Seconde partie du top albums 2012 Music Box, avec les disques (enfin, si possible) placés entre les places 70 et 41. La prochaine partie nous emmènera aux portes du top 10, avant de terminer (plus ou moins) en beauté. Il y a des omissions et j’ai déjà envie de changer certains albums placés trop haut et inversement, mais bon, il fallait bien s’arrêter quelque part. Comme mentionné précédemment, un playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album disponible ainsi que d’autres morceaux qui m’ont marqué cette année.
70 The Evens – The Odds. Ian MacKaye et Amy Farina aiment les jeux de mots comme titres d’album mais aussi la musique sèche, minimale et intense. Deux voix, une guitare et une batterie en font un album qui sait ce qu’il veut, mais qui s’enferme peut-être dans un schéma restrictif. Mais c’est Ian MacKaye, il fait ce qu’il veut.
69 Mark Lanegan – Funeral Blues. Après des tonnes de collaborations généralement très réussies, Mark Lanegan sort son premier album solo en huit ans. Assez réussi, il surprend par sa variété et ses influences parfois improbables (Ode to Sad Disco porte bien son titre). Peut-être un peu long, Funeral Blues rappelle que Lanegan n’est pas que la voix à mi-temps de Gutter Twins ou à temps partiel de Soulsavers ou Queens of the Stone Age.
68 Future of the Left – The Plot Against Common Sense. Ou le moment où la musique est vraiment passée au second plan, derrière la plume acerbe d’Andy Falkous, les mélodies et rythmiques implacables derrière les titres des morceaux (Robocop 4 – Fuck Off Robocop, Sorry Dad I Was Late for The Riots). Pas que l’album soit mauvais, loin de là : il est puissant, intense et aussi dérangé que prévu, mais j’ai l’impression qu’ils sont un peu passé à côté. C’est peut-être pour cela qu’ils viennent de sortir un EP de cinq nouveaux morceaux. Ceci dit, il sera toujours difficile pour Falco de vivre dans l’ombre de son ancien groupe, ce qui est aussi malheureux qu’injuste.
67 Swearin’ – Swearin’. Punk lofi mélodique assez bordélique, souvent catchy et occasionnellement brillant. Les suspects habituels se retrouvent ici, Superchunk, Built to Spill, Dinosaur Jr, mais c’est la voix d’Allison Crutchfield qui confère à ces douze morceaux (dont un seul dépasse les trois minutes) une certain authenticité.
66 Gaz Coombes – Here Come the Bombs. Premier album solo pour l’ex-Supergrass, et essai réussi. Suffisamment différent du quatuor d’Oxford sans être aliénant, il confirme Coombes dans ses habits de songwriter anglais inventif et discret. On peut attendre encore un peu avant l’inévitable reformation.
65 Paul Weller – Sonik Kicks. Quand on vieillit, on s’écoute parler et on fait de la merde. Sauf Paul Weller, qui n’a jamais cessé de se remettre en question, et de bien s’entourer (Graham Coxon, Noel Gallagher). Bon, ok, il s’écoute parfois parler, mais avec suffisamment de talent.
64 Poliça – Give You The Ghost. Intéressant mélange entre R&B contemporain, electronica limite witch house et rock indé, le tout chanté sous vocoder par Channy Leaneagh et, pour deux morceaux, avec le Bon Iver Mike Noyce. Déroutant au départ, l’album se révèle attachant et étrangement intime.
63 Hot Water Music – Exister. Les maîtres du genre reviennent aux affaires, avec un album totalement digne de leur énorme influence. L’intensité de Chuck Ragan peut parfois fatiguer, mais on peut difficilement ne pas les admirer.
62 Jake Bugg – Jake Bugg. Totalement différent du paysage musical actuel, le très jeune Jake Bugg (18 ans) allie gouaille typiquement working class à la Liam Gallagher (et donc, une voix unique mais potentiellement irritante) à des étonnantes influences blues/country/folk. La suite de sa carrière sera très intéressante à suivre.
61 King Tuff – King Tuff. King Tuff est l’alias de Kyle Thomas, un autre dévôt du vieux rock ‘n roll, à classer dans la même catégorie que Ty Segall ou Jack White, même s’il est peut-être un peu moins frénétique que ses illustres condisciples. Sorti chez Sub Pop, King Tuff est parfait dans son genre.
60 Bat For Lashes – The Haunted Man. Presque aussi dépouillé que sa pochette, The Haunted Man voit Natasha Khan se concentrer sur l’intensité de ses morceaux, avec un accompagnement plus limité que dans le passé tout en restant varié et réfléchi. Mais paradoxalement, l’album manque un peu de personnalité. “Thank God I’m alive”, dit le premier morceau, Lillies. Je ne sais pas qui remercier, mais oui, merci.
59 Beach House – Bloom. Dream pop. Duo. Accords simples, jolie voix. Style over substance?
58 2:54 – 2:54. Nous renvoyant à une époque où “alternatif” voulait dire quelque chose, les soeurs Hannah et Colette Thurlow allient moments de fulgurante brillance à d’autres malheureusement plus oubliables. Mais ce n’est qu’un début.
57 St. Vincent & David Byrne – Love This Giant. Collaboration aussi inattendue que réussi, l’album montre des facettes des deux artistes qu’on ne connaissait même pas, comme s’ils se transcendaient mutuellement. Intéressant et très joli. Le talent d’Annie Clark n’a pas fini de faire user du clavier.
56 Pond – Beard Wives Denim. Premier des trois albums produits par Kevin Parker présents dans ce top 100, Beard Wives Denim est plutôt rock indé/garage teinté de psyché, ce qui est plus ou moins le contraire de Lonerism, qu’on retrouvera (beaucoup) plus haut.
55 Trash Talk – 119. L’EP Awake (2011) était devastateur, mais son successeur longue durée (enfin, façon de parler, en 22 minutes c’est plié) déçoit un peu, cul entre les deux chaises de l’accessibilité et le pur hardcore qui gueule et qui joue fort. Leurs collaborations tant musicales que commerciales avec Odd Future pourraient relancer un courant rapcore qui ne nous manque pas du tout.
54 Merchandise – Children of Desire. Beaucoup de groupes post-punk-no-wave-shoegaze-machin, cette année. Merchandise a une approche différente : leurs albums sont disponibles gratuitement sur leur site. Children of Desire ne comprend que six morceaux, dont deux dépassent les dix minutes, sans une seconde d’ennui mais des rythmes quasi tribaux, des mélodies lancinantes et un excellent vocaliste, aux inflexions proches de Morrissey.
53 Death Grips – The Money Store/No Love Deep Web. Placement groupé pour deux albums relativement similaire, même si NLDW va encore plus loin dans la folie. Avec une instrumentation cinglée mais pas autant que le MC, Death Grips est probablement le groupe le plus punk de l’année, tant sur la scène qu’en dehors, de vrais esprits libres.
52 Graham Coxon – A&E. Le monde de Graham Coxon ne semble pas avoir beaucoup changé depuis que son groupe principal a (un peu) repris du service. A&E revient à une veine plus expérimentale/bizarre après quelques albums assez classiques. Probablement libérateur pour l’extrêmement talentueux Coxon, mais l’album reste assez inégal. Ceci dit, Coxon est un des quelques génies en activité actuellement. Et ça doit être étrange d’en avoir deux dans le même groupe.
51 Converge – All You Love You Leave Behind. Apparemment le meilleur groupe hardcore dans tout le monde entier, moi je trouve qu’ils lorgnent un peu trop vers le metalcore. Mais c’est une démonstration de force très efficace.
50 Blood Red Shoes – In Time To Voices. Un des albums les plus frustrants de l’année. On sent, on sait que le duo Laura Mary Carter/Steven Ansell peut aller plus loin, plus fort et devenir un grand groupe. Ici, ils ne sont que très bons. La prochaine fois?
49 The Shins – Port of Morrow. Pop indé intelligente, parfois dansante et fun, parfois intime et raffinée. Excellent de bout en bout, mais peut-être parfois trop détaché.
48 White Lung – Sorry. Vingt minutes intense de punk efficace, avec les proportions parfaites de violence, vitesse, mélodie et attitude. Parfait, en attendant l’éventuel et improbable retour des Distillers.
47 Cat Power – Sun. Sun est le premier album de matériel original de Chan Marshall, alias Cat Power, en six ans, et fait évoluer ses folk songs mélodiques dans une ambiance résolument électronique. Cela surprend, mais on s’y fait très vite, Marshall réussissant une fois de plus à créer un univers très personnel, que ce soit à l’aide d’une boîte à rythmes, d’un piano ou d’une guitare acoustique. Peu d’auteurs / compositeurs / interprètes peuvent s’en targuer.
46 POS – We Don’t Even Live Here. Kendrick Lamar et les gars d’Odd Future sont peut-être les grandes stars de l’année, mais personne n’incarne l’esprit hip-hop indé mieux que POS. Collaborations avec Justin Vernon (et son autotune), une vision politique bienvenue et une production inventive, si seulement le hip-hop mainstream pouvait s’en inspirer.
45 Mission of Burma – Unsound. Avec celui de Dinosaur Jr., c’est certainement le comeback le plus réussi de notre époque. Non seulement ils ont réussi à composer du nouveau matériel pour ne pas tourner avec les mêmes vieux morceaux (hi, Pixies!), mais en plus, leurs albums post-reformation dont ce fantastique Unsound sont déjà deux fois plus nombreux que ceux de leur première carrière. 2012 fut une année faste pour eux, car ils ont également ressorti leurs deux premiers albums (cultes!) ainsi qu’une double compile d’introduction. Dissonant, puissant, sans compromis (notamment en ce qui concerne la production), Unsound n’a rien à envier à l’album qui leur a donné un statut de quasi-légende (et le titre du second album de Pearl Jam, d’ailleurs).
44 Spiritualized – Sweet Heart Sweet Light. Le septième album de J Spaceman m’a rendu assez perplexe. Parfois transcendant, parfois au bord de l’auto-parodie, il semble avoir un pied de chaque côte de la frontière de l’acceptable, entre beaux morceaux grandioses (Hey Jane, Too Late) et prières trop longues voire carrément chiantes (les deux derniers). Un album de Spiritualized, quoi.
43 Grizzly Bear – Shields. Trois ans après Veckatimest, ces habitués des classements de fin d’année s’y retrouvent forcément encore, grâce à leur rock indé léger, aérien, intelligent et facilement complexe.
42 Titus Andronicus – Local Business. Punk indé à influences prog ou le contraire, TA ne fait rien comme les autres et choisit des thèmes cinglés dans des morceaux qui ne le sont pas moins, empruntant parfois au punk à la Ramones, parfois au hard FM à la je-ne-citerai-personne. New Jersey oblige, on a même un hymne. Pas toujours réussi, mais quand ça l’est, c’est fantastique.
41 Amanda Palmer – Theatre Is Evil. Avec les controverses, le Kickstarter à 1,1 million de $ et Neil Gaiman, on en avait oublié la musique. On avait tort. Theatre Is Evil est la BO d’un spectacle burlesque inexistant et cinglé. Trop long, un mix trop in your face, avec des synthés trop Cure et Amanda “Fucking” Palmer trop partout en même temps, Theatre Is Evil est fascinant et unique.
Trente de plus dans quelques jours!