Troisième album studio pour le trio anglais, et si ce n’est pas celui qui les propulsera là où se trouve Coldplay maintenant, c’est à désespérer de tout.
Leur premier album, Showbiz, contenait de très bons moments (Sunburn, Muscle Museum, Uno, Unintended entres autres) mais avait catégorisé le chanteur/guitariste Matt Bellamy comme suiveur de Radiohead, comme Chris Martin (Coldplay) avant lui.
Leur deuxième album allait changer la donne. Origin of Symmetry était à la hauteur de leurs ambitions, grandiloquent et grandiose sans verser dans le prétentieux. Après cela, Muse sortait simultanément un DVD accompagné d’une BO sous forme de double CD (live et raretés) et surtout leur meilleur single à ce jour, le double Dead Star / In Your World.
Et puis ce troisième album. Longtemps appelé The Small Print(ce titre figure d’ailleurs sur l’album), il était censé refléter la part joyeuse de Muse, et leur côté Abba. Mais puis les rois du pétrole anglo-américains envahirent l’Irak, et Bellamy refléta son état d’esprit dans l’album, qu’il qualifia d’apocalyptique. Et il le renomma Absolution.
L’album commence par une courte intro réminiscente des claquements des bottes d’une armée anonyme, quelque part dans le monde. Quand cette intro se transforme en Apocalypse Please, on comprend que cet album serait chargé. Ce morceau, et par extension tout l’album, et lourd, puissant et fin en même temps, une fusion que seuls les plus grand sont capables de faire. Bellamy maîtrise sa voix, et ne sera plus jamais comparé à un clone de Thom Yorke. Il est pour cela accompagné du batteur Dom Howard et surtout de l’inventif bassiste Chris Wolstenholme, qui forment une des meilleures sections rythmiques actuelles.
Absolution apporte ce qui manquait à Origin of Symmetry : une concentration, et une sorte de retenue. Là où Symmetrypartait dans tous les sens, souvent à bonne fin d’ailleurs (Space Dementia est le meilleur exemple), cet album a un sens, un but. Et est de ce fait, beaucoup plus précis, plus dirigé.
L’album est aussi étonnamment varié : les morceaux évoluent, partent dans plusieurs directions mais sont toujours contrôlés par les trois musiciens, maîtres de leur art, comme Radiohead dans leurs meilleurs jours. Les influences sont là, étonnantes, dans le jeu de pianiste de Bellamy, classique, music-hall, flamenco (sans parler de sa guitare, le jeu le plus flamboyant depuis Brian May), Muse est une synthèse compacte du rock 2003.
Notons encore la puissance phénoménale de Stockholm Syndrome, le space rock de Hysteria (qui aurait peu, avec ses effets vocaux dingues, se retrouver sur Symmetry, c’est effectivement le morceau le plus vieux de l’album), et cette fin magistrale qu’est Ruled by Secrecy. Il n’y a pas un point faible sur tout l’album, à un tel point que c’est presque invraisemblable. Peut-être le meilleur album depuis Songs for the Deaf de Queens of the Stone Age, voire OK Computer, de Radiohead, il y a déjà 8 ans.