Pearl Jam Tour 07 : 2/4 Werchter

Commençons par un ordre chronologique renversé, donc par Werchter, vendredi 29 juin. Werchter, on le sait, est paumé en plein milieu de nulle part. Quand on arrive dans le périmètre de sécurité, on est content même s’il pleut : on y est. Mais on est déjà nettement moins content de payer QUINZE EUROS de parking, juste pour rester quelques heures dans un champ boueux. Apparemment, selon la gentille fille au pantalon tombant qui prit nos sous, le gouvernement flamand fixe le prix pour pousser les gens à prendre les transports en commun. Fort bien (en admettant que ce soit vrai), mais alors 1) il faudrait prévoir des trains en plus, parce que payer 75€ pour partir avant la tête d’affiche pour choper le train, c’est un peu con ; et 2) il faudra aussi rapprocher le terminal des navettes vers la gare de Leuven (si j’écris Louvain, je risque quelque chose aussi, ici?), qui est à plus de deux kilomètres (sic) de l’entrée du site.


Bref, tout ce qu’on aime chez nos amis de LiveNation. Schuur voor Premier! Allez, encore un petit truc marrant, Pearl Jam vend, lors de la tournée, des ponchos jaunes avec logo, assez sympa pour 5€. Le merchandising officiel a refusé d’en vendre, parce qu’ils vendaient déjà les leurs, noirs et très fragiles. Je ne parlerai même pas des tickets bouffe et boisson, juste des toilettes, qui à un moment ont été toutes fermées pour vidange (en même temps, re-sic), poussant les gens à pisser dans les éviers. Sex drugs and infections.
Bon, la musique alors. Pour moi, le programme était simple. J’étais là pour voir Pearl Jam et d’autres groupes sur la main stage, je ne comptais donc pas aller voir ailleurs, même si Lily Allen me tentait bien (et apparemment, j’ai eu tort de ne pas aller la voir). Mon premier concert fut Kings of Leon, dont je ne doutais absolument pas de leur talent, les ayant déjà vu trois fois auparavant. Je parlerai d’ailleurs plus lors du review sur Nijmegen. J’ai juste été surpris qu’Eddie Vedder était déjà là pour chanter sur le final Slow Night So Long, sept heures avant le début de Pearl Jam. Belle surprise.
Kaiser Chiefs étaient absolument monumentaux. Ils représentent Werchter à eux seuls, avec leur bruit gras indigeste et pourtant bouffé sans modération par le public de supermarché présent. Leurs morceaux se ressemblent tous, mais sont de plus excessivement mal joués, le tout étant délivré par Porcelet Ricky Wilson, qui ne chante pas mal, il ne sait juste pas chanter du tout. Donc il saute partout, dans le public, sur scène. C’est marrant mais complètement à chier.
Sans surprise, Bloc Party, c’était exactement l’inverse. Des bons morceaux, des très bon musiciens, un frontman charismatique qui commence enfin à affirmer sa personnalité, mais un endroit qui ne leur convenait pas du tout. Á part Banquet, leurs chansons ne pouvait pas être comprises dans une plaine si large, avec un son qui s’envolait sans contrôle. Ils auront quand même réussi à faire sortir un soleil qui ne quittera plus le site de la journée.
Le trio infernal final était ouvert par Queens Of The Stone Age, dont Josh Homme est maintenant le seul membre fondateur. Josh était clairement bien bourré, mais ça n’a pas empêché son groupe, dont le monstrueux batteur Joey Castillo, de massacrer les gentils fans des Killers et des autres conneries du lendemain à coups de If Only, Sick Sick Sick, No One Knows, une version assez improvisée de Feel Good Hit Of The Summer et surtout un final à tomber par terre, sur l’hymne stoner Song For The Dead. Trop court, malheureusement, mais totalement époustouflant.
Arctic Monkeys, quant à eux, n’ont pas besoin de faire grand chose sur scène. Alex Turner cache sa timidité par des private jokes incessantes et parfois énervantes (mais j’aimerais vous y voir, à 19 ans devant 60 000 personnes), mais le setlist et l’exécution époustouflantes valent tout l’or du monde. Les extraits des deux albums se suivent sans temps mort, et on jurerait entendre un set best of d’un groupe qui a quinze ans de carrière.
Enfin, Pearl Jam pouvait jouer à Werchter, après deux annulations (1993 et 2000). C’était la dernière date de la tournée, et même si la voix d’Eddie Vedder était un peu fatiguée, et que le groupe a du se satisfaire de 90 minutes au lieu des 2h15 habituelles (un dernier merci, Werchter!), ils ont livré une prestation terrible, tout en passion et en puissance. Le setlist alliait classiques (Go, Animal, Even Flow, Alive, Corduroy) à quelques raretés bien reçues (Once, Brain of J, Nothingman) et ont pu remercier leurs fidèles fans avec Smile et un final sur Baba O’Riley (The Who) avec un certain Josh Homme en guest. Pas le meilleur de mes quatre concerts, mais même leur plus mauvais concert reste tellement au dessus du reste que c’en est presque injuste. Dommage que je n’ai pu comparer avec Metallica, et leurs photocopies, certes parfaites, mais tellement… sans âme?
Ceci dit, je ne remettrai plus jamais les pieds à Werchter, sauf circonstance vraiment exceptionnelle.

Pearl Jam Tour 07 : 4/4 Nijmegen

Dernier article sur ma tournée PJ 07 (mais Werchter suivait le lendemain, chronologiquement parlant), le concert de Pearl Jam à Nijmegen se tenait dans un immense parc aménagé en festival, et qui accueillait plus de 50 000 personnes (plus que pour les Stones quelques jours auparavant).

Pearl Jam était accompagné de trois groupes, avec pour débuter le dernier groupe de Perry Farrell (Jane’s Addiction, Porno for Pyros) : Satellite Party.

Comme l’album, que je chroniquerai peut-être plus tard sur Music Box, le concert était sans génie mais assez sympa. On peut quand même se demander pourquoi la moitié du set était consacré à des reprises de Jane’s, mais bon. Mention spéciale au guitariste Nuno Bettancourt, qui s’est bien relevé de son ancien job chez Extreme, et à la choriste/danseuse Etty Lau Farrell, allumeuse d’une vulgarité assez extraordinaire, et épouse du chanteur, ceci expliquant cela.

Les excellents, non, fabuleux, Kings of Leon pouvaient entrer, et pendant 45 minutes ont gratifié le public d’extraits de leurs trois albums, dont le dernier et potentiel album de l’année, Because Of The Times. Aucun temps faible, même si on pourra toujours regretter le manque de charisme et de mouvement des musiciens. Le final sur Slow Night So Long verra un invité spécial chanter avec Caleb Followill : un certain Eddie Vedder.

Juste avant Pearl Jam, c’était le tour d’Incubus. Leur carrière discographique est passée d’un nu-metal habité à un rock nettement plus classique, inspiré par Police, entre autres. On s’attendait touefois à un set sautillant, on a eu une heure de morceaux lents et peu inspirés. Il est possible que la blessure à la main du guitariste soit la cause de cet heure ennuyeuse, il n’empêche que j’ai été très déçu. Et je ne voulais même pas spécialement entendre des vieux morceaux, juste autre chose que 50 minutes de ballades.

Evidemment, le meilleur groupe live au monde allait arranger tout ça, et même si, circonstances obligent, le set aura été plus classique qu’à Londres et Dusseldorf, le groupe aura livré une excellente prestation. Vedder s’est plaint à plusieurs reprises de la qualité de sa voix, maiselle ne l’aura pas empêché d’envoyer des Comatose, Blood ou Leash en fin de concert. Mention aux Wishlist et Nothingman rarement entendus, et au morceau solo anti-guerre de Vedder, No More.

Sans doute le moins bon des quatre concerts de PJ auxquels j’ai assisté, mais 1) cela reste immense et 2) l’angine qui me clouait à la barrière a sans doute influencé mon jugement.

Vidéos sur Youtube, photos un peu partout, merci Google.

Ceci conclut mes articles sur ma tournée 07, desquels je suis un peu déçu. En fait, je me suis rendu compte que je n’éprouve aucun intérêt à blogger, à raconter ma vie, à montrer des photos de je ne sais n’importe quelle connerie rencontrée en route. Donc, si vous trouvez que les articles sont emmerdants et inutiles, je vous comprends, et je ne recommencerai plus 😉

Pearl Jam Tour 07 : 3/4 Düsseldorf

Après un concert comme celui de Londres, où Pearl Jam a laissé tomber la majorité de ses classiques pour des raretés bien senties, on était en droit de se demander comme le groupe pouvait suivre un tel moment.

Comme on a été surpris…

Düsseldorf était peut-être encore plus dingue que Londres, avec un début typiquement calme (Sometimes) avant une explosion sonore monumentale (Whipping, le rare Brain of J, Do The Evolution, Insignificance) avant que le setlist prenne une allure légendaire (In Hiding, Sad, Inside Job, Breath et State Of Love and Trust de suite, I’m Open seulement joué pour la troisième fois en onze ans) pour se conclure avec Once et Life Wasted, qui enserrent dix-sept ans de carrière.

Les rappels allaient définitivement enfoncer le clou : un fan monte sur scène pour danser sur I Believe In Miracles, avant que Black et Alive ne terminent le premier rappel, enfin des morceaux connus par les spectateurs pas trop avertis.

Mais ce n’était pas fini : le second rappel verra, entre autres, le groupe prendre une demande émanant d’une superfan du premier rang, et joua l’ultrarareté Rats, avant de conclure sur les classiques Baba O’Riley et Yellow Ledbetter, comme toujours très chargé émotionnellement.

Définitivement le meilleur concert de ma vie, et j’en aurai fait, pourtant…

Des vidéos sont disponibles sur YouTube, malheureusement, il n’y a pas d’enregistrement audio à ce jour. Londres est disponible, par contre, de manière tout à fait libre et gratuite.

Smashing Pumpkins – Zeitgeist

Ce que Billy Corgan veut, Billy Corgan finit par l’obtenir. En 2005, pour promouvoir son très médiocre album solo, il publia une pleine page dans un quotidien US, appellant les Smashing Pumpkins à se reformer, car, disait-il, il voulait retrouver ses chansons, et son groupe. Mais en guise de groupe, Corgan a toujours presque tout fait seul, les deux premiers opus étaient d’ailleurs virtuellement des albums solo. Mais reformer le groupe avec seulement 50% des membres originaux, était-ce vraiment une bonne idée?

Ce n’est pas vraiment la question à se poser, tant l’importance de D’arcy Gretzky (et ensuite de Melissa Auf der Maur) et de James Iha dans la création artistique n’était limite qu’anecdotique : Corgan et le batteur Jimmy Chamberlin se suffisaient amplement. La vraie question est plutôt, après un dernier album officiel plus que moyen (MACHINA/The Machines Of God), un nouveau groupe foireux et foiré (Zwan) et le solo cité plus haut, pourquoi sortir un nouvel opus? Si ce n’est que pour l’argent, pourquoi ne pas suivre la voie Pixies, et juste jouer ce que les gens veulent? Au moins, on ne pourra pas reprocher à Corgan de se la jouer facile, si?

Eh bien si, finalement. Corgan s’est souvenu que le succès est arrivé dès qu’il a mis au point le son Pumpkins : des guitares saturées multi-trackées, une section rythmique assommante, une voix plaintive tantôt hurlante tantôt douce, et une tendance certaine à la prétention générale. C’est donc tout naturellement ce qu’il a voulu faire ici : la moitié de l’album est calquée sur la lourdeur (pas nécessairement un terme péjoratif) de Bullet With Butterfly Wings ou Zero, tandis que l’autre va plutôt voir du côté de Tonight Tonight et des ballades. Malheureusement, rien ici n’arrive à toucher, de près ou de loin, la grandeur passée.

Les morceaux heavy sont très, très heavy : de prime abord, on n’entend que la basse, puis les différentes couches de guitares, qui s’empilent les unes sur les autres, avant que la percussion de Chamberlin ne finisse de créer un terrible mur du son, plus entendu depuis… Siamese Dream, évidemment. Alors, même si on perd le caractère rassembleur de Today ou le riff monstrueux de Cherub Rock, on se laisse prendre au jeu : ce n’est pas si mal, même si les voix de Corgan semblent enregistrées depuis sa baignoire. Voix qui prennent souvent un caractère multiple, sans doute l’effet Roy Thomas Baker : co-producteur de l’album, son heure de gloire reste A Night At The Opera, de Queen. Efficace, certes, original (malgré tout, il n’y a que les Pumpkins pour faire cela), mais assez vite lassant. Surtout que les ballades sont assez mal fagotées, et pâtissent de paroles ridicules, d’effets sonores cheap et d’une prétention à toute épreuve. Le dernier morceau va même jusqu’à s’appeler, sans une once d’auto-parodie, Pomp and Circumstances, et sa guitare singe cette vieille branche cassée de Brian May.

Sortent du lot les morceaux hard, donc, Doomsday Clock, Seven Shades Of Black et le single parfait en soi Tarantula, mais aussi l’assez extraordinaire United States, neuf minutes dont sept inutiles, où Corgan et Chamberlin font du bruit accompagné de paroles inénarrables : « I wanna fight I wanna fight / Revoluuuuuuuuuuuution tonight / … Let me do something good ». On a une idée, là-dessus : stopper le solo de batterie. On laissera de côté le reste, sauf pour rire un peu, et se souvenir d’un temps plus clément.

Le comeback des Smashing Pumpkins sera sans doute réussi : après tout, l’album est sorti (allô, Axl?), et n’est pas foncièrement mauvais : juste dérivatif, au mieux, ou médiocre et peu inspiré, au pire. Il n’empêche qu’il ne sert à rien, que son titre est assez arnaque, que Corgan n’a absolument plus rien à dire et que Zeitgeist rejoint un catalogue qui commence à comprendre plus de moyen que de bon. Mais quand ils étaient bons, il étaient quand même vraiment excellents.

Velvet Revolver – Libertad


On en a déjà parlé maintes fois, les supergroupes, ça ne marche pas très souvent. On se souvient d’Audioslave, 3/4 Rage Against The Machine + Chris Cornell, et le retentissant échec qui en a découlé, ou le premier album de Velvet Revolver, trop mou dans l’ensemble. On est donc assez sceptique, surtout quand on sait que Libertad a été retardé maintes fois. Pour rappel, VR, c’est surtout trois ex-Guns ‘N Roses (ce qui fait de VR un groupe avec plus de membres de GNR que le GNR actuel) et Scott Weiland, imprévisible ex-frontman de Stone Temple Pilots. Pourtant, alors que j’étais prêt à consacrer autant de temps à cet album qu’au solo de Cornell (pas grand chose, donc), j’ai été vraiment plaisamment surpris, et ça n’arrive plus souvent.

Forcément, il ne faut pas s’attendre à un album qui va régler le réchauffement climatique, ce n’est pas le but. Mais Slash n’avait plus été aussi incisif dans ses riffs depuis longtemps, et Weiland, même si sa vie privée est toujours aussi chaotique (sans compter qu’il va finir par disparaïtre à force de maigrir) chante très juste, et semble nettement plus concentré que ces dernières années. Libertad semble le produit d’un vrai groupe, pas d’une somme d’individualités (ce qu’Audioslave n’a jamais été capable de faire), et un groupe qui joue avec plaisir donne du plaisir à ceux qui écoutent.

Les premiers morceaux de l’album sont simples, emmenés par un riff mémorable et sautillant, rien de novateur, mais on n’avait plus entendu ce genre de musique depuis longtemps, non plus : VR joue clairement la carte de la nostalgie. Et à quoi bon faire autre chose, autant faire ce qu’on fait bien, même si le tout semble ancré dans les années 90. Le gros défaut de Contraband était son trop plein de ballades, pas ici : non seulement, il y en a moins, mais en plus elles sont tout à fait acceptables, et pas mielleuses (j’ai le clip de November Rain dans la tête, là). Bon, la reprise d’ELO (Can’t Get It Out Of My Head) fait un peu limite, dans le genre musique de croisière, mais c’est vrai que ça colle bien dans le thème années 90.

La surprise agréable continue au fur et à mesure qu’on avance dans l’album, on était en droit de s’attendre à un milieu mou, mais même si American Man rappelle parfois cette vieille branche cassée de Lenny Kravitz, cela reste très bon, Mary Mary est automatiquement retenu par le subconscient, en grande partie grâce à Scott Weiland : c’est vraiment un plaisir de l’entendre de nouveau en forme. Les musiciens sont aussi très solides, et Slash n’exagère jamais au niveau solo, se mettant au service du groupe.

On parlera peut-être de Libertad comme le nouveau STP, et c’est vrai qu’il y a clairement des similitudes. Mais ce qui les plus impressionnant, c’est qu’il est un des meilleurs abums auxquels Slash et Scott Weiland ont participé. Et il y en a eu quelques uns. Enfin, tout album se terminant avec un morceau country caché mérite reconnaissance.

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