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Top 100 Albums 2013

Comme d’habitude, il y a certainement eu des oublis, des albums qui sont placés plus haut ou plus bas qu’ils ne devraient, mais j’avoue ne pas avoir accordé énormément d’attention à la précision du classement, le 91e pourrait être 23e et ainsi de suite. Une fois de plus, ce ne sont que mes albums préférés. Il y a beaucoup de listes comme celle-ci, mais celle-ci est la mienne.

La playlist Spotify reprenant un morceau de chaque album est à la fin (écoutez-la en lecture aléatoire, please), et n’hésitez pas non plus à aller écouter celle de MDEIMC, reprenant ses morceaux préférés de l’année, il n’y a rien à jeter. Let’s go.

100 Haust – No. Punk hargneux norvégien à riffs rendu amusant par mes recherches menant à www.haust.no.
99 Jagwar Ma – Howlin. Si les Stone Roses ne sortent jamais de troisième album, c’est leur faute.
98 Eisley – Currents. La famille DuPree switche (parfois) les guitares pour des rythmes plus dansants, tout en conservant les plus belles harmonies que vous entendrez cette année (Haim qui?)
97 Splashh – Comfort. Dans ce classement, il y aura quelques groupes qui auraient vraiment bien aimé qu’on soit en 1993 et pas en 2013 et qui ont un autel avec des photos de Kevin Shields et de J Mascis dessus. Voici le premier. Désolé (pas désolé, en fait) mais c’est mon classement.
96 Johnny Marr – The Messenger. Parce que c’est Johnny Fuckin Marr, c’est tout.
95 The History of Apple Pie – Out of View. Shoegaze pop adorable, juste arrivé quelques années trop tard pour Lost in Translation.
94 Bass Drum of Death. Guitare, batterie, garage.
93 Phoenix – Entertainment. Merci Daft Punk d’avoir sorti l’album la même année…
92 Public Service Broadcasting – Inform Entertain Educate. Curieux, intéressant, fascinant même si probablement éphémère. Ils me rappellent un peu The Avalanches en moins cinglé. C’est quand vous voulez, au fait, The Avalanches.
91 Camera Obscura – Desire Lines. Toujours là quand on en a besoin, toujours excellent.
90 I Is Another – I Is Another. Premier album/EP du duo Ian Love/Jonah Matranga, criminellement trop court.
89 Paul McCartney – New. On parle du retour de Bowie, mais New est le meilleur album de Macca depuis bien longtemps.
88 Touché Amoré – Is Survived By. Oui, c’est plus mélodique et moins intense qu’avant. Mais c’était le seul moyen.
87 Bad Religion – True North. Un des meilleurs albums de Bad Religion, et c’est le seizième. Si on me demandait par quoi commencer BR, je dirais True North.
86 Front Bottoms – Talon of the Hawk. Comme MDEIMC l’explique très bien, duo folk-dance-pop-punk, ce qui sonne bien mieux qu’il n’y paraît.
85 Potty Mouth – Hell Bent. Post-Riot Grrrl punk rock comme on n’en faisait plus. Cool.
84 Tegan & Sara – Heartthrob. Les sœurs Quin expérimentent avec des sonorités plus modernes sans sombrer dans la dance pop FM.
83 Milk Music – Cruising Your Illusion. Le successeur de l’incendiaire EP Beyond Living ne pouvait être qu’un ton en dessous, mais ce n’est quand même pas mal du tout, juste plus Neil Young que J Mascis.
82 Rival Schools – Found. Après avoir de nouveau perdu Ian Love, un des seize groupes de Walter Schreifels retrouve son fameux second album « perdu » et lui offre une véritable sortie.
81 California X. J’ai déjà parlé de J Mascis?
80 Purling Hiss – Water on Mars. Maintenant, on peut enfin parler de descendants de Nirvana plutôt que d’imitateurs. Parfait exemple de fuzz pop homogène.
79 Deap Vally – Sistrionix. White Stripes féministes revendicatrices, moins homogènes mais avec 100% de déclarations stupides en moins.
78 Mudhoney – Vanishing Point. Mudhoney = Sub Pop. Et avec eux, un album qui personnifie parfaitement ce qu’a toujours été Mudhoney. Pas leur plus expérimental, mais pas leur moins bon non plus.
77 Suede – Bloodsports. Des groupes qui se reforment et sortent un nouvel album, ce n’est pas si fréquent. Quand l’album en question soutient la comparaison avec le reste de leur discographie, c’est encore plus rare et mérite d’être souligné.
76 Drenge. J’imagine qu’on doit dire que c’est une sorte d’équivalent anglais des Black Keys, mais ça serait assez stupide, Drenge semble vraiment aimer leur musique pour ce qu’elle est.
75 Hunx and His Punx – Street Punk. Fun + punk + revendications sociales. What’s not to like?
74 Babyshambles – Sequel to the Prequel. Alors qu’on l’avait totalement oublié, Pete Doherty sort le meilleur album de Babyshambles et probablement son album le plus concentré. Pendant ce temps, il est où Carl? Il attend le coup de fil?
73 The Knife – Shaking the Habitual. Leur spectacle (plutôt que concert) aura bien fait parler de lui cette année, mais l’album qui l’accompagne n’est pas mal du tout, juste beaucoup trop long et trop bizarre. Mais est-ce que c’est vraiment une mauvaise chose?
72 Boards of Canada – Tomorrow’s Harvest. Détenteur du titre de buzz marketing de l’année jusqu’à Reflektor. Un album dense, riche, cinématique.
71 City and Colour – The Hurry and the Harm. Dallas Green, mélancolique à souhait. C’est beau, c’est triste, c’est nécessaire.
70 Jimmy Eat World – Damage. Finalement, ce n’est pas une mauvaise chose que Jimmy Eat World n’a jamais connu un énorme succès commercial : ils sont toujours excellents.
69 White Denim – Corsicana Lemonade. Rencontre du rock psyché 60s et du math rock, avec une touche de classic et southern.
68 Joanna Gruesome – Weird Sister. À cause de Google, il faut trouver des noms de groupe aussi percutants/pourris que possible. On en a un quelques uns cette année, mais aucun aussi amusant que ce combo gallois indie-punk éclectique. Et ça marche.
67 Pearl Jam – Lightning Bolt. Toujours capables de remplir des salles n’importe où en Europe en un clin d’œil, Pearl Jam sort son dixième album qui a l’infinie vertu d’être bien meilleur que le précédent.
66 David Bowie – The Next Day. L’immense buzz autour de sa sortie a probablement troublé la relative objectivité du jugement, mais The Next Day est quand même le meilleur Bowie depuis un certain temps.
65 Nine Inch Nails – Hesitation Marks. L’album le plus inégal de l’année?
64 Chelsea Light Moving. La meilleure manière de ne pas regretter Sonic Youth (voir aussi Body/Head).
63 Bleached – Ride Your Heart. Fuzzpop indé, deux soeurs, Haim qui?
62 Yo La Tengo – Fade. 45 minutes d’indiepop (trop) parfaite.
61 Yuck – Glow and Behold. Loin de couler le groupe, le départ du frontman Daniel Blumberg a modifié leur modus operandi en gagnant en textures ce qu’ils ont perdu en énergie.
60 Bored Nothing – Bored Nothing. Délicatesse indé, quelque part entre Pavement et Elliott Smith.
59 Palms – Palms. Isis + Deftones. Exactement.
58 Franz Ferdinand – Right Thoughts Right Words Right Action. Tentative relativement maladroite de se souvenir du premier album, mais avec des moments de brillance.
57 Diarrhea Planet – Rich Beyond Your Wildest Dreams. Folie furieuse avec plein de guitares.
56 The Men – New Moon. Chaque année, un nouvel album de The Men, et dans un autre style. Ici, les chansons de feu de camp et le rock n’ roll Springsteenesque. Je comprends rien à ces gens, mais ils sont forts, très forts.
55 The Strokes – Comedown Machine. Zéro promo pour un album que je n’attendais pas mais qui se révèle être bien plus intéressant qu’Angles. Le meilleur album sur lequel Casablancas a chanté cette année.
54 Daughter – If You Leave. Indiepop délicalement triste, tristement délicate, qui ne pouvait provenir que de chez 4AD.
53 Smith Westerns – Soft Will. Encore beaucoup de délicatesse pour un bel album. Le genre de groupe que l’on garde secret, rien que pour soi.
52 Wavves – Afraid of Heights. Il porte bien son titre, cet album.
51 Aye Nako – Unleash Yourself. Kathleen Hanna est responsable d’une certaine partie de ce top 100, et c’est pas fini (tip pour 2014 : Perfect Pussy). Punk rock 4 ever, etc
50 Sigur Rós – Kveikur. Apparemment leur album rock. C’est un album de Sigur Rós.
49 Kylesa – Ultraviolet. Les puristes n’aiment pas que Kylesa semble devenir « mainstream » Les puristes sont cons.
48 Pity Sex – Feast of Love. Shoegazy indie punk. Oui, encore.
47 Neko Case – The Worse Things Get… Le titre est bien plus long que ça, Fiona Apple-style, mais il est surtout excellent, frôlant la perfection dans la case singer-songwriter accessible. Et quelle voix…
46 The Wonder Years – The Greatest Generation. Les Menzingers de cette année. Punk rock intelligent et intense.
45 Mazzy Star – Seasons of Your Day. Rien n’a changé pour Mazzy Star, malgré le temps qui a bien passé autour d’eux. Ce qui donne une raison de plus pour s’y replonger.
44 Chvrches – The Bones of What You Believe. Pop music incontournable dans mon utopie.
43 Eleonor Friedberger – Personal Record. Personnel, oui mais aussi heureusement accessible et très bien écrit. Dans l’utopie mentionnée juste au-dessus, When I Knew = Get Lucky.
42 Superchunk – I Hate Music. Ouais, et moi je déteste ces vieux groupes qui sortent des albums qui insultent leur histoire.
41 Grant Hart – The Argument. L' »autre » ex-Hüsker Dü. Et un album très dense, qui part dans tout les sens mais qui ne cesse jamais d’être brillant.
40 The Bronx – The Bronx (IV). Putain de punk rock.
39 Pissed Jeans – Honeys. Putain de punk rock, l’autre côté de la pièce.
38 Los Campesinos! – No Blues. Pas de blues, non, plutôt l’écrasement de ce qui sert de coeur, lentement, douloureusement, délicieusement.
37  Ty Segall – Sleeper. Son Sea Change. Tellement brillant qu’on le prend comme acquis.
36 Détroit – Horizons. Bertrand Cantat (Noir Désir) et Pascal Humbert (Sparklehorse) chantent la misère et un rayon de soleil éphémère.
35 Motörhead – Aftershock. Ceux qui disent que Motörhead fait toujours la même chose n’ont jamais écouté Motörhead. Ceux qui écoutent Motörhead savent, même si ça dépasse l’entendement, que leur vingt-et-unième album est un de leurs meilleurs.
34 Cheatahs – Extended Plays. Oui, techniquement c’est une compile de deux EPs. Mais l’album n’a quand même plus dix ans à vivre, alors, autant tout célébrer. Notamment une autre excellente tranche d’indie shoegaze machin.
33 Merchandise – Totale Nite. D’ailleurs, en parlant de formats, on fait quoi de ça? 5 morceaux, mais une durée d’album (court, certes).  Un des espoirs de 2013 qui a choisi la voie très difficile, avec brio et suicide commercial.
32 Alkaline Trio – My Shame is True. Don’t call it a comeback, they’ve been there for years. Mais ça faisait longtemps quand même, un tel album.
31 Future of the Left – How to Stop Your Brain in an Accident. leur meilleur album à ce jour, et ça veut dire quelque chose.
30 These New Puritans – Field of Reeds. En fait l’album est bien meilleur que ça, mais je n’aime pas danser, encore moins sur de l’architecture.
29 Swearin’ – Surfing Strange. Altpunk, lofi, pédale fuzz, fille qui chante. Comme 20% de ce top 200, c’est chouette 🙂
28 Kurt Vile – Wakin on a Pretty Daze. Ou l’esthétique slacker poussé à son paroxysme, il n’a pas pensé à couper certains morceaux en deux ou en trois. C’est pas grave.
27 Best Coast – Fade Away. Grosse surprise pour moi, je ne m’y attendais pas mais Bethany et le type barbu ont sorti leur meilleur disque à ce jour. Techniquement un EP, mais voilà. Ma liste, etc.
26 Fuzz – Fuzz. Encore un petit tour pour Ty Segall, cette fois à la batterie. Plus stoner que grungy, toujours excellent.
25 Manic Street Preachers – Rewind the Film. Encore une grosse surprise, je n’écoute plus les Manics que par habitude, mais là ils sortent un album différent, roots sans être chiant, varié et plein d’espoir. Ils sortiraient un album post-punk en 2014, maintenant je les attends au tournant.
24 Janelle Monáe – The Electric Lady. Vous vous rappelez de l’utopie? Dedans, elle est Beyoncé.
23 FIDLAR – FIDLAR. Putain de punk rock.
22 Fuck Buttons – Slow Focus. Electro hautement imaginative et dérangeante.
21 Kanye West – Yeezus. Grosse prise de risque pour une superstar de ce calibre, inspiré autant par Death Grips (que j’ai honteusement oublié dans ce top 100) que par son invraisemblable mégalomanie. Mais l’album est complètement pourri par une misogynie crasse et inexcusable.
20 The Icarus Line – Slave Vows.  Post-hardcore et proto-punk, en même temps.
19 Iceage – You’re Nothing. Post-punk à couper au couteau, augmenté en cours d’année par un 7″ et le bouleversant projet parallèle Vär (un autre oubli)
18 The Julie Ruin – Run Fast. Kathleen Hanna reprend son alias, en fait un vrai groupe, ressort les guitares, garde les claviers, et rend heureux.
17 Speedy Ortiz – Major Arcana. La chanteuse Sadie Dupuis faisait partie d’un cover band de Pavement qui s’appelait Babement. Rien que pour ça, il faut écouter cet album.
16 The Thermals – Desperate Ground. Assaut punk rock direct, rageux et inspiré.
15 Surfer Blood – Pythons. Et dire qu’un jour, c’était la place de Weezer.
14 Waxahatchee – Cerulean Salt. Personnel, authentique, touchant et excellent, Katie Crutchfield oscille entre alt folk et fuzz rock pour faire vibrer tout ce qui peut encore vibrer. Elliott Smith n’est jamais très loin.
13 Nick Cave and The Bad Seeds – Push the Sky Away. Nick Cave me fait toujours peur, mais quel talent. Carrément un de ses tout meilleurs albums.
12 Thee Oh Sees – Floating Coffin. Punk, garage, psyché, etc etc. Rock.
11 The National – Trouble Will Find Me. Joie et bonne humeur toujours au rendez-vous, mais qu’est-ce que c’est beau.

10 Parquet Courts – Light Up Gold. Je ne sais pas si le comeback de Pavement en 2010 a eu une quelconque influence sur Parquet Courts, mais s’ils ont un descendant direct, ce sont eux.

09 Queens of the Stone Age – … Like Clockwork. Très injustement critiqué pour des raisons stupides (trop de « ballades », des guests invisibles, le Josh Homme show), … Like Clockwork est effectivement bien différent que, oh, Songs for the Deaf, mais si vous n’avez pas changé en dix ans, c’est votre problème, pas le leur.

08 Mikal Cronin – MKII. Autrefois connu comme bassiste du Ty Segall band, il devrait sortir de cette (fantastique) ombre grâce à un talent d’auteur/compositeur/multi-instrumentiste hors du commun.

07 Savages – Silence Yourself. Sérieux à faire passer The National pour Me First and the Gimme Gimmes, Savages allie intensité glaciale, rythmes no-wave et agenda socio-politique chargé.

06 Deafheaven – Sunbather. Un album post-genre, qui ne cherche pas la comparaison, et pour cause : une telle union de puissance sonore et mélodique n’a que rarement été produite auparavant.

05 John Grant – Pale Green Ghost. Des histoires sordides, glauques et autobiographiques qui initient l’ère du songwriter contemporain, qui utilise les outils électroniques avec la même évidence que la guitare acoustique. Et une voix extraordinaire.

04 My Bloody Valentine – mbv. La couleur de la pochette était un indice : Kevin Shields est le Docteur, voyage dans le temps et va chercher des sons du futur pour les mélanger avec ceux de son glorieux passé. Ce qui explique pourquoi il a fallu 22 ans pour que l’album sorte : pour Shields, seulement quelques mois se sont écoulés.

Reflektor

03 Arctic Monkeys – AM. Cinq albums, cinq réussites majeures. Celui-ci est plus introverti, plus contrôlé et sans la moindre seconde superflue.

02 Vampire Weekend – Modern Vampires of the City. On l’espérait plus ou moins secrètement et on l’a eu. Un album d’un grand raffinement et d’une extrême intelligence mélodique de la part du groupe indé le plus important au monde.

01 Arcade Fire – Reflektor. Parce qu’il est difficile de vraiment parler d’indé en ce qui concerne Arcade Fire, qui pourrait atteindre un jour le niveau de popularité U2. En attendant, profitons-en : dans ses excès de longueur et de densité, Reflektor est un album magique, presque sans temps mort, qui justifie à lui seul le concept d’album qui semblait voué à disparaître.


Playlist
Spotify de 93 morceaux / 6 heures ci-dessous, mode aléatoire très fortement recommandé. À l’année prochaine!

Novembre 2013

Les sorties, c’est plus ou moins fini pour 2013. On n’a maintenant presque plus que les ressorties et les compiles traditionnelles de Noël, et cela sera encore pire en décembre, qui sera quasi vierge de nouveautés. Ceci dit, quelques albums originaux vaguement importants sont quand même sortis en novembre, et on va en parler.

DétroitMon album du mois, c’est DétroitHorizons. Aucune envie de polémiquer, d’excuser, d’expliquer, je n’en ai pas envie et je ne m’en sens pas capable. Ce que je peux dire, par contre, c’est qu’Horizons est un album d’une infinie tristesse, d’une terrible désolation. Mis à part quelques rares saillies électriques pouvant rappeler Noir Désir, l’ambiance créée par Bertrand Cantat et Pascal Humblet est étouffante, intense et implacable de beauté triste. On pourra interpréter les paroles comme on voudra, mais pour moi, certains passages me semblent sans équivoque quant à leurs références : si Cantat ne pouvait pas parler de l' »affaire » (voire des affaires), les censeurs n’ont pas vraiment écouté l’album (mais je n’ai rien compris à ces histoires de chiens ninja).

Quoi d’autre en novembre? Tant que je parle d’un truc en français, j’ajoute le nouveau Guerilla Poubelle, qui a eu la lourde tâche de succéder à Punk=Existentialisme. Amor Fati n’est pas aussi puissant, mais comme les miracles se produisent rarement deux fois, on s’en contentera amplement. La nouvelle sensation alt-pop Lorde, néo-zélandaise alignant bien malgré elle les reviews truffés de clichés vaguement sexistes (« fraîche », « pas vulgaire », etc etc). J’espère pour elle qu’elle ne deviendra pas la nouvelle Lana Del Rey, ce qui serait vraiment dommage (Pure Heroine). Connan Mockasin, le chouchou des amateurs d’alt-pop (encore) luxuriante mais chantée par un homme, ce qui est *évidemment* nettement moins vulgaire, forcément. Bien, mais je trouve quand même que ça manque de substance. Mais pas autant que Jake Bugg, qui bat le fer tant qu’il est chaud en sortant déjà son second album, Shangri-La. Mais vu que le fer en question rappelle une période de la musique british heureusement oubliée, on l’oubliera aussi, le Jake. Le fait que je ne supporte pas sa voix n’aide pas, je le reconnais. Ah, et pour finir le c-c-c-combo breaker, il est produit par Rick Rubin. On retiendra aussi Swearin’ et Surfin Strange, superbe album du groupe de l’autre soeur Crutchfield, riyl : Waxahatchee. On reparlera des deux dans quelques semaines.

Vous vous rappelez de Lady Gaga? Il semble que son quart d’heure est déjà fini, Icare, le soleil, tout ça. D’autant plus dommage qu’Artpop est peut-être son meilleur album. Evidemment, il souffre de quelques fillers atroces, mais au moins la moitié de l’album est acceptable, ce qui est bien plus que le précédent (celui avec la pochette Judas Priest). Elle devrait se la jouer encore plus Bowie et fonder son Tin Machine, maintenant.

Et à part ça, compiles et ressorties, donc. The Next Day de Bowie avec des morceaux en plus et un remix de James Murphy, une compile extensive des excellents et très influents The Beta Band, un best of des nettement moins influents A Perfect Circle, une seconde compilation des passages des Beatles à la BBC (toujours aussi anecdotique, mais charmant) et c’est plus ou moins tout pour ce mois-ci. Ah oui, j’oubliais, un grand boxset très cher de Therapy? (The Gemil Box), avec leurs quatre premiers albums remasterisés, un livre, un dvd, une cassette et quatre disques remplis d’inédits. Je suis fauché, pensez à moi, merci.

J’ajoute quelques morceaux d’EP ou d’albums à venir dans la toute petite playlist Spotify, et la prochaine fois, je reviens avec mon top 100 des albums de l’année. Gros travail en perspective, parce que j’en ai quand même presque 200 sur ma liste même pas virtuelle. Who says rock is dead, etc etc.

Top albums 2012 : 70-41

Music Box 2012/2

Seconde partie du top albums 2012 Music Box, avec les disques (enfin, si possible) placés entre les places 70 et 41. La prochaine partie nous emmènera aux portes du top 10, avant de terminer (plus ou moins) en beauté. Il y a des omissions et j’ai déjà envie de changer certains albums placés trop haut et inversement, mais bon, il fallait bien s’arrêter quelque part. Comme mentionné précédemment, un playlist Spotify reprendra un extrait de chaque album disponible ainsi que d’autres morceaux qui m’ont marqué cette année.

70 The Evens – The Odds. Ian MacKaye et Amy Farina aiment les jeux de mots comme titres d’album mais aussi la musique sèche, minimale et intense. Deux voix, une guitare et une batterie en font un album qui sait ce qu’il veut, mais qui s’enferme peut-être dans un schéma restrictif. Mais c’est Ian MacKaye, il fait ce qu’il veut.

69 Mark Lanegan – Funeral Blues. Après des tonnes de collaborations généralement très réussies, Mark Lanegan sort son premier album solo en huit ans. Assez réussi, il surprend par sa variété et ses influences parfois improbables (Ode to Sad Disco porte bien son titre). Peut-être un peu long, Funeral Blues rappelle que Lanegan n’est pas que la voix à mi-temps de Gutter Twins ou à temps partiel de Soulsavers ou Queens of the Stone Age.

68 Future of the Left – The Plot Against Common Sense. Ou le moment où la musique est vraiment passée au second plan, derrière la plume acerbe d’Andy Falkous, les mélodies et rythmiques implacables derrière les titres des morceaux (Robocop 4 – Fuck Off Robocop, Sorry Dad I Was Late for The Riots). Pas que l’album soit mauvais, loin de là : il est puissant, intense et aussi dérangé que prévu, mais j’ai l’impression qu’ils sont un peu passé à côté. C’est peut-être pour cela qu’ils viennent de sortir un EP de cinq nouveaux morceaux. Ceci dit, il sera toujours difficile pour Falco de vivre dans l’ombre de son ancien groupe, ce qui est aussi malheureux qu’injuste.

67 Swearin’ – Swearin’. Punk lofi mélodique assez bordélique, souvent catchy et occasionnellement brillant. Les suspects habituels se retrouvent ici, Superchunk, Built to Spill, Dinosaur Jr, mais c’est la voix d’Allison Crutchfield qui confère à ces douze morceaux (dont un seul dépasse les trois minutes) une certain authenticité.

66 Gaz Coombes – Here Come the Bombs. Premier album solo pour l’ex-Supergrass, et essai réussi. Suffisamment différent du quatuor d’Oxford sans être aliénant, il confirme Coombes dans ses habits de songwriter anglais inventif et discret. On peut attendre encore un peu avant l’inévitable reformation.

65 Paul Weller – Sonik Kicks.  Quand on vieillit, on s’écoute parler et on fait de la merde. Sauf Paul Weller, qui n’a jamais cessé de se remettre en question, et de bien s’entourer (Graham Coxon, Noel Gallagher). Bon, ok, il s’écoute parfois parler, mais avec suffisamment de talent.

64 Poliça – Give You The Ghost. Intéressant mélange entre R&B contemporain, electronica limite witch house et rock indé, le tout chanté sous vocoder par Channy Leaneagh et, pour deux morceaux, avec le Bon Iver Mike Noyce. Déroutant au départ, l’album se révèle attachant et étrangement intime.

63 Hot Water Music – Exister. Les maîtres du genre reviennent aux affaires, avec un album totalement digne de leur énorme influence. L’intensité de Chuck Ragan peut parfois fatiguer, mais on peut difficilement ne pas les admirer.

62 Jake Bugg – Jake Bugg. Totalement différent du paysage musical actuel, le très jeune Jake Bugg (18 ans) allie gouaille typiquement working class à la Liam Gallagher (et donc, une voix unique mais potentiellement irritante) à des étonnantes influences blues/country/folk. La suite de sa carrière sera très intéressante à suivre.

61 King Tuff – King Tuff. King Tuff est l’alias de Kyle Thomas, un autre dévôt du vieux rock ‘n roll, à classer dans la même catégorie que Ty Segall ou Jack White, même s’il est peut-être un peu moins frénétique que ses illustres condisciples.  Sorti chez Sub Pop, King Tuff est parfait dans son genre.

60 Bat For Lashes – The Haunted Man. Presque aussi dépouillé que sa pochette, The Haunted Man voit Natasha Khan se concentrer sur l’intensité de ses morceaux, avec un accompagnement plus limité que dans le passé tout en restant varié et réfléchi. Mais paradoxalement, l’album manque un peu de personnalité. “Thank God I’m alive”, dit le premier morceau, Lillies. Je ne sais pas qui remercier, mais oui, merci.

59 Beach House – Bloom. Dream pop. Duo. Accords simples, jolie voix. Style over substance?

58 2:54 – 2:54. Nous renvoyant à une époque où “alternatif” voulait dire quelque chose, les soeurs Hannah et Colette Thurlow allient moments de fulgurante brillance à d’autres malheureusement plus oubliables. Mais ce n’est qu’un début.

57 St. Vincent & David Byrne – Love This Giant. Collaboration aussi inattendue que réussi, l’album montre des facettes des deux artistes qu’on ne connaissait même pas, comme s’ils se transcendaient mutuellement. Intéressant et très joli. Le talent d’Annie Clark n’a pas fini de faire user du clavier.

56 Pond – Beard Wives Denim. Premier des trois albums produits par Kevin Parker présents dans ce top 100, Beard Wives Denim est plutôt rock indé/garage teinté de psyché, ce qui est plus ou moins le contraire de Lonerism, qu’on retrouvera (beaucoup) plus haut.

55 Trash Talk – 119. L’EP Awake (2011) était devastateur, mais son successeur longue durée (enfin, façon de parler, en 22 minutes c’est plié) déçoit un peu, cul entre les deux chaises de l’accessibilité et le pur hardcore qui gueule et qui joue fort. Leurs collaborations tant musicales que commerciales avec Odd Future pourraient relancer un courant rapcore qui ne nous manque pas du tout.

54 Merchandise – Children of Desire. Beaucoup de groupes post-punk-no-wave-shoegaze-machin, cette année. Merchandise a une approche différente : leurs albums sont disponibles gratuitement sur leur site. Children of Desire ne comprend que six morceaux, dont deux dépassent les dix minutes, sans une seconde d’ennui mais des rythmes quasi tribaux, des mélodies lancinantes et un excellent vocaliste, aux inflexions proches de Morrissey.

53 Death Grips – The Money Store/No Love Deep Web. Placement groupé pour deux albums relativement similaire, même si NLDW va encore plus loin dans la folie. Avec une instrumentation cinglée mais pas autant que le MC, Death Grips est probablement le groupe le plus punk de l’année, tant sur la scène qu’en dehors, de vrais esprits libres.

52 Graham Coxon – A&E. Le monde de Graham Coxon ne semble pas avoir beaucoup changé depuis que son groupe principal a (un peu) repris du service. A&E revient à une veine plus expérimentale/bizarre après quelques albums assez classiques. Probablement libérateur pour l’extrêmement talentueux Coxon, mais l’album reste assez inégal. Ceci dit, Coxon est un des quelques génies en activité actuellement. Et ça doit être étrange d’en avoir deux dans le même groupe.

51 Converge – All You Love You Leave Behind. Apparemment le meilleur groupe hardcore dans tout le monde entier, moi je trouve qu’ils lorgnent un peu trop vers le metalcore. Mais c’est une démonstration de force très efficace.

50 Blood Red Shoes – In Time To Voices. Un des albums les plus frustrants de l’année. On sent, on sait que le duo Laura Mary Carter/Steven Ansell peut aller plus loin, plus fort et devenir un grand groupe. Ici, ils ne sont que très bons. La prochaine fois?

49 The Shins – Port of Morrow. Pop indé intelligente, parfois dansante et fun, parfois intime et raffinée. Excellent de bout en bout, mais peut-être parfois trop détaché.

48 White Lung – Sorry. Vingt minutes intense de punk efficace, avec les proportions parfaites de violence, vitesse, mélodie et attitude. Parfait, en attendant l’éventuel et improbable retour des Distillers.

47 Cat Power – Sun. Sun est le premier album de matériel original de Chan Marshall, alias Cat Power, en six ans, et fait évoluer ses folk songs mélodiques dans une ambiance résolument électronique. Cela surprend, mais on s’y fait très vite, Marshall réussissant une fois de plus à créer un univers très personnel, que ce soit à l’aide d’une boîte à rythmes, d’un piano ou d’une guitare acoustique. Peu d’auteurs / compositeurs / interprètes peuvent s’en targuer.

46 POS – We Don’t Even Live Here. Kendrick Lamar et les gars d’Odd Future sont peut-être les grandes stars de l’année, mais personne n’incarne l’esprit hip-hop indé mieux que POS. Collaborations avec Justin Vernon (et son autotune), une vision politique bienvenue et une production inventive, si seulement le hip-hop mainstream pouvait s’en inspirer.

45 Mission of Burma – Unsound. Avec celui de Dinosaur Jr., c’est certainement le comeback le plus réussi de notre époque. Non seulement ils ont réussi à composer du nouveau matériel pour ne pas tourner avec les mêmes vieux morceaux (hi, Pixies!), mais en plus, leurs albums post-reformation dont ce fantastique Unsound sont déjà deux fois plus nombreux que ceux de leur première carrière. 2012 fut une année faste pour eux, car ils ont également ressorti leurs deux premiers albums (cultes!) ainsi qu’une double compile d’introduction. Dissonant, puissant, sans compromis (notamment en ce qui concerne la production), Unsound n’a rien à envier à l’album qui leur a donné un statut de quasi-légende (et le titre du second album de Pearl Jam, d’ailleurs).

44 Spiritualized – Sweet Heart Sweet Light. Le septième album de J Spaceman m’a rendu assez perplexe. Parfois transcendant, parfois au bord de l’auto-parodie, il semble avoir un pied de chaque côte de la frontière de l’acceptable, entre beaux morceaux grandioses (Hey Jane, Too Late) et prières trop longues voire carrément chiantes (les deux derniers). Un album de Spiritualized, quoi.

43 Grizzly Bear – Shields. Trois ans après Veckatimest, ces habitués des classements de fin d’année s’y retrouvent forcément encore, grâce à leur rock indé léger, aérien, intelligent et facilement complexe.

42 Titus Andronicus – Local Business. Punk indé à influences prog ou le contraire, TA ne fait rien comme les autres et choisit des thèmes cinglés dans des morceaux qui ne le sont pas moins, empruntant parfois au punk à la Ramones, parfois au hard FM à la je-ne-citerai-personne. New Jersey oblige, on a même un hymne. Pas toujours réussi, mais quand ça l’est, c’est fantastique.

41 Amanda Palmer – Theatre Is Evil. Avec les controverses, le Kickstarter à 1,1 million de $ et Neil Gaiman, on en avait oublié la musique. On avait tort. Theatre Is Evil est la BO d’un spectacle burlesque inexistant et cinglé. Trop long, un mix trop in your face, avec des synthés trop Cure et Amanda “Fucking” Palmer trop partout en même temps, Theatre Is Evil est fascinant et unique.

Trente de plus dans quelques jours!