Ca ne doit pas être très drôle d’être Kelly Jones. Malgré le succès (en Angleterre), le pauvre Kelly est cible de moqueries incessantes de la part de la presse anglaise, autant dues à sa taille qu’aux mauvais albums sortis par son groupe. Kelly avait déjà riposté, mais la faiblesse pathétique de Mr Writer, titre dirigé contre un journaliste du NME coupable d’avoir deux oreilles en état de fonctionnement, enfonçait le clou. Le tout continue quand Kelly vire son ami d’enfance, le batteur Stuart Cable, pour des raisons douteuses. En 2005, après quatre albums (un bon, puis un décevant et deux carrément nazes, qui ont instauré le groupe comme un mauvais groupe pour accros de pub bourrés, et leurs mères), on n’attendait plus rien du groupe.
Et puis voilà. Language Sex Violence. Other? n’est pas seulement un meilleur album que les précédents, ni même leur meilleur, c’est carrément un excellent album de rock moderne.
Kelly ne gère plus sa colère contre des journalistes, il assène sa rage contre le monde entier, dans ses paroles (All I wanna do / Is make a mess out of you ou encore, You don’t know what it feels like / Meeting someone like you) et dans la musique, qui passe allégrement de rock tendance industrielle (Superman, où Kelly assume enfin son falsetto), limite heavy (Doorman, Devil), ou MC5 (Girl). Sa voix, qui auparavant pouvait être comparée à une chèvre bégayante, s’assimile maintenant à un Liam Gallagher qui auraient encore quelque chose à dire (ce qui n’est plus arrivé depuis … 96?), mais toutes ces comparaisons ne sont finalement pas satisfaisantes, l’album étant surprenant et très solide en soi, malgré quelques faiblesses.
L.S.V.O? sera peut-être un des meilleurs albums de l’année, et un come back critique fracassant (et celui de Garbage, le mois prochain, est assez solide aussi, comme quoi, tout arrive).