAD qu’il devrait. Ceci dit, il vaut largement la peine de s’y attarder.

Effectivement, au départ, on reconnaît bien le style : c’est du pur quiet/LOUD à la SOAD avec influences d’Europe de l’est, mais sans Daron Malakian, le guitariste/co-frontman. Ce qui a deux conséquences : d’abord, on ne l’entend plus chanter, ce qui avait (selon moi) sérieusement pourri le dernier double album du groupe ; mais malheureusement, on n’a plus son sens du riff et son jeu de guitare original qui avait justement fait de SOAD un groupe si intéressant.

En partant de ce double principe, on sait ce qu’on va avoir dans Elect The Dead, surtout si on imagine que Tankian en profite pour exprimer ses habituelles opinions politiques (The Unthinking Majority). On s’attendait peut-être à plus de surprise, comme un morceau calme de bout en bout (on aura juste le morceau final), et pas seulement le cabaret bizarre Lie Lie Lie.

Elect The Dead est un bon album, ceci dit. Brillamment exécuté (Tankian joue de tout, mais assisté de John Dolmayan, Brain Mantia et Ler LaLonde), il ne dépareille pas du tout à côté de la discographie de System Of A Down. On aurait peut-être simplement aimé un peu plus de nouveauté, mais on ne peut pas toujours être trop exigeant.

The Hives – The Black and White Album

Contrairement à d’autres groupes issus de la mouvance nu-rock du début des 00’s, The Hives prennent leur temps entre deux albums, et tentent de se diversifier sans complètement changer leur son. Le nouvel album y arrive, comme le précédent (au titre encore plus mauvais, d’ailleurs). Le début est assez traditionnel : Tick Tick Boom est très gimmick, mais terriblement efficace, exactement comme les cinq Suèdois.

Les tentatives de nouveautés ont entre autres été aidées par Pharrell Williams, qui a produit l’exubérant Well All Right ainsi que T.H.E.H.I.V.E.S., nettement plus dans le style Pharrell, avec falsetto et tout. Cela ne marche pas trop, mais au moins ils auront essayé, et ces morceaux ne représentent qu’une petite partie d’un album majoritairement composé de rock qui fait taper du pied.

Et mis à part quelques fillers, c’est exactement ce que The Black And White Album fait, rien de révolutionnaire, mais un album qui fait du bien par ou il passe. Mention spéciale au chanteur Howlin’ Pelle Almquist, dont la voix a bien évolué et est nettement moins irritante que dans le passé. It Won’t Be Long pourrait par ailleurs être un fameux tube. Un bon disque, pas le son du futur, mais on peut l’avoir ailleurs, donc ce n’est pas grave.

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